Cuisine chinoise
Une BD de Zao Dao chez Mosquito - 2018
04/2018 (06 avril 2018) 86 pages 9782352834519 Format normal 10 à 15 euros 319961
La jeune prodige Zao Dao met en scène des moments de la vie quotidienne autour de l'institution qu'est la gastronomie en Chine. Avec humour et légèreté, elle nous décrit ce rapport si particulier des Chinois à la nourriture.
La première publication de Zao Dao chez Mosquito faisait saliver par sa puissance évocatrice fantastique, instillant une irrépressible envie d'avoir enfin une vraie grande histoire de démons et de chasseurs dans la Chine mythologique et il faut dire que cette Cuisine chinoise ne viens pas combler ce manque (peut-être le art-book "carnet sauvages" remplit-il cet effet... malheureusement je ne l'ai pas lu). C'est sans doute son principal défaut, car l'on sent dans chaque image la permanence de cet univers un peu cracra fait de personnages mi-hommes mi-démons, d'insectes et de fantômes aux physionomies toutes plus étranges. Certaines histoires sont un peu ésotériques notamment quand à leur chute et je pense qu'il est préférable (comme pour certains Miyazaki du reste) de prendre cette lecture plus comme des tranches d'univers culturel chinois que des récits construits. Il est probable que les codes des légendes chinoises soient assez éloignés des nôtres mais le travail graphique reste remarquable, notamment par les changements de techniques et de matériaux. L'utilisation du papier jaune notamment permet de fantastiques compositions, avec le personnage aux cheveux blancs qui revient souvent dans l’œuvre de l'artiste.
Des cinq histoires racontées dans le recueil, deux m'ont parues de longueur et de construction permettant un véritable récit. Les autres sont plus des expérimentations (la deuxième séquence sur les insectes est peut-être la plus intéressante mais aussi la plus expérimentale, intime et éloignée du thème de la cuisine: un jeune homme assouvit sa rancœur de voir ses parents se battre en massacrant des insectes, permettant un beau travail graphique, mais oh que sombre!).
- Hai Zi nous fait suivre un humain-démon passionné de cuisine et incompris et rejeté par les humains car il utilise des ingrédients dégoûtants pour ses créations. Son grand-père souhaite qu'il redevienne plus classique afin de pouvoir subvenir aux besoins de la famille grâce à leur restaurant... quand surviennent deux créatures aux goûts peu académiques.
- Haleine d'immortelle est l'histoire la plus drôle qui est la plus proche d'un documentaire sur la cuisine en expliquant l'histoire d'un gâteau soufflé en pâte de riz et qui renfermerait l'haleine fétide d'une mamie...
Au final si Zao Dao reste un auteur majeur proposant régulièrement des fulgurances et des expérimentations passionnantes, sa maîtrise des récits reste à développer et pour l'heure, personnellement je me reconnais mieux dans ses récits de fantômes même s'ils sont sous forme de simples illustrations. Son travail sur la cuisine lui aura sans doute permis d'apprendre certaines structures narratives et qu'elle nous proposera prochainement enfin la grande histoire évoquée dans le souffle du vent dans les pins...
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