L'École buissonnière
Une BD de Patrice Ordas et Alain Mounier chez Bamboo Édition (Grand Angle) - 2021
01/2021 (13 janvier 2021) 54 pages 9782818976128 Grand format 414641
Décembre 1943. Pour Jacques, François et Jean, le baccalauréat est en ligne de mire. Mais une altercation avec un soldat allemand va bouleverser le cours de leur vie. D'autant que les racines juives de Jacques le mettent maintenant en grand danger. Accompagnés de Colette, cousine de François, et avec ce sentiment qu'un étau se resserre inexorablement sur eux, ils fuient vers la Corrèze. Là-bas, leur seule échappatoire est d'intégrer le maquis, et de résister.
Encore une BD sur la résistance mais cette fois-ci pour nous dire qu'il y avait également des lycées qui l'ont rejoint pour défendre notre pays contre l'occupant allemand et la police de Vichy associé à ce régime hideux.
Le début va décrire une scène pour montrer que les nazis s'attaquait également à notre jeunesse au sortir des cours. Gare si la langue anglaise de l'ennemi était placée comme première langue avec la germanique. Cela m'a également rappelé comme l'anglais était également ma première langue non pas que je n'aime pas la langue de Goethe mais bon.
Bref, ces jeune sont du faire l'école buissonnière de 1943 à 1945 pour lutter pour la liberté. Ils ont pu néanmoins passer leur bac mais un élève manquait à l'appel car tous n'ont pas survécu aux camp de concentration.
Voilà pour la cadre de cette BD joliment dessinée qui raconte cette période difficile de l'Histoire de France qu'il convient de sans cesse rappeler à nos mémoires.
Paris. 14 décembre 1943.
A la sortie du lycée, la police française intercepte les étudiants et les oblige à montrer le contenu de leurs cartables. Tout est bon pour humilier ces jeunes gens pour les collabos qui servent avec zèle les nazis. Se contentant juste de ramasser dans la neige le livre d’un petit camarade jeté par le flic pourri, Jacques se voit contraint de décliner son identité. Petit souci, une des grands-mères de Jacques était juive… Cela ne sent pas bon pour lui.
Son compagnon François, invite alors ses deux grands amis, Jean et Jacques, à passer les vacances de Noël en Corrèze, dans le château familial. Loin de tout, l’endroit semble parfait pour se placer loin des projecteurs de la police collaborationniste, d’autant que le père de François est, non seulement un noble très respecté dans son coin, mais aussi une huile du gouvernement de Vichy. Voilà qui devrait leur assurer une certaine tranquillité. Petit souci, un de plus, Jean et Jacques n’ont pas d’ausweis pour quitter Paris ! Eh puis, Jacques ne voudrait pas abandonner sa mère, veuve de guerre. Quant à Jean, il sait que pour son père, ancien poilu, Noël en famille, c’est sacré. Jamais il ne consentira à ce que son fils s’absente à un tel moment de l’année. D’autant que le paternel trouve les soldats allemands éminemment respectables.
Pour se changer les idées, les trois garçons, accompagnés de la mignonne Colette, cousine de François, se rendent au Bois de Boulogne. Ils envisagent une petite balade en barque, mais lorsqu’ils s’apprêtent à monter dans la barque, un soldat allemand veut obliger Colette à monter en barque avec lui. Jean, qui est très amoureux de la jeune fille, repousse l’Allemand… qui tombe dans l’eau…
Critique :
Ils sont quatre. Comme les mousquetaires ! Sauf qu’ici, d’Artagnan serait une demoiselle. « Coco » pour les intimes, ou plutôt Colette pour l’état civil. Mais ne brûlons pas les étapes comme dirait Jeanne d’Arc (ce rappel historique vous est offert par les briquets ZIPPO). Suite à un incident malheureux, les quatre amis n’ont plus d’autre solution que d’aller respirer l’air pur de la Corrèze. La vie de château les y attend… Sauf qu’à la dernière minute, ils apprennent que le château du père de François est devenu un nid de « doryphores », d’Allemands quoi ! Il n’a même pas dû être réquisitionné, le père de François, en excellent partisan du régime vichyste, l’a lui-même mis à la disposition des boches.
Pour autant, les jeunes gens ne renoncent pas à la Corrèze. Ils n’ont pas tellement d’autre choix, sauf s’ils désirent goûter aux geôles de la Gestapo (française ou pas).
Ce qui pourrait n’être qu’un récit d’aventures de pure imagination repose sur des bribes de récits entendues par Patrice Ordas, malheureusement décédé le 9 décembre 2019. Ses personnages sont des ombres du passé douloureux de son père à qui il a voulu rendre vie et hommage. Et quel fabuleux hommage ! Il s’appuie sur les dessins et les couleurs d’Alain Mounier qui traite en peinture chacune des cases du récit la transformant en un vrai tableau.
Loin des héros mythiques, sans peur et sans reproche, nos personnages sont criants de vérité. Ni leurs qualités ni leurs défauts ne sont ignorés.
C’est un pur chef-d’œuvre qui devrait concerner un public bien plus large que les amateurs d’histoire.