Divinity
2. Divinity II
Une BD de
Matt Kindt
et
Trevor Hairsine
chez Bliss Comics
(valiant)
- 2017
Kindt, Matt
(Scénario)
Hairsine, Trevor
(Dessin)
Baron, David
(Couleurs)
Winn, Ryan
(Encrage)
Semal, Christophe
(Lettrage)
Hingray, Laurence
(Lettrage)
Kevic-Djurdjevic, Jelena
(Couverture)
Le Troëdec, Stéphane
(Traduction)
02/2017 (23 février 2017) 89 pages 9782375780855 Format comics 298349
À l’apogée de la Guerre Froide, l’Union Soviétique est déterminée à gagner la course à l’espace. Elle se lance dans une mission secrète incroyablement ambitieuse : envoyer trois cosmonautes aux limites de l’univers connu, là où personne n’est jamais allé. Orphelins triés sur le volet, entraînés tels des communistes modèles, interdits de fonder une famille, ils se sont perdus dans l’espace et ont rencontré quelque chose d’Inconnu… quelque chose qui les a changés. C’est maintenant à Myshka, la femme co-pilote du groupe, de retrouver le chemin de... Lire la suite
Pour qui a lu le tome 1 de Divinity la fin pouvait laisser entendre un format one-shot. Les auteurs ont su prolonger cet épisode qui peut donc se lire seul, en changeant le traitement et les thématiques sur le tome 2, créant plus qu’une série en trois volumes, trois one-shot ayant leur identité propre et liés très intelligemment par le principe du temps modifié comme je vais vous l’expliquer. Pour la question éditoriale, reportez-vous à ma critique du tome 1, les deux autres volumes sont du même acabit, avec des couvertures chaque fois plus belles et du contenu making of réellement conséquent.
Divinity 2 fait donc intervenir Mishka, une des trois cosmonautes envoyés vers l’Inconnu par les soviétiques et qui revient sur Terre désolée de la disparition de l’idéal communiste et bien décidée à rebâtir une temporalité où l’URSS a perduré. Si la dimension émotionnelle et intérieure d’Abram Adams prédominait dans le premier volume, ici l’affrontement idéologique entre les deux êtres supérieurs se déroulera dans le temps, basculant sans cesse d’une réalité à une autre, où l’URSS a conquis le monde /où l’URSS a disparu. La dimension politique assumée est surprenante dans cet album qui fait intervenir Staline, Gorbatchev et Poutine et assume la réflexion sur le conflit idéologique entre l’égalitarisme et l’individualisme. Matt Kindt reste distant quand à la critique habituelle de l’empire soviétique dans les comics américains. S’il montre des clochards et la soupe populaire cela n’est pas sans parallèle avec le cynisme des personnages américains et le nationalisme impérialiste des généraux fait face à des dirigeants incontrôlables de firmes militaro-industrielles américaines dans l’univers Valiant. Aucun jugement du scénariste donc, mais plutôt une mise en perspective à laquelle nous n’avons pas l’habitude et qui est vue au travers du prisme d’un soldat idéal voué fait et cause à sa patrie et revenant dans un monde où sa raison d’être n’est plus.
L’affrontement (très graphique, avec par exemple cette incroyable planche en forme de livre) sera donc plus conceptuel que physique entre les deux Divinity (comment pourrait-il en être autrement avec de tels pouvoirs?), Abram tentant de convaincre Mishka qu’elle a le droit d’avoir ses propres espoirs et d’aimer. Dans ce volume les héros Valiant sont quasi inexistants car dès le début Divinity rappelle que lui seul peut s’enfermer dans une « prison ». S’il semble avoir gagné à la fin, il nous est fait subtilement comprendre que lorsque le temps est modulable, un rien peut le modifier et que de profonds changements peuvent ne pas avoir été perçus…
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2018/08/31/divinity-2-3/