Dessous (Bones)
1. La montagne des morts
Une BD de Bones chez Sandawe - 2016
04/2016 (20 avril 2016) 84 pages 9782390140696 Format comics 276142
Ils sont partis la fleur au fusil. L’horreur des Tranchées les a fauchés. Mais, tapie sous les champs de bataille, quelque chose de plus horrible encore les attendait. L’épouvante à l’état pur... La première guerre mondiale fait rage, sur la petite butte du village de Vauquois, une position hautement stratégique, les troupes Françaises donnent l’assaut. Arrivant sur les lignes Allemandes, ils découvrent que tranchées et bunkers ont été désertés, ils décident alors de pousser plus avant l’exploration des galeries ennemies pour y découvrir l'innommable.... Lire la suite
On ne peut pas dire que le dessin soit une grande réussite notamment au niveau de la finesse du trait. Les couleurs sont d'ailleurs très sombres comme pour masquer un côté assez brouillon.
Quant au scénario, il est plutôt assez banal. Ce n'est guère une lecture originale. Pour autant, je serai assez indulgent dans ma notation car j'ai bien aimé la mise en scène ainsi que l'enchaînement des dialogues qui n'avait rien de soporifique. Par contre, j'ai détesté les nombreux passages qui étaient en allemand et qui n'étaient pas traduits.
Sinon, pour le reste, j'encourage vivement la BD participative financée par un groupe de lecteurs. Bientôt, de nombreux fans d'artistes publieront des essais qui n'auraient pas forcément passer le cap de la véritable maison d'édition. Il peut y avoir des perles mais également des orties. C'est un groupe de lecteur qui fait le tri.
Le mélange première guerre mondiale avec ses tranchées et la mythologie horrifique lovecraftienne est sans doute ce qui attire le plus.
Sandawe est un éditeur participatif qui fonctionne sur le crowdfunding: un projet est présenté par l'auteur, le budget détaillé et le montant nécessaire affiché. Les édinautes financent sur différents montants correspondant à des paliers permettant d'avoir l'ouvrage seul ou plus ou moins de bonus.
J'essaye toujours de parler du travail (ou du non travail...) d'édition sur les bouquins que je critique et je dois dire que lorsque j'ai reçu ces deux volumes j'ai été plus qu'agréablement surpris par la qualité de la finition. L'aspect couverture abîmée (avec des textures très propres et différentes sur les deux volumes), la précision et l'élégance de la maquette, la force évocatrice des couvertures, tout est aux petits oignons niveau édition et ça mérite amplement un Calvin pour cela (chose assez rare sur ce blog), surtout venant d'un petit éditeur participatif. Je précise que la couverture est format comics mais reliée (donc en dur pour les non initiés à la terminologie bibliophilique...). Dernier point, l'imprimeur a changé entre les deux tomes, le premier volume proposant un papier épais mat, le second un papier glacé plus fin. Je préfère le premier que je trouve plus adapté au dessin fort noir de l'auteur.
En 1916, sur le Front, les allemands ont disparu... Explorant le Tötendom, la montagne des morts, les poilus découvrent des scènes indicibles, des humains modifiés et autres abominations. L'armée fait appel à un spécialiste du Muséum d'Histoire Naturelles pour aller éclaircir ce mystère. Là-bas, s'enfonçant dans les entrailles de la terre il mettra à jour des révélations qui bouleverseront la réalité telle que nous la connaissons...
Vous l'aurez compris en lisant ce court résumé, on a affaire ici à une histoire inspirée du Mythe de Ctulhu. J'adore le fantastique, j'adore le monde de Lovecraft et je trouve que l'on n'a pas si souvent l'occasion de lire une bonne histoire s'inscrivant dans ce genre. Bones, l'auteur de ce triptyque (le troisième est en préparation) est en outre dans la ligne graphique de l'école Mignola (... et ô sacrilège, je préfère le dessin de Bones à celui de l'américain, le trouvant plus clair).
