Donjon Monsters
13. Réveille-toi et meurs
Une BD de Joann Sfar et David B. chez Delcourt - 2020
11/2020 (04 novembre 2020) 46 pages 9782413022749 Format normal 405139
Qu'est-il arrivé au Gardien devenu squelette ? Entre « Zénith » et « Crépuscule », Lewis Trondheim, Joann Sfar et David B. nous entraînent dans un monde cauchemardesque et fascinant. Le Gardien se réveille sous terre, cadavre parmi les cadavres, au côté de l'amour de sa vie, Alexandra. Il est maître de ses pensées mais pas de ses mouvements ni de sa mémoire, qui semble lui faire défaut. Où sont-ils ? Pourquoi une voix qui ressemble étrangement à celle de Marvin les obligent à la suivre ? Et pourquoi doivent-ils attaquer Herbert ?
Tout comme "Crève cœur" et "Des soldats d'honneur", Sfar et Trondheim font la part belle à l'illustrateur. Tout comme Rodolphe Töpffer, les scénaristes construisent leurs narrations sous forme d'estampes sur laquelle est intégrée un texte souvent lyrique dans sa conception, non dans son fond.
Ainsi donc l'artiste dessinateur peut laisser pleinement court à son trait puissant, à sa vision graphique. On dirait que Sfar et Trondheim sont des fans de ses auteurs puisque ce choix ne permet plus un scénario haletant, bourré de péripéties et de drôleries, de mouvements. Mais, si le dessinateur, aux talents atypiques, est au diapason de cette chance fabuleuse, alors le plaisir de lecture est avant tout visuel. Carlos Nine dans "crève cœur" n'aura rien compris et rendra une copie paresseuse...
Alors que David B. nous en met plein la vue!
Car entre le cadrage, la couleur et surtout l'ancrage David B m'émerveille dans sa précision millimétrique pour que chaque case soit d'une harmonie rare en même temps que hors du temps. Ce sont de multiples peintures, estampes, illustrations que nous offrent le singulier artiste. Un vrai bonheur!
Car, oui, pour que se déchaine la virtuosité de l'artiste, le scénario pâlit un peu de lenteur même si le plaisir de lire une bonne histoire reste entier. Car il y a aussi des fulgurances dans la narration. Retrouver Alexandra et Hyacinthe de la sorte, personnages principaux, est aussi renversant que le final de l'album est singulier et saisissant. Cela implique tout de même qu'ils ont été enterré dans la même tombe. Rencontrer Marvin et Herbert et comprendre les raisons qui les poussent à se battre comme à s'aimer. Et on revoit Isis et son fils, Gilberto, Horous ( qui n'est plus spectre contrairement dans "Du Ramdam chez les brasseurs") Les pièces du puzzle continuent tranquillement à se positionner, tout en nous faisant poser autant de questions.
Mais l'histoire est avant tout une histoire de bataille. Gargantuesque, gigantesque. C'est ça le cœur du thème de l'album. Ses estampes qui l'illustrent, proches de l''art naïf est homérique, superbe.
Plein la vue!
Le dessin de David B est-il généralement aimé? Je trouve que, par son caractère atypique, il se place dans la même sphère que Menu (Le géant qui pleure), Nine (Crève-cœur) ou Stanislas (Le grand animateur) des albums qui se démarquent par un dessin qui saute aux yeux. Dans tous les cas, il colle à l'histoire, surtout narrée, qui réveille notre personnage d'un profond sommeil...
Ce genre d'histoire, empreinte de nostalgie, m'a toujours plu. Notre héros, mort depuis qui sait combien de temps, tente de comprendre qui il est, et surtout de rester aux côtés de cet autre squelette aux grandes bottes à talons. Lentement, ils s'approcheront de la forteresse...
Par contre, je trouve que l'album nous laisse un peu sur notre faim. Il ne nous en apprend pas des tonnes. J'aurais aimé en apprendre plus. Une partie de ce qui est dit dans cet album a déjà été dite dans le Crépuscule 102. Et puisqu'il se situe au niveau 79, il semble minimiser l'impact du Crépuscule 102. Combien d'années se sont-elles écoulées entre les deux albums?
Dans tous les cas, un très bon album, mais il faut aimer le style.
Une vrai purge !
J'aime beaucoup cette série, c'est certainement pour cela que je suis aussi radical.
Rien d'intéressant dans cet épisode, excepté l'anecdote sur l'origine du nom du roi poussière.
Un album à oublier ! Beurk caca !
Un album absolument crucial, car il est situé à cette période charnière entre la fin de l'ère Zénith et le début de l'époque Crépuscule. On y apprend en effet notamment comment Marvin est devenu le Roi-Poussière et pourquoi Herbert a décidé d'accepter en lui toute la noirceur du monde, deux questions essentielles qui nous taraudaient quand même depuis le tout premier "Donjon Crépuscule" paru il y a plus de vingt ans !
Le dessin fascinant et atypique de David B. est parfait pour illustrer ce scénario morbide, émouvant et drôle à la fois, et achève de classer cet album parmi les indispensables de la série "Donjon Monsters".