Le dieu-fauve
Une BD de Fabien Vehlmann et Roger chez Dargaud - 2024
04/2024 (05 avril 2024) 102 pages 9782505085645 Grand format 494530
Remontez jusqu'à l'ère lointaine du Déluge, celle qu'évoquent à demi-mots tous les textes anciens de l'humanité... En ces temps de famine, Sans-Voix, un jeune singe orphelin, cherche à prouver sa valeur à son clan d'adoption en chassant le « longue-gueule », un vieil alligator blessé et vicieux. Manger ou être mangé : le cycle immuable de la nature. Mais en osant s'aventurer au coeur des terres interdites, celles des humains, Sans-Voix sera confronté au plus cruel des destins : voir les siens massacrés sous ses yeux avant d'être capturé puis dressé... Lire la suite
Cette BD est un chef d'œuvre à mon sens : en conservant certains prérequis de la BD et en s'affranchissant d'autres règles, le récit nous transporte dans une histoire silencieuse, rapide, précise, sanglante...
Le trait est particulièrement soigné, les décors sont à l'image de l'ambition (post-apo) et la quasi monochromie des couleurs m'a bcp plu. C'est une de ces BDs qu'il faut relire pour en saisir toutes les nuances et ce n'est pas pour me déplaire !!
Je voudrais tomber plus souvent au hasard sur des BD comme ca...
On tient là de la grande bande dessinée même si en commençant ma lecture, je n'en n'avais pas réellement conscience.
J'ai cru que j'allais rester sur un récit purement animalier à la manière d'un documentaire nous montrant l'évolution d'un jeune singe blanc qui commence à prendre le dessus sur son groupe suite à un acte héroïque face à un prédateur de la nature assez puissant.
Et puis, il y a ce basculement vers le monde des humains dans un hypothétique empire africain qui lutte pour sa survie suite à une catastrophe naturelle d'origine maritime. L'histoire prend alors une tout autre dimension qui semble beaucoup plus éloigné des débuts où nous étions sur une narration totalement différente.
L'intelligence de cette construction réside dans cet élément clef qui nous sera dévoilé vers la fin et qui va expliquer bien des choses qu'on avait du mal à appréhender. C'est magistral dans le scénario et la mise en scène. Nous avons là du grand Vehlmann décidément au somment de sa forme dans son perfectionnisme !
Un mot quand même sur le dessin de l'espagnol Roger Ibanez qui déploie tout son talent au service d'un grand scénariste. On retrouve le style qu'il a déployé dans sa série « Jazz Maynard ». Le peu de dialogue laisse véritablement la place à de très belles cases où le graphisme prend le dessus pour nous montrer le côté sauvage de la nature.
Chaque année, il y a une BD qui semble faire la différence par rapport à toutes les autres. Cette année, on peut décerner la palme au Dieu-fauve sans aucune hésitation, en tous cas pour ma part.
J'ai apprécié, j'ai passé un bon moment. Le scénario est un peu faible mais le graphisme rattrape cela d'ou ma note de 4 sur 5.
Cet album a beau avoir fait l’objet d’une très discrète communication (comme son dessinateur), il était attendu comme un des évènements de 2024. Fidèle à son habitude, le puissant éditeur Dargaud attire à lui la fine fleur des artistes BD, à commencer par Roger Ibanez, le dessinateur de la fabuleuse série Jazz Maynard et un des chefs de file de la si brillante école hispanique. Rare, l’espagnol rappelle combien le projet proposé par Fabien Vehlmann a permis de le ramener à une motivation que son brillant perfectionnisme doit épuiser à chaque album. Cinq ans après la conclusion de Jazz, le voilà sur un gros one-shot où il peut laisser libre court à son talent brut.
Car c’est très clairement l’énorme atout de cet album, cette légende racontée à la voix narrative, cette histoire du tréfond des âges, cette histoire des hommes, de leur violence et de leur avidité. Le très peu de bulles laisse une grande liberté de mise en scène pour le dessinateur qui montre un design tribal rappelant par moment la qualité du travail de Bourgier sur Servitude ou plus récemment de Henninot sur sa Horde du Contrevent. Roger montre sa science des encrages (peut-être les plus impressionnants de toute la planète BD), la facilité avec laquelle il transforme une ombre en mouvement, avec laquelle un simple trait suggère un hors champ où jamais l’on n’est perdu, où l’immersion est totale, élégante, majestueuse. D’un trait il fait une montagne d’une finesse incroyable avant d’enchainer sur de simples taches aussi évocatrices que la cité qui vient, aux mille détails et matériaux. Jouant ses cadrages tantôt très serrés tantôt larges, il anime ses planches en permanence, proposant la même élégance à une silhouette éclairée par le feu qu’à la hargne des forçats qui trainent le navire royal. Comme sur ses précédents albums, comme pour un Ronan Toulhoat et tous les grands encreurs, on pourra regretter l’usage d’aplats de couleur pour habiller un dessin qui n’en a jamais besoin (et je conseille aux plus patients et amateurs d’attendre une très probable édition NB qui ne tardera pas d’être proposée par l’éditeur en fonction d’un succès commercial pour le Dieu-Fauve, dont je ne doute pas).
