Cornélius Shiel
1. La Princesse des abysses
Une BD de Patrick Mallet et Patrizio Evangelisti chez Delcourt (Machination) - 2013
06/2013 (05 juin 2013) 54 pages 9782756029092 Grand format 191338
Nul ne sait qui est réellement Cornélius Shiel. Oscar Wilde lui-même a tenté de le rencontrer, sans succès. Et pourtant, c'est à un insignifiant journaliste new-yorkais en début de carrière que l'homme le plus intrigant de cette fin de XIXe siècle choisit de confier la rédaction de ses mémoires : un récit effarant, aux relents de souffre, propre à ébranler les esprits les plus forts... un récit relatant les mémoires d'un agent du Mal.
Cornélius Shiel commence de manière assez magistrale. C'est franchement une belle entrée en matière où notre jeune écrivain va vite basculer dans le paranormal. Le récit de ce premier tome est totalement maîtrisé de bout en bout. C'est même audacieux quant au point de vue choisi et c'est ce que j'ai apprécié.
En effet, l'auteur semble démontrer que dans la lutte des forces du bien contre le mal, toutes les parties sont fautives par les exactions commises. Il va placer son héros du côté obscur c'est à dire comme le confident d'un agent du mal. Bref, il faut se préparer à être du côté de satan contre les anges de dieu. C'est quand même un peu poussif. Cependant, l'auteur trouve la manière de nous faire l'accepter et cela constitue l'originalité de cette oeuvre.
Par ailleurs, le graphisme est époustouflant ce qui ne gâche rien à la bonne idée de départ. Il y a une réelle maîtrise du dessin. Les planches et les couleurs sont de toute beauté.
Le cliffhanger final permet de relancer l'intérêt de la série qui ne va s'étaler que sur trois tomes. Cela promet d'être intéressant.
La couverture donne le ton graphique et scénaristique : deux hommes dans une bibliothèque ésotérique avec en toile de fond, une statue représentant un ange combattant un démon.
Le dessin est original, le trait appuyé et naturel s'associe à une couleur contrastée à l'ancienne avec un effet gouache. Dès la première planche, on est captivé par l'atmosphère urbaine fin XIXème avec ses clubs fermés et ses histoires mystérieuses.
Le scénario à plusieurs niveaux est intéressant. Il mêle le présent et le passé avec talent. Le récit commence de manière assez classique, un écrivain est invité chez un collectionneur, puis il s'enfonce lentement vers l'occulte pour finir sur un thème beaucoup plus magique. C'est l'histoire de Cornélius Shiel qui nous est contée, sa jeunesse, son apprentissage, ses désillusions et le combat occulte entre sorciers et magiciens. La lutte entre le Bien et le Mal est traitée sans manichéisme et annonce un développant prometteur.
L'atmosphère est très bien rendue avec un graphisme maîtrisé et des cases réparties sur les planches dans un style recherché.
Un excellent premier tome qui nous emmène dans un XIXème siècle ésotérique où s'affrontent magiciens et sorciers.