Cyparis - Le prisonnier de Saint-Pierre
Une BD de
Lucas Vallerie
chez La boîte à bulles
- 2017
Vallerie, Lucas
(Scénario)
Vallerie, Lucas
(Dessin)
Vallerie, Lucas
(Couleurs)
Firoud, Lucie
(Couleurs)
09/2017 (07 septembre 2017) 256 pages 9782849532782 Autre format 310112
Ah, la Martinique ! Saint Pierre, son jardin botanique, son port, son marché et ses rues pittoresques, sa végétation luxuriante, sa montagne Pelée... À l’aube du XXe siècle, les Occidentaux de tous horizons se pressent sur les côtes de cette colonie française pleine de charmes et d’avenir. Mais au printemps 1902, ce n’est pas l’exquis parfum du rhum et des plantes exotiques qu’exhale l’île au fleurs mais celui, nauséabond, du soufre. Et que dire des inquiétantes fumerolles qui s’échappent du sommet de la montagne Pelée ? Mais le maire et le gouverneur... Lire la suite
Même si le titre semble indiquer que le récit va se concentrer autour du personnage de Cyparis, unique rescapé de la catastrophe de 1902, l'auteur s'attache davantage à celle-ci elle même, démontrant comment l'éruption la plus meurtrière du XXème siecle a été mal appréhendée. Il nous dresse aussi une galerie de personnages, de mentalités, de décors, de costumes justes et variés qui nous émerge dans la société martiniquaise de ce début de siècle. Le sujet est parfaitement maîtrisé, documenté et il n'en fallait pas moins pour suivre la chronique d'une catastrophe annoncée. Je l'ai relu avec plaisir.
Même si le titre semble indiquer que le récit va se concentrer autour du personnage de Cyparis, unique rescapé de la catastrophe de 1902, l'auteur s'attache davantage à celle-ci elle même, démontrant comment l'éruption la plus meurtrière du XXème siecle
A chaque fois qu’une catastrophe naturelle touche un grand nombre de population et fait d’innombrables victimes, il se pose une question essentielle. Pouvez t’on éviter cela ? On ne parle pas des prédicateurs religieux qui nous assènent de moralité concernant notre débauche qui entraine automatiquement la fin du monde. On parle surtout des scientifiques, des vulcanologues qui étudient les éléments de la nature et qui sont le plus à même de donner leur avis.
La ville de Saint-Pierre était la perle des Antilles françaises. C’était la capitale culturelle et économique de la Martinique. Le 8 mai 1902 à savoir le jour de l’Ascension, une nuée ardente d’origine volcanique a tout balayé sur son passage en exterminant tous des habitants soit près de 30.000 personnes. Si une telle chose arrivait actuellement en France, on pleurerait à chaude larme et commémorerait pendant des années car cela serait la catastrophe du siècle. On parle ici de milliers de victimes et non d’une dizaine.
Là encore, les politiciens étaient plus soucieux de l’organisation d’une élection législative que de sauver des milliers de vies alors que cela paraissait évident tant les signes avant-coureurs étaient nombreux. A noter le refus du gouverneur de la Martinique soutenu par son ministère de faire évacuer la ville en assignant des messages rassurants « tout va bien, circulez, il n’y a rien à voir ! ».
Cette bd va se concentrer sur un survivant peu ordinaire à savoir Cyparis (un ouvrier de 27 ans) qui a survécu douloureusement grâce à sa prison cachot. J’avais entendu parler de cette célèbre histoire mais le temps a fait que les souvenirs se sont peu à peu effacés. Cette bd est là pour rappeler les faits. Il y aura également d’autres personnages avec des destins qui ne seront pas les mêmes. Je pense notamment à la narratrice de ce récit fort bien détaillé mais qui reste très agréable à la lecture. On plonge très facilement dans la Martinique de la belle époque.
A noter que cela a servi de leçons puisque dans les éruptions ultérieures, il y a eu très peu de victimes car on avait pris soin d’évacuer les populations concernées. Il aura fallu payer chèrement le prix. Fort-de-France a également renforcé son statut suite à la disparition de sa rivale. Saint-Pierre est devenu un gros village agricole.
Encore un mot pour féliciter l’auteur dont c’est la première bande dessinée. Réaliser une bd longue aussi bien faite, c’est assez rare de nos jours surtout pour une première. C’est réellement du bon travail avec de très beaux dessins. Il faut encourager ceux qui font de bonnes choses car c’est la promesse de lendemain encore meilleur.