Pour ne pas être injuste avec le très bon scénariste Fabien Vehlmann (de tous les bons coups, récemment avec le retour de Jean-Baptiste Andreae) reconnaissons la grande qualité de textes inspirés, mélancoliques au travers de plusieurs vois narratives qui malheureusement n’aident pas à fluidifier le récit. En proposant une construction en cinq chapitres sans jamais préciser qui est le narrateur (pourtant omniprésent tout au long des cent pages), il flatte certes nos oreilles mais n’aide pas à lire l’album, cet univers incertain, non daté, non localisé. La focale reste très serrée sur des personnages dont la dresseuse qui restera un long moment le cœur du récit et le plus intéressant. Vehlmann boucle sa narration entre une ouverture rappelant celle de 2001 l’Odyssée de l’Espace et un épilogue qui dénoue certes les fils mais laisse un sentiment de frustration portée par un nihilisme qui ne surprendra pas les lecteurs de Seuls. Si la construction peut se justifier (c’est du reste l’absolue liberté de l’auteur), la quasi absence de bulles et donc de dialogues crée une sorte de surplace qui donne presque par moment l’impression d’un livre d’images, heureusement animé par son collègue via son découpage redoutable. On sait que le cœur d’un récit est ses personnages. En changeant régulièrement le viseur, en empêchant leurs interactions verbales, Vehlmann crée certes une atmosphère recherchée mais laisse son lecteur un peu à quai. Il est difficile de reprocher à un auteur son ambition mais celle-ci a malheureusement l’obligation de faire mouche dans la dure jungle de la création imaginaire. Le Dieu-fauve rate donc un peu le coche mais reste un très élégant ouvrage et espérons le, un retour régulier de l’immense Roger Ibanez… qui gagne un quatrième Calvin à lui tout seul.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2024/05/15/le-dieu-fauve/
Bon, on va commencer par ce qui m'a le moins plu. Je ne suis pas convaincu que ce genre de dessin convienne a cet album (le mouvement est bon, c'est dynamique, mais les personnages et animaux trop " longs ", absence de decors, difficultees a reconnaitre et a sexualiser les protagonistes parfois...) Le dessinateur a indubitablement du talent, mais la, surtout avec les corps denudes, je n'y ai personnellement pas trouve mon compte. Et les couleurs, c'est pire! Trop fades, trop sombres, surtout ne pas lire cette BD a la lampe de chevet!
Le scenario, j'ai prefere, Mr Vehlmann a les qualites qu'on lui connait. Faux-semblants et retournements de situations sont son apanage, et l'idee de donner les points de vue de differents protagonistes est tres bonne. Il y a un discours interessant sur les cycles civilisationnels et la servitude. La fin est bien reussie aussi: l'histoire est un eternel recommencement.
Bref malgre mes reserves sur la partie graphique je ne regrette pas mon achat car le scenario est vraiment bon.
Bonne histoire, bien qu'un peu trop "bavarde" à mon goût. Le scénario est aussi cruel qu'haletant, et ce jusqu'au bout. Le dessin bien dynamique est très classe et sert bien le scénario. Seule la colorisation dans des tons majoritairement noirs / bruns / gris m'a un peu moins emballé; j'aurais préféré quelque chose dans des tons plus lumineux, mais bon ... broutille. L'ensemble reste tout de même très attractif.
Un dessin que je qualifierais de stylisé-précis. Graphisme accrocheur. Couleurs aux palettes fouillées. Cases parfaitement adaptées aux différentes scènes. Scénario bien ficelé et haletant. Apreté de l'histoire violente qui est finalement une parabole miroir de la vie des sociétés humaines qui vivent, écrasent , survivent et disparaissent. La vengeance poussée à l'extrême est celle de l'individu qui n'a plus rien à espérer ni perdre. On n'oublie plus cette BD une fois qu'elle a été avalée. Bravo aux deux auteurs.
Déjà capté par la couverture en ligne, j’ai pu le feuilleter aujourd’hui en magasin. À peine avais-je tourné les pages que je savais que je reviendrais avec. Le dessin est somptueux, on ressent parfaitement le mouvement, on se croirait dans un film. La mise en couleur est parfaite conjuguant une palette de quelques couleurs seulement par séquence, cela ajoute certainement au graphisme. Le scénario est juste, passant d’un narrateur à l’autre, d’un point de vue à un autre. On lit le tout d’une traite. Bref, j’ai beaucoup aimé, cela faisait longtemps que je n’avais pas fait une belle découverte comme celle-ci.