Le droit du sol - Journal d'un vertige
Une BD de Étienne Davodeau chez Futuropolis - 2021
10/2021 (06 octobre 2021) 206 pages 9782754829212 Autre format 431439
En juin 2019, Étienne Davodeau entreprend, à pied et sac au dos, un périple de 800km, entre la grotte de Pech Merle et Bure. Des peintures rupestres, trésors de l'humanité encore protégés aux déchets nucléaires enfouis dans le sous-sol, malheur annoncé pour les espèces vivantes. Étienne Davodeau, sapiens parmi les sapiens, interroge notre rapport au sol. Marcheur-observateur, il lance l'alerte d'un vertige collectif imminent et invite à un voyage dans le temps et dans l'espace.De quelle planète les générations futures hériteront-elles? Qu'allons-nous... Lire la suite
Dommage, ce qui a semblé être une sympathique randonnée se termine en album aussi décevant. À la question de l'auteur de la page 162, je peux répondre : dans la pile des livres à vendre à la librairie d'occasion!
Certains pensent que le droit du sol est l'absurdité qui consiste à dire qu'un cheval est une vache parce qu'il est né dans une étable. On sait très bien où ils veulent en venir. En fait, le sol composant la planète terre appartient à tout le monde depuis l'Homme de Neandertal. Si seulement, il n'y avait pas de frontière...
Evidemment, l'auteur se garde bien de nous indiquer qu'il s'agit d'une fausse piste. Il ne sera point question d'immigration sauf sans doute les déplacements des différents genres humains durant la Préhistoire.
L'objectif de l'auteur est de nous montrer qu'il faut respecter Dame Nature et ne pas enfouir sous la terre des déchets nucléaires et notamment à Bure. Non, il faut trouver d'autres solutions quitte à les garder en surface avec le maximum de précaution. Le droit du sol est conçu comme une protection des sols face à la pollution humaine.
Bon, il y a clairement un discours anti-nucléaire qui pourrait nous entraîner à la merci du dictateur Poutine à moins de couper toute l'électricité dans le pays ou de ne le réserver qu'aux riches avec des tarifs prohibitifs. Là encore, les choses ne sont pas aussi simples.
La France jetait dans l'océan les déchets avant d'arrêter cette pratique honteuse. Il était question de les envoyer dans l'espace mais cela pouvait très bien retomber sur nos têtes. Une idée serait de les envoyer s'écraser contre le soleil et le problème serait réglé définitivement mais il s'agit alors d'avoir des lanceurs qui soient sûrs à 100%.
Ce n'est pas vraiment évoqué dans cette BD qui laisse néanmoins la porte ouverte à toutes les solutions possibles pourvu qu'on ne les enterre pas sous notre sol. Il est question de responsabilité pour les générations futures.
Evidemment, l'auteur s'inscrit dans la mouvance actuelle de protection de la planète avec son côté marcheur goûtant l'air de la campagne à travers un joli périple. La lecture fut longue mais assez intéressante car ponctué par différentes réflexions assez utiles sur le fonctionnement de notre monde. Divers sujets seront d'ailleurs traités comme par exemple le temps de conservation d'un papier ou d'une BD.
J'ai bien aimé pour une fois. Il est vrai que j'avais trouvé un peu ennuyeuse pas mal de ses dernières œuvres ce qui n'est pas le cas ici. C'est une lecture qui pousse à la réflexion. On n'est pas obligé non plus d'adhérer totalement mais cela a le mérite de poser de bonnes questions.
J'ai adoré suivre la marche de Davodeau depuis le Lot jusqu'à la Meuse. Ses réflexions, ses pensées humanistes, son humour, sa poésie; bref sa prose m'ont beaucoup plu. L'auteur a un vrai talent d'écriture. A cela vient s'ajouter un dessin semi-réaliste fort agréable (notamment en ce qui concerne les paysages naturels) qui fait que la lecture provoque un vrai sentiment d'évasion tout à fait délectable.
Concernant ses positions engagées (voire partisanes) et son militantisme, rien de nouveau sous le soleil; Davodeau ne s'étant jamais caché à ce sujet dans plusieurs de ses ouvrages précédents (RURAL, LES IGNORANTS, etc.). Que l'on adhère ou pas à ses prises de positions, cela a le mérite de faire réfléchir et c'est toujours bon à prendre. Personnellement, je suis plutôt en phase avec ses idées, mais bon, tout cela reste très personnel ...
Un album qui peut s'appréhender autant pour le sentiment d'évasion qu'il procure (la visite de la France rurale sous la plume et les crayons de Davodeau est vraiment enchanteresse) que pour s'interroger sur la pertinence du nucléaire en France et la gestion des déchets radioactifs.
Ca me fait toujours bizarre de lire ce type d'ouvrage en le qualifiant de BD.
Il s'agit en réalité d'un recueil de positions militantes ayant le but de réveiller les conscience (au cas ou on ne soit pas encore bien au courant). à divers niveaux et pas uniquement sur l'enfouissement des déchets nucléaires.
L'intérêt de relater la balade avec son petit lot d'inconforts reste très anecdotique, assez nombriliste et apporte peu sauf si on a jamais fait de randonnée.
Les propos remontés au travers de ces compagnons fictifs de randonnée ont leur pertinence et je ne remets pas en cause. le fond du problème.
