Clyde Fans
Une BD de
Seth
chez Delcourt
(Outsider)
- 2019
Seth
(Scénario)
Seth
(Dessin)
<Bichromie>
(Couleurs)
Bertrand, Nicolas
(Lettrage)
Triou, Laurène
(Traduction)
10/2019 (13 novembre 2019) 478 pages 9782413011248 Autre format 372223
L'action se déroule dans un immeuble de Toronto, dans les années 1950, et dans les années 1970, au moment où l'entreprise fait faillite. Le récit mélange le parcours familial des frères Matchcard, abandonnés par leur père lorsqu'ils étaient enfants et dont la mère est sur le point de décéder, ainsi que le déclin de leur entreprise de ventilateurs devant l'avènement de l'air conditionné.
Un roman graphique copieux : 500 pages, et qui a demandé 20 ans d'écriture à l'auteur.
Certains passages sont intéressants pour refaire vivre une époque, et pour peu que l'on s'intéresse aux techniques de ventes des ventilateurs.
J'ai trouvé cependant que l'histoire était beaucoup trop longue par rapport aux propos. Je ne suis pas fan non plus des graphismes, que je trouve froid, ce qui n'aide pas la lecture de l'histoire bien morose des deux protagonistes.
Cette BD, c'est avant tout une ambiance. La fin d'une époque, la mort des petits commerces... Servent avant tout à créer une oeuvre dédiée à la mélancolie.
Les graphismes sont épurés mais parfaitement maîtrisés. Pleins de petits détails, que ce soit dans les dessins ou dans les petites anecdotes.
Une très bonne BD, pas vraiment joyeuse mais pas plombante non plus.
Franchement, je n'ai jamais rien lu de comparable.
4/5 ça mérite clairement d'être découvert.
c'est avant tout un roman graphique qui revient sur la chute d'une petit société (qui s'est faite bouffer par la mondialisation) au travers de la vie d'une famille qui fabrique des ventilateurs.
Les dessins sont propres et il y a énormément de rappels entre les cases qui renforcent l’envie de décoder toutes les vignettes - mais aussi plein de défauts entre ses rappels qui m'ont agacés.
5 couleurs suffisent à enluminer ce pavé de 480 pages.
Je n'ai pas su m'identifier aux personnages présentés, mais j'ai ressenti tout ce qu'ils ont pu vivre: c'est pour moi la force de cette BD, faire passer des émotions que l'on ne voit rarement dans le 9éme art.
Lire Clyde Fans, c’est d’abord avoir entre les mains un bel objet à la couverture ajourée, glissé dans un épais coffret richement illustré.
Mais lire Clyde Fans c’est surtout se lancer dans une (très) longue errance, indolente et feutrée.
Une errance dans le temps d’abord, où l’on suit à travers plusieurs époques (1957, 1966, 1975, 1997) le parcours de deux frères, gérants de « Clyde Fans », la marque de ventilateur créée par leur père.
Une errance ensuite dans cette mémoire familiale bordée de névroses, véritable chronique de l’absence : absence du père, absence de sentiment, absence d’idéal… Seth n’a rien laissé au hasard. L’œil du lecteur, à force de se poser sur les innombrables détails dont chaque case foisonne, s’imprègne imperceptiblement de l’atmosphère figée qui y règne. Il devient le témoin d’une lutte invisible et sinistre entre les êtres et les choses, et finit par ressentir ce vide.
Une errance aussi dans une Amérique ripolinée de carte postale, actrice principale de cette histoire, avec ses fast-foods, ses boutiques, ses buildings, ses bagnoles, ses pubs… Seth la dépeint dans une gamme de bleu et gris sur papier crème, en en faisant un univers silencieux et fané. Cette Amérique-là a quelque chose de vaguement inquiétant. Il s’en dégage une poésie nostalgique, faite d’innombrables bribes d'un monde révolu, dont il ne reste rien d’autre, finalement, que des souvenirs tristement inutiles.
Évidemment, 500 pages, c’est parfois long ! Certains passages en deviennent interminables et monotones. Mais je pense que l’auteur l’a sciemment fait exprès. Puisqu’il décrit justement l’emprise du temps qui calfeutre, qui empoussière, qui assèche, qui racornit, qui aliène et rend toute chose inerte et vide de sève. Au bout de la lecture, c’est une lourde mélancolie, sombre et prégnante qui l’emporte et règne sans partage sur l’ensemble de l’œuvre.
Aucun amateur de roman graphique ne passera à côté. Mais à 50€ le livre, peu de lecteur d’albums classiques, c’est sûr, se risqueront à en faire l’achat. Je n’en connais pas le tirage mais je parie que les ventes ne se conteront pas en dizaines de milliers d’exemplaires...
Donc lire Clyde Fans, c’est enfin avoir une BD rare, exclusive et exigeante comme il en existe peu.