Contrition
Une BD de
Carlos Portela
et
Keko
chez Denoel
(Denoel Graphic)
- 2023
Portela, Carlos
(Scénario)
Keko
(Dessin)
<N&B>
(Couleurs)
Giacomin, Nicolò
(Lettrage)
Carrasco, Alexandra
(Traduction)
Altarriba, Antonio
(Préface)
03/2023 (22 mars 2023) 144 pages 9782207169452 Autre format 468921
La loi très restrictive de Floride interdit à tout individu condamné pour délit sexuel de vivre à moins de 1000 pieds d'un endroit où étudient ou jouent des enfants. C'est ce qui fait de Contrition Village un terrible ghetto de pédocriminels, violeurs et harceleurs. Et, forcément, quand une mort bizarre par immolation frappe l'un de ses résidents, l'enquête ne peut prendre qu'un tour de plus en plus noir à mesure qu'elle s'enfonce dans les ténèbres d'une Amérique hantée par le péché.
Un prédateur sexuel en polo rayé...
Tout en contraste, l'histoire de ce polar gravite autour d'une immolation. L'événement a lieu dans un quartier résidentiel américain assez spécial, car y habite des délinquants sexuels...
De mon point de vue, le principal intérêt de cette BD c'est ses sujets forts : pédophilie, cyberharcèlement, justice... mais aussi famille, ghettoïsation, investigation, stéréotypes, religion.
Le scénario, de Carlos Portela, assez bien mené, traite de ces thématiques avec justesse et ingénuité. Néanmoins, c'est un peu lent à se mettre en place et il n'y a pratiquement aucune scène d'action ni de grand coup de théâtre.
Côté graphisme, si les personnages sont représentés dans le style BD le plus pur, les décors eux sont calqués sur des photographies. Tout est en noir et blanc, avec des aplats noirs, mais aussi des hachures, des pointillés et autres textures particulières. C'est assez stupéfiant...
Cependant, je ne sais pas si c'est le flou des images ou à cause d'un effet moiré, mais j'ai eu une migraine au bout de 10 minutes de lecture. Cela étant dit, le thème n'est pas des plus léger non plus....
Au final, que ce soit le scénario ou bien les graphismes, cette BD est assez peu divertissante. Par contre, elle a su me bousculer un peu, m'apprendre deux ou trois choses, me faire réfléchir.
Au fond, comme pour l'effet de chiasme de la couverture, sa lecture est assez...
Incommodante.
Attention, c'est juste un mélange d'enquête (une de plus !) et de récit de vengeance (un de plus !). Pour moi, les auteurs sont complètement passés à côté de leur sujet.
Avec des pages de gardes striées de noir & blanc qui troublent la vision, le ton est tacitement donné dès le début : le contenu sera dérangeant.
En effet, il est beaucoup question de pédophilie dans « Contrition ». Mais l’immense richesse de l’album est que l’auteur s’en sert comme d’une matière à réflexion pour interpeller le lecteur et nourrir un scénario palpitant, digne des meilleurs thrillers.
L’action commence à Contrition Village, communauté américaine où les pédo-criminels tentent de se réinsérer après avoir purgé leurs peines. Quand l’un d’entre eux s’immole par le feu, une journaliste flaire que derrière la thèse officielle de la police se cache une tout autre affaire… Elle va alors mener une enquête passionnante et découvrir une vérité beaucoup plus profonde et insaisissable. Le lecteur va être happé en même temps qu’elle dans un tourbillon de rebondissements et de questions dont les réponses, forcément ambivalentes, ne seront jamais satisfaisantes ; comme par exemple : « jusqu’où les gens peuvent-ils agir sous l’emprise d’une autorité néfaste ? » ou « faire de mauvaises choses fait-il de vous une mauvaise personne ? ».
L’intelligence de l’écriture est redoutable et nous préserve de tout pathos, tout parti pris polémique ou politique. Un pur plaisir de lecture.
Carlos Portela et Keko (dessinateur de la prodigieuse « Trilogie du Moi ») signent une œuvre extrêmement puissante, aussi fine que complexe. Un grand roman graphique.
A mon avis, faut le lire après avoir lu "Perpendiculaire au Soleil".
On suit une enquête journalistique sur fond de rémission / contrition des différents pédophiles que "composent" cette histoire.
Est-ce que le pardon est possible? est-ce que la rémission est possible? Est-ce que l'homme a le droit à une seconde chance?
Et bah ce livre nous dresse un tableau de l'ensemble de ces questions.
C'est passionnant, mais ce n'est pas aussi noir que le dessin peut le laisser imaginer.
Je suis presque un peu déçu, mais en même temps surpris, car le scénariste et le dessinateur ont pris une certaine hauteur, voire pudeur, dans le traitement du sujet.
La violence est psychique, psychologique plus que physique... pas besoin de dessiner la violence quand on peut la ressentir!
C'est très réussi. A lire!