Donjon Crépuscule
111. La fin du Donjon
Une BD de Joann Sfar et Mazan chez Delcourt - 2014
03/2014 (12 mars 2014) 46 pages 9782756039732 Format normal 212137
Plus les îlots de Terra Amata montent, moins il y a d'oxygène (cf. les aventures de Donjon Crépuscule 110 - Haut Septentrion). Tandis que Marvin Rouge et Zakutu tentent de protéger les objets du Destin, Herbert et le Roi Poussière sont obligés de faire allégeance à l'Entité noire afin d'obtenir le précieux oxygène. La fin du Donjon n'a jamais été aussi proche ! Mais la résistance est en marche.
Donjon Crépuscule se clôt avec son narratif principal. Et il faut lire simultanément "Haut septentrion" et " la fin du donjon" pour comprendre combien la conclusion est dantesque car, sans cela, les deux œuvres semblent bâclées, bourrées de trous scénaristiques. Et c'est en dansant dans la lecture avec l'un et l'autre que l'on comprend mieux le génie des scénaristes et que l'on prend un plaisir fou à lire cette conclusion apocalyptique.
Car dans "Haut septentrion", le début de l'histoire est tellement parsemé d'incompréhensions que le rythme de lecture se désagrège au fur et à mesure. C'est à la lecture de "La fin du Donjon" que le rythme de lecture reprend. C'est en jonglant avec l'un et l'autre que l'on saisit la portée de l'histoire qui nous mène tambour battant vers les confrontations finales époustouflantes: Dans "haut septentrion" (le duel des objets du destin) et dans "la fin du donjon" ( la mort de l'entité noire).
On assiste aussi à une boucle logique entre "le grand animateur" ( 1er album de la quête de l'entité noire) avec la "fin du donjon" et les réponses aux questions, nombreuses dans ce cycle de l'entité noire, sont faites pour notre plus grande joie de lecteurs avides de compréhensions narratives. Les boucles sont bouclés. Parfois de manières curieuses (Cormor ne sert à rien en fait), parfois de manières violentes (certains personnages principaux meurent) et parfois de manières abruptes (les situations sont trouvés aux hasards).
C'est donc un grand foutraque qui permet la conclusion. Mais n'est ce pas, après tout, l'identité même de Donjon?
C'est en tout cas riche, gourmand et la lecture ( cumulé "la fin du donjon" et "haut septentrion", je le rappelle) est copieuse de situation drôle, épique autant que ridicule et drôle.
Et il est amusant de côtoyer l'épique des grandes batailles avec un tripotage de nichons et le passage aux cabinets. Il est jouissif que la grand bataille soit dans la grande salle pendant qu'un combat stupide se mène entre Marvin et Herbert dans le couloir. Et il marrant de voir que la sagesse des deux héros principaux ne servent à rien face à la colère, la hargne de Zakutu et Marvin le rouge. L'univers Donjon est bâti sur des pieds de nez et des pieds de nez et des pieds de nez encore..
Car C'est bel et bien Zakutu qui devient le personnage principal de la saga. Incroyable guerrière, stratège bourrine et d'une grande intelligence à comprendre les situations, elle est parfaite dans son duo avec Marvin le rouge qui s'interchange.
Hélas, le dessin d'Alfred dans "haut septentrion" fait le job sans être foufou de générosité en décors et bataille. Il s'en sort mieux à la fin durant le duel final. Mazan, lui, fait mieux et nous régale parfois, bien que les décors là encore soit minimalistes. Hors un monde en reconstruction aurait pu envoyer du lourd question décor. Dommage donc que du coté dessins cela ne suivent pas.
Et hélas, si on ne lit pas en simultanée les 2 albums ( l'un en lecture et l'autre sur les genoux à la page de là ou on a laissé l'histoire pour lire la suite sur l'album que l'on lit...vous avez compris le mode d'emploi? ) on passe à côté de tout. On peut même être énervé par le saccage final. Le parti pris est donc osé. il peut ne pas plaire. Il peut même être détester.
