La dernière Rose de l'été
Une BD de Lucas Harari chez Sarbacane - 2020
08/2020 (26 aout 2020) 179 pages 9782377314768 Grand format 401072
Policier intimiste hitchcockien d’inspiration Nouvelle Vague, « La Dernière Rose de l'été » revisite le récit d’ambiance avec une grâce épurée. Une esthétique léchée, des couleurs hypnotiques et un don singulier pour établir des atmosphères mystérieuses : pas de doute, c’est bien le nouvel Harari ! C’est l’été. Léo, jeune rêveur parisien caressant l’espoir de devenir écrivain, bosse dans un lavomatique en attendant de trouver l’inspiration pour son grand œuvre. Un soir, il croise par hasard un cousin qui lui propose de garder sa maison... Lire la suite
C'est un beau coup commercial. On reprend l'auteur du tres reussi " L'aimant" . On lui donne un tres bel ouvrage a reliure en s'assurant que le cote esthetique soit bien soigne.
Alors oui le graphisme est bon, tres bon meme, il y a des airs du grand Loustal, on tourne les pages d'un bord de mer agreable. Et le scenario? Ben, il y a des meurtres, un commissaire qui passe dire bonjour, peu de suspects, une intrigue qui se resout mais sans enquete, aucune psychologisation des personnages, aucune empathie ne pouvant se developper pour des personnages aussi plats. Non, on continue a jouer au volleyball sur la plage.
Un modèle de découpage de BD...
C'est ce qui m'a sauté aux yeux en lisant Dernière rose de l'été.
Ici, Lucas Harari nous plonge dans la vie de Léo, adulte d'âge moyen qui rêve de devenir écrivain. Il passe quelques semaines dans une villa idyllique, prêtée par son cousin, lorsqu'une affaire de meurtres en série vient défrayer la chronique...
Les graphismes sont magnifiques ! Il y a du Chaland dans la ligne claire d'Harari, mais aussi du Burns dans ses ombrages au noir. Les architectures des bâtiments, notamment les villas et leurs intérieurs, sont particulièrement bien soignées. La colorisation est admirable, avec un effet moiré maîtrisé. Un plaisir pour les yeux !
Surtout, la narration graphique est exceptionnelle, avec des cadrages dignes d'un as du storyboard (on appréciéra notamment les travelling devant la villa, le zoom/dézoom lorsqu'il se coupe au rasoir...). Ses choix de cases sont pesés au millimètre près, avec de l'audace et une efficacité sans pareil.
Le scénario est prenant, dynamique, avec un versant assez psychologique. Quoique la scène finale avec le « serial killer », un peu déroutante, nous demandera de faire appel à notre sens de la déduction, pour raccomoder nous même toutes les ficelles de l'histoire.
Au final, une oeuvre aussi chaleureuse par ses thématiques et ses couleurs, que refraichissante par sa modernité. Même si la place des femmes y est un peu discutable, avec une sorte de « Lolita », j'ai pris beaucoup de plaisir à la lire.
Un auteur à suivre...
Mmouais bof ... Si graphiquement l'ensemble est très plaisant (avec une jolie ligne claire tout en sobriété et une magnifique colorisation), hélas l'histoire se montre moins convaincante. Le début est très prenant, une bonne atmosphère un peu angoissante s'installe mais la fin en queue de poisson se montre décevante, avec un certain nombre de pistes qui n'aboutissent même pas.
Au final il en ressort un goût d'inachevé et on termine la lecture en se disant : "Tout ça pour ça ?".
Difficile de ne pas se laisser envoûter par les bords de mer que présentent l'album! C'est beau! Trop beau! Ça donne envie d'y être! L'intrigue, elle aussi, est assez prenante, mais il est vrai qu'à la fin de l'album certains bouts ne seront pas raccordés.. La fin de l'histoire m'a laissé perplexe, pour ne pas dire légèrement déçu, comme arrivée trop rapidement, sans réponses. Un bon moment de lecture, mais qui ne satisfait pas totalement.
Déjà... Tout est magnifique.. L'objet livre comme souvent chez @editionssarbacane, les paysages, les personnages, les couleurs... L'ambiance est lourde, la chaleur et la tension sont palpables... Et nous voilà immergé dans un bon vieux polar Hitchcockien... C'est mon coup de cœur BD de l'année... Peut-être aussi parce que ces paysages, ces lieux me rappellent mes lieux de villégiature au bord de l'estuaire de la Gironde...
J'ai été plutôt surpris par la grandeur de l'édition qui ne fait pas dans la demi-mesure. Cela donne lieu à de magnifiques planches dans un format quasi cinématographique. Pour une fois qu'il y a de la place !
