Comédie sentimentale pornographique
Une BD de Jimmy Beaulieu chez Delcourt (Shampooing) - 2011
01/2011 (05 janvier 2011) 282 pages 9782756024615 Autre format 118873
Entre Corrine et Louis, tout débute de façon conventionnelle. Pourtant, très vite, Corrine prône l'amour libre et Louis plonge en pleine crise existentielle. En parallèle, Martin G. soigne ses chagrins d'amour en se lançant dans l'écriture pornographique. Pour Corrine, Louis, Martin et les autres, la vie est un jeu. Mais derrière cette impression de légèreté, chacun est en quête de sens.
C'est la seconde oeuvre de Jimmy Beaulieu que je poste sur le site après le fameux -22°C. C'est un auteur canadien qui a le don de bien dessiner ses personnages féminins. J'aime bien son trait.
Pour autant, au niveau du scénario, rien de vraiment emballant ! Nous suivons la vie sentimentale d'un artiste, auteur de bande dessinée trentenaire dans le genre dépressif c'est à dire en proie au doute. Le tout est joyeux et léger mais sans véritable saveur malgré quelques scènes érotiques. Le titre est franchement trompeur car l'oeuvre ne s'inscrit pas du tout dans une vague porno. Cela fait plus penser à la série également canadienne des "Paul" !
J'ai du mal à me faire à l'univers de cet auteur malgré d'indéniables qualités graphiques.
On sait que l'auto-fiction prolifère avec une belle ardeur aux USA, permettant à la BD anglo-saxone de s'affranchir enfin de l'obsession des comics pour les super-héros. On sait moins que le Canada, et le Québec en particulier, a rejoint le peloton des pays à la pointe de la BD moderne, et la lecture de cette "Comédie Sentimentale Pornographique" en devient du coup un plaisir, ne serait-ce que par la découverte d'autres décors, d'une autre langue, qui colorent d'une subtile singularité (de notre lointain point de vue) les affres habituelles de la vie amoureuse de nos sempiternels artistes un peu paumés. La bonne idée de Jimmy Beaulieu, c'est d'animer ses chroniques dépressives (la vie des trentenaires largués a la même allure de part et d'autre de l'Atlantique, dirait-on !) d'une jolie touche d'érotisme (parler de "pornographie" me paraît pour le moins excessif...), et de nous montrer la sensualité féminine, joyeuse et légère, comme contre-point (et contre-poids) aux doutes existentiels de ses "mâles". Sinon, on est quand même là en plein milieu de ce qui, depuis une dizaine d'années, est devenu une sorte de nouveau cliché de la BD auteuriste (la quête du sens), et pour lequel on a désormais un peu de mal à se passionner.