Seulement, à la fin, le lien qu'il y a à faire entre le sapiens de Pech Merle et le sapiens d'aujourd'hui ne fait pas de sens pour moi : l'un n'est pas plus pertinent que l'autre, l'éventuelle sagesse de l'un vs la folie de l'autre n'est pas réelle : les problématiques sont bien différentes : donc il reste quoi : le rapport au souterrain qui était sacré avant et qui est dévoyé aujourd'hui ? on ne respecte même plus notre mère terre ? L'héritage pictural que l'un laisse vs la bombe que l'autre abandonne ? Boarf... Au final, surfer sur le format BD est sans doutes un bon moyen pour que les récits militants trouvent une audience large, mais je ne trouve la démarche opportuniste à plusieurs niveaux pour ne servir qu'un seul objectif.
Le dessin lui même est plutôt agréable et les paysages du massif central sont bien rendus.
Je vais être un peu sévère avec ce beau bouquin qu'est "Le droit du sol", désolé Etienne Davodeau (dont je possède par ailleurs un bon nombre de titres).
Avant tout, je veux saluer sa plume. Dans son genre, son écriture est ultra efficace. Elle peut être emphatique, économe ou introspective en fonction des circonstances, et toujours au bon moment. Elle est surtout riche d'une douce ironie, d'autodérision, de bonnes formules, et couronnée de valeurs d'humanisme, d'humilité et de respect. Un "journal" comme son sous-titre l'indique, qui donne envie de boucler son sac et de se lancer à l'assaut des sentiers.
Mais - car il y a un gros MAIS - une autre caractéristique de M. Davodeau est qu'il s'empare de sujets sociétaux en les traitant de façon partisane. Ce livre est volontairement engagé. Ce n'est pas qu'une simple balade champêtre. On est clairement dans le militantisme et c'est revendiqué comme tel. Pour ma part, j'aurais préféré découvrir au fil des pages des pensées personnelles, des réflexions véritablement inspirées par son périple, plutôt que des copier/coller d'intervenants déjà entièrement acquis à sa cause. En souhaitant réveiller les consciences, il suscite forcément des réactions. Je réagis donc en contestant ses prises de position rigides et autres arguties rebattues.
Car ce choix narratif, avec ses "invités" qui partagent virtuellement son chemin n'est pas toujours pertinent, loin s'en faut. Je n'ai pas compris le passage avec la sémiologue, par exemple, qui m'a semblé peu clair et hors sujet. La pédagogie est utile mais le ton et les développements sont très orientés et beaucoup trop tarabiscotés pour moi.
Le récit s'empêtre dans ces démonstrations pédantes et appuyées qui congestionnent le propos, alourdissent cette légèreté procurée par la marche et surtout, entravent cette liberté que l'auteur-randonneur veut célébrer dans ses pages.
Je précise quand même que je ne suis pas un pro nucléaire. Et dénoncer l'impasse des déchets est salutaire. Mais JAMAIS, Etienne Davodeau ou ses 'experts', n'expliquent comment ni par quoi le remplacer. Et ça, c'est beaucoup trop facile. Je suis plus que lassé par ces discours professoraux assénés sans la moindre nuance à grands renforts de spécialistes, sans aucun contradicteur en face. Parce que c'est hélas la même forme de démagogie dont usent les énarques qui nous gouvernent. Si l'idée est juste de dire que le nucléaire c'est nul, ma foi, très bien, mais ça manque vraiment de fond, alors. Et je ne saisis pas du tout en quoi cette marche aide à le faire comprendre.
Arrivé au terme du voyage (800km à pieds !) je me suis demandé pourquoi, du coup. Avec un effet "bah voilà, c'est fini" et l'impression que l'essentiel m'avait échappé.
Son expérience fut intense, certes, mais le lecteur ne fait pas la même. Du fond de mon canapé je n'ai pas du tout ressenti ce vertige dont il parle.
Pourtant, moi qui ai visité, ébahi, la grotte ornée de Fond-de-Gaume, je peux vous assurer que ce qu'on éprouve devant ces peintures préhistoriques est indescriptible et inoubliable.
Et justement, j'adorais le postulat de départ : il y a 20000 ans, des sapiens ont légué de la beauté à leurs descendants, via ce fabuleux mammouth de Pech Merle ; puis d'autres sapiens vont léguer 20000 ans après du poison à leurs propres descendants... Quel sujet magnifique !
Mais pour moi la question était surtout "que s'est-il passé entre les deux ? Pourquoi en est-on arrivé là ?"
Aucune réponse à ça, malheureusement. Or, il y en avait, j'en suis sûr, ne serait-ce que dans la poésie ou la philosophie que Davodeau sait parfaitement manier. Son talent est tel qu'il aurait pu creuser un autre filon que l'activisme politique qui affadi considérablement, par sa petite lorgnette, la portée universelle de ces interrogations.
Pour moi son questionnement, si profond qu'il soit, a loupé sa cible (cette espèce de trans-temporalité qu'il évoque) alors qu'il avait réussi à le faire dans le superbe "Rupestre !", ouvrage collectif auquel il avait participé de façon éblouissante. Là, le vertige était palpable!!
Bel album, en somme, mais inutilement clivant.
Ce récit tout en retenue vous laisse aussi désemparé que le livre de Chris Hedges et Joe Sacco, Days of Revolt, Days of Destruction. Nous parlons ici des véritables thèmes de notre époque.