Le dessin pour autant rappelle le temps d'Hergé c'est à dire la ligne claire. J'ai bien aimé dans l'ensemble d'autant que les bulles de dialogues ne sont pas inutilement chargée. Il y a même des scènes contemplatives de ces paysages en bord de mer. C'est presque magique par moment tant c'est beau esthétiquement.
On se laisse vite baigner par l'ambiance assez légère. Le personnage principal Léo se laisse envahir par le désir. Ce trentenaire a quitté son lavomatic parisien pour garder la villa de son cousin qui se situe dans un cadre idyllique qui fait presque carte postale.
Cependant, cela va tourner au polar dans un style Hitchcock et cela ne sera pas forcément crédible ou original. Je m'attendais à beaucoup mieux pour la fin. Trop de pistes et peu de réponses satisfaisantes (qui a tué le chat?).
Au final, c'est quand même satisfaisant tant le dessin avec ses vives couleurs sert bien l'intrigue un peu tortueuse. Du grandiose au niveau de la mise en forme mais un scénario légèrement décevant.
Il manque 100 pages !
Et oui, vu le rythme, il manque toutes les réponses aux mystères soulevés ... quid des personnages, quid des deux enquêtes ?!
Fort heureusement on peut avancer qu’il manque 100 pages tant le dessin, les couleurs, le dialogue, sont beaux et subtils et que l’on aimerait continuer ...
Bref, c’est beau mais un peu dommage car on reste sur sa faim ... sauf à n’en retirer que la parabole philosophique ... et imaginer que Léo et Lucas Harari ne font qu’un !
superbe album mérite le top 10 . on est en plain dans la ligne claire avec de magnifiques couleurs et un scénario qui tient la route a consommer sans modération
Après « L’Aimant », c’est avec une impatience non feinte que l’on attendait la nouvelle œuvre de Lucas Harari. L’auteur quitte ainsi l’atmosphère montagnarde hivernale des Alpes suisses pour épouser la douceur méditerranéenne, dans un cadre solaire idyllique. « La Dernière Rose de l’été » peut se résumer comme un thriller hitchcockien à l’ambiance contemplative, évoquant le cinéma de la « Nouvelle vague », avec un zeste de farniente, de liaisons dangereuses et d’amours esquissées.
Traité en apparence comme un thriller classique avec une enquête policière à la clé, « La Dernière Rose de l’été » comporte une dimension supplémentaire. Car comme avec le précédent opus de Luca Hariri, tout va se jouer au-delà des apparences malgré une apparente fluidité narrative, avec l’intrusion diffuse du mystère. Derrière le décor luxueux d’une villa d’architecte en bord de mer, la tension psychologique va s’accentuer pour laisser place à un cauchemar éveillé jalonné de visions perturbantes et d’images subliminales, desquelles l’auteur ne livrera guère de clés. Les personnages évoluent dans un théâtre d’ombres chinoises où l’on n’est jamais sûr de rien, où l’on ne sait jamais exactement qui manipule qui. Cela pourra dérouter le lecteur avide de réponses toutes faites, que les références à « Martin Eden » de Jack London ou aux traditions chamaniques via les statues hopis du père de Rose ne viendront pas tranquilliser.
Contrastant avec la tragédie annoncée du récit, l’élégante ligne claire de Lucas Harari, un rien rétro, est sublimée par le choix des couleurs vives, bien adaptées à cet environnement balnéaire qui immerge littéralement le lecteur, tout comme les superbes scènes nocturnes aux mille nuances bleutées. Comme dans « L’Aimant », l’architecture tient une place importante, en particulier par l’entremise de la magnifique villa de Georges Plyret perchée sur une falaise. Et tout cela contribue à créer une atmosphère unique nimbée d’une plaisante aura littéraire où le glamour convole avec le mystère. La Beat Generation n’est pas loin… Graphiquement, on peut évidemment penser à Hergé (Leo étant une sorte de Tintin écrivain par sa jeunesse célibataire et candide, comme l’était Pierre dans « L’Aimant »), mais « La Dernière Rose de l’été », c’est aussi un peu la rencontre entre Charles Burns et Jacques de Loustal, dans une zone où l’étrangeté du premier dialoguerait avec la mélancolie radieuse de l’autre.
