Emkla
Une BD de Peggy Adam chez Atrabile (Ichor) - 2023
08/2023 (18 aout 2023) 152 pages 9782889231324 Autre format 480132
La jeune femme, à l'ombre des arbres et à l'écart du village, semble pensive ; elle ressasse, habitée par une envie de partir, de découvrir le monde, au-delà de la forêt et des montages environnantes. C'est la peur qui empêche les villageois d'explorer la forêt et de s'immiscer dans le monde sauvage, la peur d'Emkla, divinité vengeresse dont les lois régissent, entre autres choses, les rapports entre humains et non-humains. Alors, quand la loi n'est pas respectée, c'est mille fléaux qui s'abattent sur le petit village. Plutôt que vivre comme une... Lire la suite
C'est une BD un peu bizarre que voilà et qui pourtant se situait dans la liste des BD en lice pour le grand prix d'Angoulême de cette année ! On se situe dans un milieu typiquement montagnard et forestier avec un village qui élève des moutons qu'il convient de protéger contre les loups.
Il est question de célébrer une divinité à savoir Emkla afin de s'assurer de sa protection. Il convient alors pour les jeunes filles de ne surtout pas aller seule dans la forêt au risque de très mauvaises rencontres. Or, notre héroïne est plutôt du genre rebelle...
Le thème abordé est sans doute celui des superstitions qui se développe dans certains milieux isolés où l'on croit que si on accomplit une action interdite, le malheur va s'abattre sur toute la communauté. L'action défendue est en l’occurrence de ne pas pénétrer dans la forêt ce qui pourrait permettre de découvrir le monde. Réflexion toute personnelle : marre de ces religions qui interdisent !
Le dessin en aquarelle de Peggy Adams est assez naïf avec un côté enfantin alors que le propos est plutôt sombre. Il y a par contre une assez bonne utilisation des couleurs qui ont de l'effet sur le rendu à la fois expressif et dynamique.
Les dialogues m'ont paru assez monotones au départ avec un manque évident de subtilité. Il est vrai qu'on ne comprend pas grand-chose à ce qui se passe en se demandant si c'est réellement voulu par l'auteur. Par ailleurs, le récit peine à décoller dans sa première partie.
Plus on poursuit la lecture, plus on se rend compte à quel point, c'est décousu au niveau du scénario. Désolé de le dire ainsi. Le comble reste la fin ouverte et qui peut donner lieu à toutes les interprétations possibles. Bref, j'ai eu l'impression que l'autrice ne savait pas où elle allait ce qui m’apparaît pas comme satisfaisant.
En conclusion, pour moi une lecture dispensable même si ce titre était présent dans la sélection pour le festival d'Angoulême.
Une belle BD, quoique un peu tarabiscotée...
Le personnage central, une jeune femme à l'esprit d'aventure, doit cependant contenir son énergie face aux superstitions et autres a-priori des habitants de son village. Campé quelque part en Scandinavie, la vie y est rythmée par les saisons, le travail et les rituels animistes... Cyclique.
Emkla, Emkla... Ils n'ont que ce nom à la bouche. Jusqu'au jour où tout s'empire, se dérègle... Alors vient le moment du départ... Parfois, il n'y a pas trop le choix.
Je dois avouer que je n'ai pas tout compris. Une seconde lecture serait nécessaire pour mieux comprendre le message, assez poétique, de cette œuvre. Néanmoins, le scénario est rythmé et plein de surprises.
J'ai aimé certaines ambiances un peu magiques du livre, notamment les scènes avec les animaux, ou lorsque le personnage central escalade les grandes roches... D'une expressivité rare.
Le progressisme de cette œuvre est tout aussi évident, sans être stéréotypé : personnage féminin fort, végétarisme, société patriarcale, traditions qui semblent avoir perdu de leur sens, retour à la nature...
La mise en scène est réussie, avec de belles couleurs aquarellées, d'une tiédeur nordique. Par contre, j'ai été moins convaincu par les dessins. Le trait de Peggy Adam est fin, avec de belles rondeurs, assez féminin je dirais, mais il est aussi assez cassant, presque trop cinglant.
La divinité Emkla, qui s'incarne dans cette nuée d'oiseaux sur la couverture, m'a tout de suite fait penser à cet album de Valérian : Les oiseaux du maître, où les volatiles rendent fous ceux qui cherchent à s'opposer à leur dieu-maître.
Ici, comme dans Valérian, la divinité semble punir l'hubris des hommes et des femmes.
Peut-être est-ce une clé de lecture ? Ou peut-être que non...
Puisque la nature n'a pas de morale...
Et qu'Emkla n'a pas la même fortune.