Si cette série est une très grande réussite c'est d'abord par-ce qu'elle remplit son cahier des charges de genre en transposant l'intrigue dans le contexte de la Grande Guerre (le premier tome pendant, le second juste après). Les histoires fantastiques à base de tentacules ne sont jamais fondamentalement originales de la même manière qu'une histoire de chevaliers et de dragons ne l'est pas. L'auteur et le lecteur cherchent avant tout à donner des images titillant notre imaginaire collectif. Ainsi ce sont les éléments clés d'une telle histoire et leur articulation, le montage, qui plaisent ici: le savant fou, les allemands, la civilisation pré-civilisation, l'indicible et le traitement visuel de l'horreur, avec ses gros-plans et ses bruits en onomatopées omniprésentes. Le contexte est ainsi idéal et le scénario, particulièrement équilibré, arrive en 86 planches à nous présenter l'intrigue principale, du flashback, l'arrière-plan (Paris, les généraux, le Muséum) et à présenter un début, un milieu et une fin, sans que la chute ne soit expédiée comme c'est souvent le cas quand on est en présence de ce genre d'intrigue. L'histoire a été construite en format one-shot avec la possibilité d'une prolongation après le tome 1, Bones ayant sans doute envisagé dès le début une trilogie. La fin du premier album est ainsi un peu vague si vous en restez là alors que l'articulation entre les deux tomes peut sembler avoir quelques difficultés par moment (manque d'explication sur l'ellipse de trois ans entre les deux volumes). Cela est sans doute dû aux incertitudes éditoriales et je gage que le troisième tome sera bien mieux articulé.
De la même manière les personnages sont archétypaux mais je les ai trouvé très réussis, notamment le capitaine-courage et Bär, le volumineux allemand équipé d'une mitrailleuse et furieusement bad-ass! Si les méchants sont essentiellement à base de monstres sur le premier volume, ils montent d'un cran dans Un océan de souffrance en cultivant un mystère bien orchestré en restant tapis dans l'ombre. Les trois thèmes Terre/Eau/Espace rattachés aux trois volumes peuvent sembler artificiels mais personnellement j'aime bien quand une série développe des thématiques, des colorations rattachées aux albums. Ils permettent en outre d'éviter la redite, ne serai-ce que graphiquement, si La montagne des morts est une histoire de tranchées et de monde souterrain, le second introduit la thématique vernienne qui nous sort un peu du seul Ctulhu (même si on en reste très proche) avec des constructions sous-marines et navires de guerre. Globalement la progression dramatique, la divulgation des infos, coups de théâtre et l'approche scénaristique générale sont remarquables.
Visuellement les planches sont vraiment belles et l'on sent à la fois la quantité de travail et la maîtrise technique dans cette grande lisibilité et propreté des architectures et arrière-plans. Le style est particulier et certains n'aimeront pas. Mais force est de reconnaître qu'il colle parfaitement à l'atmosphère et montre un dessinateur qui a largement passé le stade de l'amateur. Nombre de dessinateurs œuvrant dans des styles ombre et lumière (dernièrement Eduardo Risso sur Moonshine) rendent des planches parfois confuses. Je n'ai jamais ressenti cela à la lecture de Dessous. Bones propose surtout nombre de visions fantastiques qui font frémir notre imaginaire.
Comme il faut aussi pointer les manques, je parlerais (mais cela a été relevé et corrigé sur le tome 2) des dialogues en allemand non traduits sur le T1 (comme sur Black Magick, tiens, est-ce que les scénaristes germanophones oublient que tout le monde ne parle pas la langue de Goethe?) et des halo lumineux ajoutés par l'auteur dans le T2 et qui me semblent trop artificiels au regard d'un projet qui respire l'artisanat et l'encre.
Hormis cela Dessous est une vraie bonne BD de genre, un vrai bon dessin d'un auteur qui a clairement de l'avenir. J'ai retrouvé dans cette lecture beaucoup du plaisir des illustrations de Lauffray et un peu de ce qu'il pourrait produire s'il sortait enfin sa grande BD d'exploration lovecraftienne. Si vous avez peur des poulpes et imaginez des temples ensevelis dans votre jardin, si vous aimez les encrages profonds, les savants fous et les machines steampunk, rattrapez vite votre retard avant Un regard vers les étoiles, que vous pouvez aussi pré-financer sur le site de l'éditeur.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2019/02/20/dessous-1-et-2
Histoire cthulhuienne durant la 1ère Guerre mondiale.
Histoire classique de découverte dans les profondeurs terrestres... il fallait vraiment pas...
Les monstres - zombies sont intéressants.
Mais j'ai moins apprécié les nombreuses cases en allemand... je ne connais rien à la langue de Goethe et j'aurai apprécié une petite traduction...
De plus, je n'ai pas aimé la gestion de l'entité qui "parle comme un humain", mais il est vrai qu'il est compliqué pour un auteur d'interpréter un "personnage" millénaire...
