Déogratias
Une BD de Jean-Philippe Stassen chez Dupuis (Aire Libre) - 2000
10/2000 78 pages 2800129727 Grand format 2067
Dépenaillé, les yeux brûlants de fièvre, Déogratias erre dans les rues de Butare, au Rwanda. Déogratias, pauvre fou, a besoin d'urwagwa, toujours plus d'urwagwa, la bière de banane. Pour oublier. Pour oublier qu'il n'est plus qu'un chien terrorisé par la nuit. Pour oublier les cauchemars qui le hantent. Pour oublier que lui, le Hutu, a lâchement assassiné les femmes Tutsi qu'il aimait. Mais peut-on effacer de son esprit et de son corps la trace poisseuse du sang et le goût salé des larmes ?
Il ne suffit pas d'exploiter un thème très sérieux comme un génocide pour obtenir mon adhésion ne serait-ce que par sympathie. Encore faut 'il que cela soit traité correctement. Au fil de ma lecture, la construction et les enchaînements sont si mal réalisés qu'on ne sait plus où l'on se situe réellement au niveau des flash-back sur l'avant et l'après.
Des contradictions, un contexte inexpliqué : cette BD se contemple comme une forteresse imprenable. C'est âpre et dur à la fois mais les promesses de cette Bd ne sont pas tenues. C'est bourré d'idées mais trop complexes pour convaincre.
Par ailleurs, le dessin ne m'a pas convaincu tant le trait semble gras et simpliste. C'est vrai que le graphisme est une question de goût personnel. En l'espèce, je n'adhère pas.
Pour autant, j'admets que l'auteur avait au moins essayé de faire passer un message selon sa propre construction. Je dois également tenir compte de cela dans ma notation pour éviter la note minimale.
Stassen évoque le génocide rwandais à travers le destin de Déogratias, un jeune Hutu qui fréquente des femmes Tutsi. L'histoire se situe avant et après les massacres, mais les trop nombreux flashback nuisent à la lecture du récit.
Du très bon travail et surtout une bonne claque une fois la lecture terminée.
L’auteur traite de manière intelligente, sans jugement et non rébarbative un sujet assez rare en BD : le génocide au Rwanda.
Point de détails historiques et d’actions superflues ici, mais plutôt un témoignage à travers l’histoire bouleversante d’un adolescent (Déogratias) détruit mentalement par les conséquences d’une guerre civile. Quel talent ce Stassen ! Tout est relativement bien maîtrisé : les graphismes, les couleurs, les personnages, le petit côté fantastique, les différents flash-back…Je l’ai lu deux fois et la relecture est encore meilleure.
A découvrir si ce n’est pas encore fait.
c'est tres mauvais mais alors trés- s'il suffisait de faire une bd sur une guerre pr qu'elle soit bonne .... bref tant niveau scenar que dessin c'est une des pires bd que j'ai lu- certains vont aimer, voir adorer, un peu comme ces critiques professionnels de cinema qui ne peuvent crier au chef d'oeuvre que s'il s'agit d'un film slovaque en noir et blanc, ou il se passe rien- bref faut donner une opinion sincere et pas tenter de se demarquer culturellement
bref- j'ai trouvé le scenario totalement vide- court- ca se lit en 15mn et assez inintereessant- en fait y a pas vraiment d'histoire racontée -j'ai l'impression que les auteurs meublent avec des pages ou y a 2 lignes et de grands dessins- la repetition du gosse qui a soif est super lourde. Certes le contexte de cette bd ne peux laisser indifferent- mais au final ça devrait pas se faire à travers une bd, qui est trés mauvaise en plus......
Comment décrire une chose d’indescriptible comme le génocide du Rwanda ? En décrivant la vie de Déogratias avant et après le génocide via des flash-backs habiles, Stassen parvient à nous faire imaginer l’atrocité de ce qui c’est passé pendant le génocide sans pour autant coller une image dessus et c’est bien là que se situe la force de cette bd ! Comment raconter une folie collective avivée par une propagande raciste des médias (qui devrait en faire réfléchir plus d’un chez nous) et qui fait que l’on tue ses proches, ses voisins et ses amis de façon la plus horrible qu’il soit ?
Même si Stassen a le mérite de décrire un génocide (dont on a trop peu parlé) de façon très habile, j’ai eu du mal à m’identifier au personnage principal qui, plongeant dans l’alcool pour oublier se déshumanise totalement, errant sans but au milieu d’un décor africain très bien dessiné, ce qui m’a empêché d’entrer totalement dans l’histoire et me donne l’impression d’avoir manqué quelque chose ! J’ai donc apprécié sans accrocher, ce qui m’empêche sans doute de crier au chef-d’oeuvre comme la plupart des lecteurs, mais j’ai tout de même l’impression de presque devoir m’en excuser ... bizarre !
wow! Dur, sans concessions, sont les deux premiers qualificatifs qui me viennent à l'esprit concernant Déogratias de Stassen. Déogratias est le nom d'un jeune Hutu. Stassen nous fait vivre son histoire avant et aprés les grands massacres. Et le moins que l'on puisse dire c'est que ce n'est pas tendre.
L'histoire commence avec Déogratias qui erre dans le village après le conflit. Il a l'air d'un clochard, complètement perdu et alcoolique. Stassen nous fait vivre plusieurs jours de sa vie, passés au même rythme, où il fait inlassablement le même parcours et rencontre les mêmes gens. Paralèllement on a droit à des flash-back sur une période de la vie de Déogratias avant le conflit, sur sa vie simple, son amour frustré d'Appolinaire qu'il reporte sur sa soeur Bénigne, Tutsis toutes les deux, sur son caractère... Déogratias n'est définitivement pas quelqu'un auquel j'ai pu m'identifier, parce que Stassen le décrit médiocre, sans beaucoup d'aambition, qui se laisse entraîner facilement... jusqu'à sa descente aux enfers.
Déogratias après les massacres est littéralement devenu une bête, et Stassen le représente ainsi, comme un chien. Il fonctionne a l'instinct, un instinct primaire et très fort qui découle de ce qu'il a vécu. On ne s'identifie pas à Déogratias, on ne l'aime même pas, mais on a pitié de lui, on comprend le mécanisme de déshumanisation à l'oeuvre sur lui et c'est cela qui fait peur.
Paradoxalement le dessin de Stassen est haut en couleurs, lumineux, un dessin fait pour exprimer des choses joyeuses, et c'est ce qui fait passer la pilule, et en même temps choque un peu. Déogratias avec un dessin noir et pessimiste aurait donné un album inregardable, là on lit et ça marque, ce contraste entre la gravité des événements et le dessin...
Bref, une grande réussite, qui reste dans les esprits longtemps après la lecture.