Les cités obscures
12. Le Retour du Capitaine Nemo
Une BD de
Benoît Peeters
et
François Schuiten
chez Casterman
- 2023
Peeters, Benoît
(Scénario)
Schuiten, François
(Dessin)
<N&B>
(Couleurs)
Schuiten, François
(Couleurs)
10/2023 (25 octobre 2023) 90 pages 9782203254398 Grand format 482133
Un être hybride émerge des eaux. À la fois créature animale et engin sous-marin, le Nauti-poulpe abrite à son bord un homme amnésique. Où l'emmène ce petit vaisseau qui arpente des lieux plus ou moins familiers ? « Capitaine, j'étais capitaine... Je suis le capitaine Nemo. » Porté par d'impressionnantes images en noir et blanc, le récit nous fait suivre le héros des romans de Jules Verne Vingt Mille Lieues sous les mers et L'Île mystérieuse, à qui Schuiten et Peeters imaginent un nouveau destin. Dans ce très beau livre se mêlent la bande dessinée,... Lire la suite
Il faut savoir que 5000 nouvelles BD sortent chaque année en France dont 1000 rééditions. La plupart des BD sont d'ailleurs de suites à des séries déjà existantes et qui viennent compléter les catalogues de chaque éditeur. C'est beaucoup et on dispose d'un large choix. Encore faut-il ne pas se tromper...
Bon, je ne vais pas y aller par quatre chemin : malgré la renommée des auteurs, je n'ai pas vraiment aimé cette BD qui se situe pourtant dans l'univers des fameuses « cités obscures » qui ont fait leur gloire. Certes, c'est très bien de rendre un hommage à Jules Verne mais c'est la façon de le réaliser qui m'a paru assez pompeuse et beaucoup trop conventionnelle.
Certes, on pourra toujours contempler page après page ces magnifiques pages pleines en noir et blanc à la manière d'une illustration de livre pour enfant. J'ai goutté depuis à une lecture plus moderne et je suis devenu un lecteur plus exigeant. Il m'en faut désormais un peu plus.
Ma note reflète alors mon plaisir de lecture. Et j'assume totalement le fait d'être un avis ultra-minoritaire. Essayez seulement et vous m'en direz de vos nouvelles en toute franchise !
Les aficionados des auteurs seront sans doute comblés mais pas les autres, loin de là ! On aurait presque dit une sorte de commande commerciale pour mettre en avant la ville d'Amiens et son auteur Jules Verne qui a produit des chefs d’œuvre de littérature.
Pour moi et comme dit, c'est ennuyeux et purement mercantile. Passez votre chemin !
Un magnifique ouvrage rendant un hommage à Jules Verne et au sombre personnage Nemo. En filigrane on peut y voir une réflexion sur le monde et sur la vieillesse, la solitude, l'errance que chacun de nous porte en lui. J'ai également acheté le Tirage de Laurent Hennebelle qui m'a un peu déçu. Si les couvertures sont magnifiques et le tiré à part aux encres pigmentaires qui reprend la couverture de l'édition ordinaire est sublime, reste que les planches sont assez fades et je m(attendais à des nuances de gris et de noirs qui ne sont pas très présentes. Sur certaines planches et même beaucoup, le tirage ordinaire est supérieur au tirage Hennebelle. Reste quand même que c'est quand même dans l'ensemble un album original.
Un nouvel opus est apparu. Né sans doute dans les profondeurs obscures et insondables de l'imagination de Peeters, il a dû remonter à la surface, s'envoler pour atterrir doucement entre les mains de Schuiten, le magicien du graphisme.
Un ouvrage hybride à tous les niveaux. Un être animal mais aussi mécanique. Une BD ? Oui, mais pas complètement, pas vraiment, mais une BD quand même. Les Cités Obscures ? Oui, mais pas que. De la fiction ? avec une part de réel aussi alors. Un hommage à Jules Verne ? à coup sûr, mais bien enrobé dans autre chose. J'ai trouvé le cheminement parfaitement réussi, des Cités à Amiens, des profondeurs fantastiques à Jules Verne. Et quelle œuvre graphique... Éblouissant, époustouflant travail de Schuiten encore une fois.
Fallait-il relier le monde de Jules Verne à celui des cités obscures ? Jules Verne, auteur bien réel, avec un épisode de sa vie d'écrivain, et sa ville Amiens à la matérialité bien palpable ? On peut en discuter bien sûr, et je me suis posé la question, mais au fond la filiation est tellement évidente entre ces mondes !