Au premier abord, je n'étais pas très attiré par cet album qui se rapproche davantage du manga que de la bd franco-belge traditionnelle. Mais au vus des très bonnes critiques, je me suis laissé séduit, et je suis plutôt mitigé. Du coté des points positifs, une histoire haletante et prenante, un contexte angoissant qui est très bien retranscrit, notamment grasse à la colorisation noir et sombre. Des dessins très cassés mais qui collent à l'ambiance. Du coté des points négatifs, la ressemblance entre les différents personnages, ce qui oblige à revenir en arrière et à relire plusieurs fois certaines planches pour être sur de bien suivre l'histoire, des dialogues en allemand pas traduits ce qui n'a aucun intérêt, et des passages bâclés et incohérents notamment à la fin, ou l'on voit des personnages dans des bulles de lumière sans savoir ce que cela signifie, ou encore le personnage principal qui se retrouve à la surface par magie sans savoir et comprendre ce qu'il s'est passé. On ne sait pas pourquoi certains personnages entendent des voix et ce que cela signifie.. Et pour finir, il n'y a aucune réponse ou indice sur la présence des parasites sous ces montagnes. Bref bien trop d’éléments sans réponses, ce qui nous laisse dans l'incompréhension totale. Il n'y a plus qu'à espérer qu'on les trouve dans le tome 2...
Bones partait pourtant mal avec moi ... Visages taillés à coup de serpe qui m'ont de suite fait penser à du manga (désolé si je n'y connais rien, pas taper, pas taper !), des fonds noirs bien trop importants par rapport à mes "habitudes" franco-belges, format trop petit, ...
Et bien tout faux le Niko ! Lecture certes rapide mais très fluide, un environnement très sombre avec juste quelques couleurs en aplat pour rehausser l'horreur, un contexte fantastique vraiment très bien intégré dans une grande guerre totalement inutile (merci de nous le rappeler, Bones), bref une vraie réussite pour moi. Et quand on sait qu'il s'agit d'un premier album, on se dit qu'on a hâte qu'il s'améliore le bougre !
Quelques commentaires ou suggestions pour la suite (maintenant très attendue !) :
- Quand il y a trop de fond noir, le soin apporté au dessin peut presque passer inaperçu, et c'est dommage,
- Les visages se ressemblent parfois trop,
- Pour les dialogues en allemand, plutôt que de traduire en bas de page ou en fin d'album, pourquoi ne pas les écrire en français mais, soit dans une autre police, soit en italique, soit entre parenthèses ou encore entre guillemets ?
En conclusion, merci Monsieur Bones ! Et on attend de pied ferme votre prochain album ...
Une histoire fantastique au milieu des tranchées pendant la Première Guerre mondiale. Le dessin est assez particulier, mais sied bien à cette intrigue très angoissante. Le choix des couleurs va comme un gant à l’histoire. Du coup, j’ai été participer au financement du tome 2.
L'histoire est prenante. L'ambiance du récit est inspirée des romans de HP Lovecraft entre autre. L'utilisation du noir est extrêmement bien rendue, bones est le Mike Mignola français ! Ce récit est un triptyque, donc 2 autres albums devraient nous amener plus loin dans l'horreur et l'intrigue. Un tres bon moment de lecture.
Un projet participatif issu de la plate-forme Sandawe.com spécialisée dans la BD.
Un melting-pot de récit de guerre de 14-18 avec tranchées, poilus, créatures anciennes enfouies sous terre (on n’est pas loin de la Brigade Chimérique ou de Hellboy tout en ayant un dessin inspiré (plus que fortement) par Mike Mignola. C'est beau et rythmé.
Seul petit défaut : quelques bulles en allemand qui auraient mérité d'être traduites, et une fin énigmatique qui appelle un second tome, en cours de financement.
Comprend un code pour un bonus numérique à télécharger sur le site, qui parle des influences de l’auteur pour ce récit, et le synopsis détaillé avec les planches encrées sans couleurs ni dialogues.
Une belle édition pour une histoire très recommandable.
Bien que surpris au premier abord, format, couverture parchemin vieilli, dessins (très particuliers pour moi car je ne suis pas manga et c'est un peu le style) j'ai beaucoup aimé l'histoire.
Beau travail.
Je vais attendre la suite .
