Donjon Monsters
16. Quelque part ailleurs
Une BD de Joann Sfar et Guy Delisle chez Delcourt - 2022
10/2022 (19 octobre 2022) 46 pages 9782413046004 Format normal 454659
Nécropolis est une ville riche. Tout Terra Amata y enterre ses proches pour bénéficier de la magie de son cimetière : pouvoir communiquer avec les morts. Mais quand la ville haute ne suffit plus pour loger les habitants fortunés, le lieu prend un autre intérêt. À la disparition subite des fantômes, la jeune avocate Andrée décide de mener l'enquête... au point de se retrouver emportée loin dans l'espace et le temps.
Je ne sais pas si Guy Delisle garde un bon souvenir de sa collaboration avec Trondheim et Sfar, mais quel gâchis. Nous avons droit ici à l'un des pires albums de la série.
Le scénario déçoit. On aurait pu avoir droit à une histoire intelligente de poursuites juridiques et de combats administratifs, mais finalement à partir du moment où Andrée se retrouve chez les morts, tout l'intérêt de l'album s'envole. Ça devient trop standard, comme si les auteurs avaient manqué de bonnes idées.
Grosse déception.
Je trouve cet album (encore) trop léger...
Certes les personnages sont attachants et d'accord, il y a un crossover avec d'autres tomes de l'univers Donjon, mais rien de bien intéressant pour moi dans cet opus.
Guy Delisle aux crayons! Cela fait causer et cela donne envie. Auteur certes majeur de notre 9ème art et génie de la narration (ces albums sont justes topissimes), il se sert de la structure narrative en BD pour construire des histoires et il le fait incroyablement. Mais il n'est pas à mes yeux un dessinateur, un illustrateur. Ici, il fait le job. Son visuel est en adéquation totale avec l'univers Donjon mais sans habileté particulière. Il ne se moque pas de nous et il est fidèle aux lecteurs de "Donjon". Et il a du bien s'amuser à faire cet album.
Question scénario, c'est la boulimie! Tant de choses et tant de situations!
Alors il y a de vrais réussites. Les personnages tout d'abord sont toujours aussi bien brossés. La maitresse d'école tout particulièrement. La drôlerie administrative également. Et Delisle, il est vrai, donne du panache à tout cela. Andrée, le personnage principal est une petite bonhomme de femme qui est tellement attachante. Suivre son histoire est un vrai plaisir en soi.
Alors, il y a de l'indigeste comme ce final qui conclut tout en deux planches comme si les auteurs avaient 4 heures pour rendre une copie et n'ont plus vu l'heure passé. Curieux et frustrant. Comme ce voyage dans le temps qui nous donne l'espoir à découvrir des nouveautés dans notre donjon préféré. Et beh non. Rien. Que dalle. Parce que toujours, ça va trop vite dès qu'apparait le coffre des esprits. 20 ans dans un claquement de doigts. Par contre le début de l'album (Nécroville) est un réussite totale d'intensité dramatique, de tendresse, de liens entre personnages jusqu'à une description sociologique formidable de la ville.
Joan et Lewis vous aviez un train à prendre, c'est ça?
Avec la participation en "guest-star" de Guy Delisle, ce seizième "Donjon Monsters" s'avère être une jolie petite réussite. Une nouvelle héroïne inattendue, des personnages attachants (Andrée, l'avocat Eustache Ravin, la maîtresse d'école et les fantômes), de multiples rebondissements farfelus, beaucoup d'humour évidemment ... la lecture passe hyper bien.
Ajoutez à cela le dessin faussement naïf de Guy Delisle, à la fois très plaisant et très efficace, bien dans les codes graphiques minimalistes de la série (tout en gardant sa propre identité), et vous obtenez un chouette "Donjon Monsters".
A noter que l'album est inclus dans une improbable tétralogie (!) avec trois autres albums de la série (DZ9, DZ10 et DA+10001), ce qui en fait au final un tome très important en terme de background.