Enfin dans le final de "haut septentrion" on assiste aux départs à l'aventure de nos 2 nouveaux héros. C'était devenu un lightmotif de tous les albums de Donjon Crépuscule. Mais cette fois-ci on change de protagonistes. Donc la possibilité de nouvelles aventures?
Dans le final de "La fin du donjon", on assiste à un coucou entre un Marvin heureux et un Herbert travaillant sur un bureau comme le gardien du Donjon Hyacinthe. Y aurait il un nouveau Donjon dans la suite des aventures ?. Sachant que celui du gardien est bel et bien en ruine. Et le final de celui-ci est très jolie poétiquement en de très belles cases du temps qui passe.
Légèrement meilleur que la première partie du diptyque, cet album peine quand même à convaincre. Alors que cet album était censé être le dernier au moment de sa publication, on en ressort quand même avec l'impression que les auteurs étaient en manque d'inspiration.
Certaines idées sont captivantes, telles que le voyage d'Herbert au royaume des morts; et certains personnages obtiennent enfin le rôle qui leur est dû, comme Elyacin, mais si on en ressort un brin nostalgique grâce à tout ce que la série Donjon a réussi à nous offrir au cours de ses nombreux albums, impossible de ne pas être chicoté par toutes ces questions qui sont demeurées sans réponses.
L'histoire vaut la peine d'être lue directement après 'Haut septentrion' afin d'en comprendre le maximum, mais finalement, la série Crépuscule aura vraiment perdu en qualité au fil des albums. Quatre des cinq derniers Crépuscule étaient plutôt médiocres, voire carrément mauvais.
Au moins, il y aura toujours les Potron-minet, les Zénith et les Monsters pour nous rappeler à quel point la série peut frôler le génie.
Et de nombreuses années plus tard, la série reprendra de plus belle. Allez, on se revoit dans le prochain Zénith!
Déroutant mais passionnant, "la Fin du Donjon" nous propose une conclusion de la saga Donjon qui se déroule en "parallèle" aux faits narrés dans "Haut Septentrion", avec des croisements réguliers entre les deux récits (apparitions de personnages et de situations de l'un dans l'autre par exemple, ce qui produit des effets troublants), mais avec une thématique et une énergie bien différentes. Alors que "Haut Septentrion" exaltait la rom com et se terminait, non sans allégresse, de manière ouverte, "la Fin du Donjon" s'avère centré sur le couple Herbert et Marvin, soit les héros originaux de la saga (ceux du "Zénith"), désormais bien fatigués et traités comme des vieillards inutiles à de nombreuses reprises... Le livre se termine - d'ailleurs superbement - par des images mélancoliques sur la vanité humaine (enfin, humaine, on se comprend !). On retrouve par contre de nouveau quelques sauts déstabilisants dans la narration, qui encouragent la relecture intégrale de la saga maintenant close, et on apprécie ici le chapitre sur le Monde des Morts qui permet de mieux réintégrer le volet "Potron Minet" dans le panorama général. Trondheim et Sfar nous ont en tout cas offert avec ce double volume (deux livres à relire ensuite en même temps, soit un exercice novateur, stimulant, et amusant...) une conclusion originale, digne d'une saga qui avait certes connu des hauts et des bas, mais était restée au fil des ans un must pour les fans d'Heroic Fantasy comme pour ceux que l'humour de Trondheim (et de Sfar) touche.
Un "Donjon" magnifique, aussi bien par le dessin exquis de Mazan que par le scénario foisonnant qui lève le voile sur pas mal de mystères passés (les motivations de l'Entité) tout en étant bien sûr d'une très grande drôlerie. Un monde à l'agonie, des héros usés, des évènements dramatiques, une atmosphère plus noire et pesante que jamais ...et pour finir une guerre épique qui décidera du sort de tout : un tome plus "Crépuscule" que jamais ! La fin est magnifique et clôture à la perfection cette hallucinante saga de "Donjon", devenue au fil du temps une série incontournable dans l'histoire de la bande dessinée.
Un album à savourer en le lisant parallèlement au tome précédent (DC110) pour pouvoir saisir toutes les subtilités et les richesses du scénario.