L'enfant maudit
INT. L'Enfant Maudit
Une BD de Laurent Galandon et Arno Monin chez Bamboo Édition (Grand Angle) - 2017
05/2017 (10 septembre 2017) 9782818943113 Format normal 310899
De toute sa vie Gabriel ne s'est jamais plaint. Il n'a jamais osé se poser de questions non plus. Qui étaient ses vrais parents, par exemple ? Pourquoi en 1945 a-t-il été adopté par un couple de paysans de la Creuse ? Pourquoi un flic le traite-t-il un jour de « rejeton de Boche » ? Pour Gabriel, il est temps d'explorer ses origines. En fouillant son histoire, l'« enfant maudit » va fouiller des épisodes obscurs de l'Histoire de France. Et d'ailleurs, en même temps que Gabriel, le pays entier se remet en question. Car ce moment, c'est mai 68...
Il y a dans les productions modernes quelque chose qui m'attire incontestablement et qui confirme le renouveau de la bd française réaliste. Le talent est quelque chose qui ne se commande pas. On peut dire que les auteurs qui nous avaient déjà impressionnés dans l'Envolée sauvage frappe encore une fois très fort. La maîtrise est aussi parfaite scénaristiquement que graphiquement. Il n'y a qu'à contempler la couverture pour percevoir le regard apeuré et triste de cet enfant maudit. On a tout de suite envie d'en savoir plus.
L'action se passe en mai 1968 au milieu d'une France qui se réveille et qui gronde entre barricades et manifestations. C'est dans ce tumulte qu'un jeune homme va se tourner vers son passé d'enfant adopté afin de connaître ses véritables origines. Cependant, il faudra se plonger dans les heures tristes de notre Histoire où l'on avait tondu à la Libération ces pauvres femmes qui avaient eu le malheur de s'amouracher de l'occupant nazi.
Un cadrage efficace, un trait précis, un scénario bien huilé: tout y est pour passer un agréable moment de lecture au rythme d'une aventure personnelle dans un contexte historique intéressant. Oui, ce récit émouvant et captivant est encore un coup de coeur !
Tous les ingrédients étaient présents pour passer un bon moment de lecture. A noter que le récit se concentre sur l’histoire des origines familiales de notre enfant maudit. Il n'y a pas de place à l’Histoire malgré le contexte de Mai 68.
J’avais deviné dans le premier volume qui était en réalité les parents de Gabriel. La réponse m’a été confirmée. Il est dommage d’avoir été privé de retrouvailles. Les chasseurs de nazi d’origine juive ne sont pas montrés sous leurs meilleurs aspects ce qui pourra faire grincer quelques mâchoires.
Sur le fond, les rebondissements sont bien orchestrés par le scénariste qui a maîtrisé son sujet. Certes, le second tome surprend par la direction prise mais cela ne déçoit pas. Le dessin m’est apparu comme très agréable. On va beaucoup voyager au travers de l’enquête menée et il n’y aura pas de temps mort.
Les enfants de mère française et père allemand ou autrichien ont été estimés à 200 000 pour l’hexagone. On parle peu souvent de leur souffrance. Avec cette bd, on est sensibilisé sur ce phénomène des enfants maudits.
Note Dessin : 4/5 – Note scénario : 4/5 – Note Globale : 4/5
Un album qu'on oublie pas.
Ce roman graphique est intéressant à lire par le sujet qu'il aborde et la manière dont il le traite. Pas simple d'aborder l'après-guerre et ses problèmes. On y trouve une histoire incroyable qui nous emmène dans un tourbillon et des personnages hyper travaillés.
C'est le troisième album scénarisé par Laurent Galandon que je lis. Il montre une grande amplitude de sujets entre L'appel, paru en 2016 et Hynos, en 2017.
Le dessin d'Arno Monin est moins léché que dans L'Adoption mais pas déplaisant pour autant. Seule reproche, j'aurais aimé une différence graphique plus nette entre les différentes époques.
Si vous aimez les albums de la collection Grand Angle, vous ne serez pas déçus.