Avec ce premier album, Bones fait une entrée remarquée dans le monde de la bande dessinée. L'histoire prend place en plein cœur de la première guerre mondiale, mais, bien que le background historique soit cohérent et travaillé (expressions d'époque, reproductions fidèles de bâtiments et de de véhicules, présence de personnages historiques), ne vous attendez pas à un récit réaliste sur la Der des Ders. Sans trop en révéler, l'histoire s'inscrit dans la droite lignée des récits fantastiques et horrifiques de Lovecraft ou de Hellboy. Le style graphique "mignolesque" colle parfaitement à l'ambiance oppressante et sombre de cet album, et est maîtrisé et cohérent du début à la fin, si bien que l'on a du mal à croire que l'on est face à un premier album. La narration et le découpage sont plutôt fluides et accrocheurs, peut-être parfois un peu brouillons. Au rang des petits points négatifs, on peut noter quelques dialogues en allemand non traduits qui peuvent nuire à la fluidité du récit et générer un peu de frustration. Et également, en plus d'une fin un peu rapide, le fait que ça se lise assez vite (le style étant très graphique et stylisé certaines planches comportent très peu de dialogues). On peut donc avoir l'impression de manquer de quelques explications. Personnellement, cela ne m'a pas dérangé au final, on ressent ainsi l'incompréhension et l'effroi du héros face à l’innommable. Pour conclure une excellente BD de genre à l'ambiance et au graphisme parfaitement maîtrisés !
La preview m'avait intriguée. A priori, le gars avait une patte qui sortait de l'ordinaire.
Plutôt méfiant s'agissant d'un premier album où Bones a tout fait. ..
Et non, la qualité graphique est là et en N&B ça doit rendre un max. Bones fait son job pour la colo ('toshop, non ?)
Côté scénario, ça tient la route même si la fin aurait être plus développée. Problème de budget ?
C'est un T1 qui peut être considéré comme un one-shot même si je me doute que l'avant-dernière planche laisse la porte ouverte.
S'il lui vient l'idée de réutiliser l'allemand ou toute autre langue que comme tout bon français qui se respecte ^^ je ne parle ni ne comprends un mot, merci de prévoir une traduction en fin de bd parce que reverso ou google trad c'est pas tiptop.
En conclusion, ne passez pas à côté de cette bd même si vous n'êtes pas clients de fantastique : le gars Bones, vous en entendrez sûrement reparler.
Une histoire fantastique, dont le scénario me fait penser à un mixte d'Alien (le film de Ridley Scott) et de Sanctuaire (le triptyque de Xavier Dorison & Christophe Bec).
Une tension permanente et une atmosphère angoissante (voir oppressante) pour une descente en enfer très bien servit par un dessin nerveux et obscure qui rendrait claustro le plus téméraire d'entre nous.
Une petite maladresse au niveau des quelques dialogues en Allemands (une petite quinzaine de bulles non traduites) qui ralentissent et compliquent la lecture.
Sinistre à souhait cette BD originale vaut le détour !
Alors oui, vous allez me dire, c'est facile, voire même, c'est louche.
Il a financé la Bd sur Sandawe et il vient nous dire qu'il aime. En plus, quand on voit son avatar, on se dit que c'est de plus en plus louche.
C'est bien Bones qui m'a dessiné mon avatar. Ca fait partie de ces petites choses qui ne se passent que sur Sandawe. Parce que Bones, je ne le connais que virtuellement.
Et sa bd est un vrai régal , à condition de ne pas se tromper dans ses attentes. Déjà, ici, il est classé dans le genre '' guerre'', ce qui est une erreur car c'est du vrai, du bon '' Fantastique''. Les fans de Lovecraft vont en baver de plaisir. La guerre de 14-18 n'est ici qu'un prétexte. Cohérent avec le scénario, mais un prétexte qui nous emmène, au détour de planches riches en détails historiquement vrais, dans l' inconnu des origines de l'humanité.
Du déjà vu, me direz vous. Certes. Mais l'atout majeur de cette série, c'est ce dessin, anguleux mais lisible, noir ( très noir) mais lumineux. Bref du pas formaté, mais accessible et compréhensible. Les analogies à Mignola ou Franck Miller ont souvent été évoquées, entre édinautes. Le séquençage est excellent et permet de maintenir la tension ( et l'attention) du début à la fin.
Cette fin, qui se prête à plusieurs interprétations possibles, nous laisse dans l'attente impatiente de la suite.
En bonus, vous pourrez télécharger ( gratuitement) ou faire imprimer via Amazon ( pour un prix pas trop dérisoire, hélas) le synopsis de l'album avec l'intégrale des planches en Noir et blanc, qui sont du pur bonheur.
Un seul petit bémol : des bulles en allemand non traduites qui gênent un peu, car elles sont importantes pour la compréhension immédiate de la lecture. Mais bon, on ne peut pas faire un sans faute du premier coup.