Non vraiment je n'ai pas boudé mon plaisir et je me suis laissé entrainer encore une fois dans l'univers des deux compères. La dernière fois ? Enfin, leur univers, mais pas complètement, mais leur univers quand même. Enfin bref...
Superbe voyage auquel nous invitent – une dernière fois ? – les grands Schuiten et Peeters. Un songe intemporel, éthéré, mélancolique et littéraire qui a toute sa place dans la poétique des Cités Obscures.
Les illustrations sont splendides et donnent corps aux textes de Peeters qui entreprend de « ressusciter » le légendaire capitaine Nemo dans un jeu de miroirs avec son créateur, le non moins légendaire Jules Verne. Ce dernier figurant en bonne place, rappelons-le, parmi « Les personnages illustres des Cités Obscures ».
Réalité et fiction se confondent alors, comme souvent dans cet univers. Le personnage se fond dans son démiurge, les deux ne faisant plus qu’un : Jules Verne est Nemo ; Nemo est Jules Verne. Son Nauti-poulpe, mû par quelque esprit secret, visite le Monde Obscur jusqu’à Samarobrive, sa destination finale, en inspirant d’ailleurs au passage à Rimbaud « Le bateau ivre ».
Puis, l’écrivain ayant retrouvé sa place, nous plongeons avec lui dans son « Paris au XXème siècle », qui fut le 1er ouvrage de Jules Verne publié sur le Continent Obscur, contrairement à notre réalité, où il aura fallu attendre l’année 1994 pour en voir imprimer le manuscrit.
Vous l’aurez compris, « le retour du Capitaine Nemo » est une troublante et mystérieuse déambulation dans les méandres de notre mémoire collective, fut-elle fictive.
Le seul reproche que je pourrais lui faire est que l’ouvrage entier, dans son contenu comme dans son intention, sert de chambre d’écho à la sculpture monumentale d’un Nauti-poulpe, que François Schuiten lui-même à conçu pour la ville d’Amiens (« Samarobrive ») et qui devrait être installé en 2025. Difficile de faire abstraction de ce contexte. Un album des « Cités Obscures » peut-il servir de promotion à l’actualité de ses auteurs ? C’est discutable.
Un peu plat, malgré de beaux dessins nous ramenant à l'atmosphére mystérieuse et rétro-futuriste des Cités Obscures, se conjugant bien avec cet hommage à Jules Verne où le capitaine Nemo ressuscite, se réveillant d'un long sommeil pour se transformer en touriste du monde des Cités Obscures à bords d'un Nautipoulpe, croisement improbable du Nautilus et du monstre marin qui l'attaque dans "20 000 lieux sous les mers". Une façon aussi de mettre en avant le travail de Schuiten pour la ville d'Amiens et son musée Jules Verne. Sympa, mais sans profondeur, dommage pour un ouvrage qui reprend le thème du capitaine Nemo. J'ai l'impression d'avoir lu une compilation des différents travaux de Schuiten sur Jules Verne.
J'ai lu absolument toute la collection des Cités Obscures au fur et à mesure des nombreuses publications qui se sont égrenées pendant tant d'années, y compris les publications "annexes". J'ai aussi lu quasi tout le reste, hors Cités. Je suis un grand admirateur des dessins de François Schuiten.
Plutôt déçu des dernières oeuvres, dont les scénarii sont de plus en plus faibles, je m'attendais au pire.
Et bien c'est encore pire. Vide. Sans aucun intérêt. On connait l'histoire de Nemo, pas besoin de nous la rabâcher pendant les 3/4 du livre. La fin est intéressante mais un couplet ne fait pas une chanson. Et que de tristesse ! Quel gâchis ! Tous ces beaux dessins anecdotiques : le Nautipoulpe fait du tourisme.
Quant aux annexes, rien de neuf, rien qui n'ait déjà été vu et lu. Pire (encore), on a droit à des bonus hors sujet. Que vient faire donc l'insert de Paris au XXème siècle de Jules Vernes ici ?!?? On sait tout cela, on a déjà pu admirer les illustrations de Schuiten dans le livre de poche, ou dans l'édition de luxe, ou à travers plusieurs sérigraphies.
A pleurer. Ma note : 1 pour la qualité du trait, 0 pour tout le reste.
