Le der des ders
Une BD de Jacques Tardi chez Casterman - 1997
11/1997 78 pages 2203399066 Format normal 20 à 25 euros 1102
Pour Eugène Varlot, ancien Poilu de la Grande Guerre reconverti en détective privé, les lendemains de victoire ont un goût plutôt amer. Tenaillé par un cauchemar obsédant qui le replonge dans l'enfer des tranchées, le voici engagé par un certain colonel Fantin. L'homme nourrit quelques doutes quant à l'intégrité conjugale de son épouse. Et Varlot, bien malgré lui, revivra des épisodes forcément douloureux du conflit...
C'est une excellente BD de Tardi. Après avoir oeuvré pour Adèle Blanc-Sec, Tardi s'est tourné vers le polar social, en adaptant Léo Malet avec la série des Nestor Burma. Ici, il est également question d'un détective privé, et on peut noter des similitudes avec Nestor Burma. Mais surtout, Tardi imprime sait ce qu'il sait faire le mieux : des personnages bien croqués et particuliers, une intrigue qui multiplie les fausses pistes mais qui reste néanmoins prenante, un dessin en noir et blanc retranscrivant une ambiance à la fois lourde et désabusée, avec en prime le contexte du Paris du début des années 1920, ainsi qu'un événement historique dont on parle peu. Bref, c'est un très bel album.
Daeninckx mêle comme personne polar et histoire. Eugène Varlot, détective, revient de la première guerre mondiale et mène donc son enquête dans un Paris à l’ambiance bien particulière. Qui mieux que Tardi pour mettre cette histoire en images ? On est là dans son domaine de prédilection. C’est à la première personne que Tardi mène sa barque, Varlot nous raconte tout, ses cauchemars d’après guerre, cette enquête qui va vite le dépasser.
Pour le reste c’est du Tardi, noir et blanc, pavés et façades de Paris… ça plait à certains, pas à d’autres ! Moi je ne m’en lasse pas…
Le der des ders est un vrai polar en noir et blanc qui a une connotation historique très intéressante. L’action se situe en 1920 c’est à dire après la première guerre mondiale qui a marqué les esprits et qui a surtout sacrifié toute une génération de braves gens.
Le héros est un détective privé qui exerce une activité pour le moins décriée. Il fait du fond de commerce lié aux conséquences dramatiques qu’avait nécessairement impliqué cette guerre sur les couples. Cependant, il va être mêlé progressivement à une affaire qui le dépasse totalement. Il y aura bien entendu des fausses pistes pour brouiller la vérité. Bref, les trucs habituels du genre…
J’ai bien aimé jusqu’à la fin que j’ai trouvé trop abrupte. Il est vrai qu’on ne la voit pas se terminer ainsi. Cela m’a quelque peu gâché mon plaisir. Bien entendu, ce n’est pas à moi de dicter la conclusion d’un récit. Il faut cependant que l’auteur prépare son lectorat à comment il va conclure son histoire. Tout est dans la manière de réaliser la chose.
Sinon, rien à redire sur le travail remarquable de Tardi au niveau du dessin et des recherches historiques. Après, il y a des histoires sur lesquelles on se passionne et d’autres qui déçoivent un peu. Celle-ci demeure pas mal malgré une fin insatisfaisante.
Un excellent polar, surtout pour qui, comme moi, aime le style de Tardi. L'intrigue se dévoile petit à petit, avec parcimonie, et ce n'est que dans les toutes dernières pages que l'on a la clé de l'énigme. Une enquête compliquée, une atmosphère délectable (le Paris de 1920, sur fond de troubles sociaux et de trafics en tous genres), un dessin très typé qui installe une sacrée ambiance ... bref ce récit à suspense se lit avec beaucoup de plaisir.
Fin de la sale guerre, au coeur de Paris, cette enquête du détective Varlot est redoutable. L'énigme est menée de mains de maître par ce duo Daeninckx-Tardi dans une retranscription de la vie à Paris à cette époque comme seul ce dessinateur sait le faire.
L'histoire, sur fond de crise sociale, contentera les inconditionnels de Tardi et intriguera les novices.
A conseiller....
Daeninckx a l'habitude de nous offrir des intrigues sur fond historique tout à fait décapantes. Celle-ci n'échappe pas à la règle puisqu'elle débute par le massacre d'un régiment russe, stationné en France, et qui prend fait et cause pour la Révolution d'Octobre.
Ce sont des soldats français avec des canons français utilisant des obus français qui materont dans le sang cet épisode réel mais peu connu de l'Histoire.
En s'acoquinant avec Tardi, Daenincksx joue gagnant car ses tics d'écriture disparaissent derrière la majesté du dessin. Qui mieux que Tardi sait nous peindre Paris, qui mieux que lui sait donner de la couleur au noir et blanc ?
Ce Paris de la fin de la boucherie de la "Der des Ders" a sous sa plume un côté magique, magnifique, inégalable.