L’éditeur Sarbacane, qui a su faire preuve de flair avec cet auteur talentueux, nous sert l’histoire dans un superbe écrin : impression en grand format sur du papier de qualité, le tout habillé d’une jolie couverture toilée, de couleur rose comme il se doit. « La Dernière Rose de l’été » se voit ainsi hissée au statut de « Beau livre », véritable plaisir de collectionneur, dont les pages sont comme autant de pétales se déployant au fil du récit pour exhaler des aromes envoûtants et intemporels, à condition d’en accepter les épines… En somme, le livre parfait à déguster avant d’aborder les premiers frimas de l’automne.
[:: SPOILERS ::]
Qu’il est dur de confirmer après un 1er titre réussi ! Lucas Harari, comme tant d’autres avant lui, aura buté sur cet écueil… Après « L’aimant », album à la force incroyable, j’avoue que j'espérais mieux de « La dernière Rose de l’été ».
Harari a su créer une superbe ambiance mais n’arrive pas à la maintenir sur la durée. Et le rythme en pâtit. Les 100 premières pages se lisent très rapidement (trop rapidement?) et se passent sans évènement majeur avant que la sauce ne prenne enfin. Mais les 30 dernières pages basculent plus ou moins dans le thriller, ce qui n’était pas le mode narratif employé jusque-là. On sent alors qu’il est moins à l’aise graphiquement, son trait n’étant guère adapté à l’action. Et scénaristiquement, ce passage est aussi moins crédible.
Si visuellement l’ensemble est splendide avec cet encrage contrasté et ces couleurs éclatantes légèrement texturées, le récit pêche un peu par mollesse et manque d’acuité. Il y a pourtant de très bons personnages, un décor parfait, une ambiance idéale. Les ingrédients rêvés pour une histoire prenante ! Sauf qu'il n’y a pas vraiment d’histoire. On a plus l'impression d'un simple fait divers auquel le héros, falot, participerait de loin et malgré lui. Le dénouement n’apporte pas les réponses attendues et on ne sait pas ce qu’il advient des protagonistes : le docteur, Rose, le cousin... Les autres jeunes, aussi, qui auraient pu servir de contrepoint ne font que de la figuration. Et l’inspecteur ne clôt même pas son enquête.
Par ailleurs l’auteur fait une fixette sur « Martin Eden » de Jack London qui revient du début à la fin. Je connais mal ce livre, je n’ai donc pas forcément saisi les références ni su s’il y avait un intérêt à avoir focalisé ainsi sur ce roman.
A côté de ça, les dialogues sont très bien écrits. Ils fourmillent de petites bizarreries subtiles qui résonnent comme des indices à déchiffrer. C’est là qu’est le talent immense de cet auteur. Il n’a pas son pareil pour instiller un climat mystérieux, des personnages qui se toisent et se tournent autour, du silence, une violence indistincte et contenue, une forme de psychose contagieuse, un background esthétique et distingué qui flirte avec le fantastique. Ses planches ont toujours une étrangeté inquiétante et vibrent d’une menace invisible et pesante. La magnifique couverture en témoigne. Cela me fait penser au films de Dominik Moll ("Harry, un ami qui vous veut du bien", "Lemming"…) ou "Swimming pool" de F. Ozon.
Tous ces éléments sont bien présents dans « La dernière Rose de l’été » mais sont comme éparpillés au hasard, sans être au service d’une intrigue qui se resserrerait, révèlerait des choses cachées et ferait sens. C’est plutôt le contraire. La trame de l’histoire est assez ténue et n’aboutit nulle part. Pas même à l’éclosion du personnage principal, Léo, comme écrivain. Je m’attendais à découvrir sa littérature à la fin mais rien, pas une page, pas une phrase. Pas de mise en abîme non plus comme dans l’épilogue magistral de « L’aimant », ni rebondissement, ni fausse piste, pas plus qu’un rôle quelconque joué par la collection d’art ou l’architecture de la villa… bref, rien qui donnerait corps à l’histoire. Ici, tout semble survolé de haut, sans enjeu clair. Et toutes les petites anomalies aperçues ici ou là, tous les personnages un peu étranges glissés habilement au fil des planches (le maçon, le voisin, le chat…) ne servent finalement à rien.
Je suis un peu sévère mais je suis frustré car je n’avais pas envie d’être déçu par cet auteur auquel je crois. Je me rends compte que j’en attendais sans doute trop. Objectivement cela reste un bon album, superbement dessiné et mis en couleur, particulièrement bien édité par Sarbacane (format XL, dos toilé, papier épais). Et je continuerai évidemment à suivre Lucas Harari dans ses prochaines publications.
En attendant je vous invite à vous précipiter sur « L’aimant » si vous êtes passé à côté et à laisser votre curiosité se piquer à cette dernière Rose de l'été.