Un nouveau chapitre des Cités Obscures est quelque chose que, en tant que lecteur depuis la première heure, on attend avec enthousiasme, mais aussi avec des sentiments anxieux. Schuiten et Peeters parviendront-ils encore à nous faire pénétrer dans leur univers magique et à nous faire vibrer ?
C'est donc avec des sentiments mitigés que nous nous sommes rendus à la librairie Flagey pour en retirer un exemplaire. Le week-end suivant, après une longue course matinale, un bon petit déjeuner avec "overnight oats" et de crêpes, le vent soufflait et il pleuvait dehors, je me sentais bien et détendue, et la chaleur typique de l'automne s'emparait de mon corps et de mes membres. Les conditions optimales pour entamer le nouveau Schuiten et Peeters. En feuilletant et en lisant lentement, je me souviens avec le capitaine Nemo, des aventures à 20 000 miles sous les mers. Lorsque Nemo atteint finalement Samarobrive, et qu'il prend place comme étant Jules Verne derrière sa table d'écrivain, je m'endors doucement en rêvant aux aventures fantastiques et héroïques qu'un enfant de 12 ans peut rêver après avoir lu l'un des livres de Jules Verne.
Un ajout plus que réussi aux Cités Obscures donc, qui non seulement nous voyage dans ce monde des Cités, mais nous ramène aussi à l'imagination débordante de notre propre enfance.
Fin 2019. François Schuiten annonce que son dernier opus, l’extraordinaire (au sens propre du terme) ‘Le Dernier Pharaon’, épisode hors-catégorie de la série Blake & Mortimer, rédigé avec Jaco Van Dormael, Thomas Gunzig et Laurent Durieux, sera sa dernière BD. Les fans pleurent. D’autres, qui n’ont pas accepté cet ouvrage, apprécient.
François n’a effectivement plus fait de ‘vraies’ BD depuis lors. Si on impose à ce vocable une « suite de cases avec phylactères » ! Mais il a quand même poursuivi une aventure qu’il avait initiée avec un ‘copain d’études’ à l’Atelier R, chez Claude Renard, Benoît Sokal. À savoir le diptyque Aquarica, dont il a finalisé les planches (2022) suite au décès du dessinateur attitré. Il a aussi réalisé les planches d’un Travel Book sur Mars (chez Louis Vuitton, 2021), ainsi qu’un petit ouvrage remarquable sur son inséparable chien ‘Jim’, récemment décédé (chez Rue de Sèvres, 2023).
Le ‘Retour du Capitaine Nemo’ est toutefois bien une vraie BD. Certes pas rédigée dans le canevas classique.
La première et plus longue partie (58 planches) est construite de vis-à-vis : un dessin concernant le protagoniste principal (Nemo, mais qui va se révéler être…) avec un texte narratif à gauche, une planche classique, muette et pleine page, à droite. Système qui n’est pas sans rappeler ‘Les Yeux du Chat’ de Moebius et Jodorowsky. La deuxième partie (8 planches) voit le personnage (ex-Nemo) entrer dans un autre monde où apparaissent des cases de BD conventionnelles, et aussi des couleurs. Une troisième partie, d’une vingtaine de pages, intitulée « Paris au XXe Siècle », retrace le parcours d’un auteur imaginaire (Michel Dufrénoy) dans un Paris digne des Cités Obscures, le tout sous forme de planches pleine page (où l’on retrouve des clins d’œil à d’autres albums des Cités) avec textes hors cadre. Et pour conclure, 4 pages historico-fantastiques (du pur Peeters) sur Jules Verne.
Dessins somptueux, pour lesquels François Schuiten a manifestement usé des tonnes d’encre, tout étant dessiné en hachuré. Son Opus Major à mon sens. Le scénario de Benoit Peeters est tout aussi magnifique, immisçant pas-à-pas le personnage de Jules Verne dans celui de Nemo. Comment aussi ne pas penser à un autre Nemo… celui de Winsor McCay (pour le centenaire duquel nos deux auteurs avaient participé à un bien bel ouvrage collectif, en 2005, puis réalisé un autre en 2017).
Détail bibliophile : la fusion du vaisseau Nautilus du Capitaine Nemo avec un macro-poulpe avait déjà été réalisée il y a plus de 20 ans par Allan Moore et Kevin O’Neill dans ‘La Ligue des Gentlemen extraordinaires’. Ceci n’enlève rien au mérite du présent album auquel je donne sans réserve une note maximale, 5/5.