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Dropsie Avenue, c'est une rue imaginaire nourrie des souvenirs d'enfance de Will Eisner à travers 4 siècles d'immigration durant lesquels Hollandais, Anglais, Irlandais, Juifs, Afro-Américains et Portugais ont construit l'identité américaine.
Nous suivons ici l'évolution d'un quartier en mutation permanente. L'auteur retrace la trajectoire sociale de la mythique avenue depuis 1870 alors qu'elle n'était qu'un vaste carrefour du Bronx délimité par quelques fermes.
Ce n'est pas une Amérique glorifiante que Will Eisner décrit mais celle qui souffre dans les rues miséreuses. Une vérité historique saisissante que cette survie en milieu urbain. C'est un véritable regard humaniste que pose l'auteur avec une sensibilité qui le caractérise. Le scénario semble s'effacer car ce qui compte c'est de découvrir l'évolution de ce quartier et ce qui forge son identité. L'auteur s'affranchit du format des cases: c'est d'une véritable audace graphique!
Cet album est le dernier d'une trilogie commencée en 1978 par Un Pacte avec Dieu. Suivra plus tard le combat existentiel d'un Jacob le Cafard. J'ai pris du plaisir à découvrir cette trilogie dressant le portrait d'une Amérique multiculturelle de la fin du XIXème siècle à nos jours. Vous également, vous le serez!
"Dropsie Avenue", dernier volume de la trilogie "eisnerienne" sur le Bronx, n'atteint pas tout-à-fait la perfection de certaines autres œuvres du maître comme, au hasard, "un Contrat avec Dieu" ou encore "l'Appel de l'Espace", sans doute parce que son sujet même - narrer la vie d'un quartier sur plus d'un siècle, plutôt que suivre le destin d'un ou de plusieurs individu(s) particuliers (même s'il ne manque pas ici de personnages dont la vie nous est narrée presque du début à la fin, lorsque cette vie se mêle intimement à celle de Dropsie Avenue, comme c'est le cas de l'avocat juif Gold) - empêche une véritable identification du lecteur aux "héros" du livre. C'est néanmoins par la pertinence de sa description de la construction de l'Amérique, couche d'immigrants après couche d'immigrants, que "Dropsie Avenue" gagne le statut de lecture indispensable en 2016, alors que la question de l'intégration et de la cohabitation entre cultures différentes et mœurs conflictuels est certainement l'une des plus essentielles à la survie de nos civilisations. Eisner est tout sauf un moraliste (son propos ici pourrait d'ailleurs être assimilé à celui d'un théoricien de l'urbanisme), et il ne dissimule aucune tare de l'être humain, aucune abjection à laquelle se livrent des personnages souvent corrompus jusqu'à la moelle : chez Eisner, l'homme est mauvais, le bon est impitoyablement écrasé, et tout finira forcément mal, comme l'illustre la dégradation interminable - pourtant évitable, on le voit bien - de ce quartier livré régulièrement à des scènes de haine et de violence inter-confessionnelles ou inter-raciales. Pourtant, point de nihilisme, point de désespoir, mais une sorte d'admiration devant l'énergie et la résilience de l'être humain, aussi haïssable ou au contraire naïf soit-il, qui rend la fin du livre particulièrement émouvante. Oui, "Dropsie Avenue" a été finalement rasée, puis remplacée par une utopie qui fera long feu... mais la société constituée tant bien que mal par ces groupes ethniques "inassimilables" a fini par fonctionner. Et plus important sans doute, des enfants ont grandi, des hommes et des femmes se sont aimées, des familles ont vécu ici. Ce beau livre en témoigne.
Dropsie Avenue, c'est une rue imaginaire nourrie des souvenirs d'enfance de Will Eisner à travers 4 siècles d'immigration durant lesquels Hollandais, Anglais, Irlandais, Juifs, Afro-Américains et Portugais ont construit l'identité américaine.
Nous suivons ici l'évolution d'un quartier en mutation permanente. L'auteur retrace la trajectoire sociale de la mythique avenue depuis 1870 alors qu'elle n'était qu'un vaste carrefour du Bronx délimité par quelques fermes.
Ce n'est pas une Amérique glorifiante que Will Eisner décrit mais celle qui souffre dans les rues miséreuses. Une vérité historique saisissante que cette survie en milieu urbain. C'est un véritable regard humaniste que pose l'auteur avec une sensibilité qui le caractérise. Le scénario semble s'effacer car ce qui compte c'est de découvrir l'évolution de ce quartier et ce qui forge son identité. L'auteur s'affranchit du format des cases: c'est d'une véritable audace graphique!
Cet album est le dernier d'une trilogie commencée en 1978 par Un Pacte avec Dieu. Suivra plus tard le combat existentiel d'un Jacob le Cafard. J'ai pris du plaisir à découvrir cette trilogie dressant le portrait d'une Amérique multiculturelle de la fin du XIXème siècle à nos jours. Vous également, vous le serez!
Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 4/5
"Dropsie Avenue", dernier volume de la trilogie "eisnerienne" sur le Bronx, n'atteint pas tout-à-fait la perfection de certaines autres œuvres du maître comme, au hasard, "un Contrat avec Dieu" ou encore "l'Appel de l'Espace", sans doute parce que son sujet même - narrer la vie d'un quartier sur plus d'un siècle, plutôt que suivre le destin d'un ou de plusieurs individu(s) particuliers (même s'il ne manque pas ici de personnages dont la vie nous est narrée presque du début à la fin, lorsque cette vie se mêle intimement à celle de Dropsie Avenue, comme c'est le cas de l'avocat juif Gold) - empêche une véritable identification du lecteur aux "héros" du livre. C'est néanmoins par la pertinence de sa description de la construction de l'Amérique, couche d'immigrants après couche d'immigrants, que "Dropsie Avenue" gagne le statut de lecture indispensable en 2016, alors que la question de l'intégration et de la cohabitation entre cultures différentes et mœurs conflictuels est certainement l'une des plus essentielles à la survie de nos civilisations. Eisner est tout sauf un moraliste (son propos ici pourrait d'ailleurs être assimilé à celui d'un théoricien de l'urbanisme), et il ne dissimule aucune tare de l'être humain, aucune abjection à laquelle se livrent des personnages souvent corrompus jusqu'à la moelle : chez Eisner, l'homme est mauvais, le bon est impitoyablement écrasé, et tout finira forcément mal, comme l'illustre la dégradation interminable - pourtant évitable, on le voit bien - de ce quartier livré régulièrement à des scènes de haine et de violence inter-confessionnelles ou inter-raciales. Pourtant, point de nihilisme, point de désespoir, mais une sorte d'admiration devant l'énergie et la résilience de l'être humain, aussi haïssable ou au contraire naïf soit-il, qui rend la fin du livre particulièrement émouvante. Oui, "Dropsie Avenue" a été finalement rasée, puis remplacée par une utopie qui fera long feu... mais la société constituée tant bien que mal par ces groupes ethniques "inassimilables" a fini par fonctionner. Et plus important sans doute, des enfants ont grandi, des hommes et des femmes se sont aimées, des familles ont vécu ici. Ce beau livre en témoigne.