La dernière Ombre
1. Chapitre I
Une BD de Denis-Pierre Filippi et Gaspard Yvan chez Vents d'Ouest - 2021
04/2021 (23 avril 2021) 46 pages 9782749307954 Grand format 422687
L’imaginaire pour transcender la guerre. À bout de forces, un groupe composé de soldats et de civils russes s’éloigne péniblement du front. La première guerre mondiale s'étire et si cet ignoble conflit meurtrit les corps, il épuise aussi les esprits les plus sains. Pour soulager le moral des troupes, le soldat Zvoga, ancien capitaine de son état, préconise une halte dans un manoir isolé près duquel ils passent. Ce n'est pas du goût de son lieutenant, mais ce sera l’occasion pour le « Doc. » de soigner les blessés et d’offrir à ses filles qui l'accompagnent,... Lire la suite
Le récit se passe durant la révolution qui a renversé le Tsar Nicolas II en Russie en proie à la guerre contre les allemands dans un premier temps. On suit le destin d'un petit groupe fuyant les combats et qui se retrouve dans une étrange demeure appartenant à une aristocrate.
Il y a une influence par rapport à l'excellent film « Le Labyrinthe de Pan ». En effet, nous avons des enfants qui vivent cachés et qui fantasme la triste réalité. C'est la guerre avec ses pires atrocités. Les soldats sont représentés par des figures lugubres qui font effroi. Bref, il s'agit d'oublier l'horreur. Au niveau du registre, c'est du déjà-vu.
C'est assez triste comme récit mais également avec une part de mystère qui fait qu'on ne sait plus très bien où s'arrête la réalité. Cette première partie appelle à une seconde qui va clôturer ce récit. On sent tout de même la tragédie arriver avec de terribles choix à opérer en conséquence.
Le dessin est vraiment très beau et magnifie les décors jusqu'aux détails. Cela sera d'ailleurs la première chose qui frappera le lecteur. Les couleurs donneront le ton également de ce récit qui se passe dans le grand froid de la Russie. Cela donne en tous les cas l'envie de lire.
Au final, on attend la suite qui a sans nul doute un bon potentiel.
L'intrigue de ce premier tome est assez simple, sa linéarité temporisant l'émergence d'une véritable tension dramatique. Si l'on nous présente rapidement une intéressante galerie de personnages tout à fait identifiables (l'officier froid et martial, l'adjoint rebelle, le médecin idéaliste et ses deux filles, le groupe d'enfants,...), le mystère peine à s'installer malgré quelques visions fantastiques dont nous n'aurons l'explication que dans la conclusion du diptyque. En dévoilant trop (les enfants) ou trop peu (les créatures), Denis-Pierre Filippi semble partir sur un tempo de série longue alors qu'il devra résoudre ce qui a à peine commencé dès le prochain tome. On est du coup un peu sceptique sur les possibilités d'accroche sur le seul volume deux...
Reste une atmosphère feutrée loin de la fureur des tranchées, un monde des rêves que l'on soupçonne au travers de ces quelques visions fantasmagoriques non expliquées et des personnages nombreux qui permettent une avancée rapide et au lecteur de rester au contact en savourant chaque case. Ayant la forme d'un préambule, La dernière ombre ne convainc pas totalement (comme le récent Elecboy) tout en évitant de nous ennuyer, grâce à des dessins superbes, un art du dialogue très pro de Filippi et une once de mystère qui suffit à nous donner envie d'attendre les révélations du prochain opus.[...]
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