Docteur Radar
3. Morts à Venise
Une BD de Noël Simsolo et Frédéric Bézian chez Glénat - 2021
09/2021 (15 septembre 2021) 62 pages 9782344032336 Grand format 429489
L’insaisissable génie du mal. Il veut conquérir la lune pour bombarder la terre et devenir le maître du monde. Alors, pour obtenir les plans d’une fusée intersidérale, il sèmera la terreur à Venise. Il l’a annoncé : il tuera à tour de bras tant que ses exigences ne seront pas satisfaites et plongera la ville dans la peur. Le gouvernement et la police s’inclineront devant son pouvoir. Et cette fois, il sait qu’il va gagner. Il sera Docteur Radar, Maître du monde ! Mais dans la nuit vénitienne, ses éternels adversaires Ferdinand Straub et Pascin... Lire la suite
Dernier acte de la lutte impitoyable entre le détective Ferdinand Straub et le machiavélique DOCTEUR RADAR.
Si le scénario plait par son extravagance et son ambiance "julesvernesque" (sic) autant que "jamesbondienne" (re-sic), ainsi que par l'ironie de ses dialogues, c'est surtout graphiquement que cet album frôle le génie. Bézian est un p*** de virtuose, aussi préparez-vous à recevoir une immense claque graphique à la lecture de cet album !
DOCTEUR RADAR est une série d'aventures assez convenues (c'est bien évidemment voulu) graphiquement hors-norme. Merci aux auteurs pour ces très bons moments de lecture.
Une classe à part ce Docteur Radar !
Du scénario, je retiendrai surtout les dialogues à l’ironie savoureuse, l’extravagance jubilatoire des situations et le panache des personnages, tous très en verve.
Le reste de l’histoire est plus convenu, volontairement cantonné à l’esprit feuilletonesque des années 1920 avec le super méchant, génie du mal à plein temps, qui veut conquérir l’univers depuis sa base sous-marine secrète…
Mais c’est surtout visuellement que Dr Radar est hors norme. A ce niveau ce n’est même plus du dessin mais une véritable création artistique, unique.
Ce 3ème et dernier tome se déroule entièrement de nuit, ce qui donne à la lumière un rôle capital. Les éclairages, très théâtraux, projettent des ombres menaçantes et découpent à la serpe les visages et les décors pour plonger instantanément le lecteur dans une atmosphère vertigineuse de mystère, de glamour et d’effroi.
Le jeu des personnages est à la fois exagéré et subtil, proche d’une pantomime expressionniste. Ils en imposent avec leurs mouvements dansants et leurs yeux écarquillés copieusement surlignés.
Le découpage inventif et des cadrages déséquilibrés renforcent constamment la dramaturgie et confèrent une énergie tourbillonnante à chaque planche.
La couleur, enfin, est la pièce maîtresse de ce langage graphique ; puisée dans une palette inhabituelle et peu usitée, chaque teinte participe à la structure de la case et lui donne son rythme et sa profondeur.
L’ensemble témoigne d’une recherche esthétique et d’une maîtrise éblouissantes. Je n’ai pas d’autre mot que « chef d’œuvre » pour qualifier le travail de Bézian.
Je préviens tout de même que cette trilogie reste exigeante. Le texte est riche et les planches ne se décryptent pas toujours au premier coup d’œil.
Mais pour moi c’est une très grande BD. Bravo !!