Château de sable
Une BD de Pierre-Oscar Lévy et Frederik Peeters chez Atrabile (Bile blanche) - 2010
09/2010 100 pages 9782940329724 Format normal 115507
Sur une plage, le destin de 13 personnages va se retrouver bouleversé par un événement inconcevable, un basculement de la réalité qui va plonger cette petite troupe dans un abîme de questionnements. Face à cet événement fantastique (que l’on gardera volontairement mystérieux ici), les protagonistes de Château de sable vont d’abord traverser une phase bien humaine de dénégation tendue et conflictuelle, puis viendra la période de l’acceptation, quand les masques seront tombés et qu’il faudra bien composer avec la nouvelle donne, car le temps est... Lire la suite
On pourra apprécier aussi la version cinéma de "M. Night Shyamalan" sous le titre "Old" (2021 / 1h 48min / Thriller, Fantastique)
Les premières pages ont l'air intrigant à mesure que l'on se rapproche du lieu de ce récit étrange. Il s'agit d'un coin de côte assez escarpé qui pourrait se situer un peu partout dans le monde. Une première famille débarque puis une seconde.
Les dialogues m'ont paru tout d'abord assez rébarbatifs puis on va se rendre compte qu'il y a un lien avec ce qui va se passer par la suite. A mesure que le récit avance, cela gagne en intensité jusqu'à la fin qui paraît inéluctable.
On va passer un bon moment de lecture mais on va tout de suite regretter de ne pas avoir de réponse à nos questions. Qui est ce petit José, fils de l'hôtelier, qui court pour les rejoindre et qui disparaît comme par enchantement ? S'agissait 'il d'une expérience liée avec le temps ? etc...
En guise de réponse, les auteurs nous filent un conte oriental assez moraliste dont la conclusion serait de ne pas avoir peur de la mort et de vivre tout simplement. On avait compris...
(9/10: excellent)
Comment transformer un petit bout de plage en huis-clos oppressant? Comment réussir à créer un psychodrame en 100 planches exactement, tout en s'imposant le respect des 3 règles (unité de lieu, de temps et d'action)?
Rassemblez quelques personnages aux caractères bien trempés, et tel une expérience scientifique, soumettez les à un stress de plus en plus intense. Constatez comme les convenances s’effacent, pour laisser place aux angoisses les plus primaires : la violence, le sexe, la mort.
Le dessinateur Peeters maitrise parfaitement son art. Par exemple, les première planches, muettes, laissent planer le doute sur l'intension des auteurs. Plus loin, l'évolution physique des personnages, le soleil oppressant, tout est très bien illustré.
Cette oeuvre est un point d'interrogation constant, une histoire dont on ne connait ni les tenants ni les aboutissants, à l'image des personnages qui vont la vivre véritablement.
Ce huit-clos "en bord de mer" angoissant, prenant, continue d'entretenir cette ambiance pesante même après avoir refermer le livre... Alors oui, on ne comprend pas tout, oui, certains éléments ne seront jamais dévoilés (qui tire à l'arme à feu ? qui se cache dans les buissons ? de quoi est morte la jeune fille ? que fait l'inconnu sur cette plage ? pourquoi saigne-t-il ? etc.), et justement, tout l'intérêt de l'oeuvre ne réside pas dans ses réponses, mais dans ses questions et sa proposition d'envisager la vie et la mort ensemble ou dans la solitude.
Ainsi, à la manières des personnages de cette histoire maléfique, laissez-vous glisser et happer par ce cauchemar sans aucun échappatoire, et peut être qu'il vous permettra d'envisager le temps qu'il vous reste à vivre différemment.. Toutes proportions gardées, bien évidement...
Une histoire prenante et angoissante à partir d'une journée à la plage où des personnages ordinaires vont être confrontés à la fuite du temps. Ça se lit bien, grâce notamment aux dessins, mais je ne suis pas aussi enthousiaste que certains.
Certes c'est une allégorie réussie de la vie qui passe et de l'angoisse de la mort, mais je n'ai personnellement pas trouvé les personnages très intéressants ni leurs réactions toujours très crédibles. Et si la manque d'explications fait partie de la singularité de l’œuvre et participe à notre malaise, du coup certains évènements apparaissent tout à fait inutiles.
Un album intriguant et original donc, à lire vu les questions qu'il suscite mais qui s'il a réussi à me remuer, n'a pas réussi à me faire aimer les personnages et donc l'histoire.
Une petite crique marine isolée, un kabyle hagard, une famille bien franchouillarde, une autre famille tyrannisée par un médecin, une jeune fille adepte des bains nus en solitaire. Réunissez tout ça, ajoutez-y une pincée de fantastique, et vous avez un cocktail au goût puissant, qui donne une bonne gueule de bois.
Les personnages sont confrontés à la fuite du temps, inéluctable, et chacun l'aborde à sa façon, selon sa culture ou son âge.
Dans ce huis clos en plein air, on est pris d'angoisse au fur et à mesure que l'histoire se déroule. Le cadre se fait très près des personnages, on étouffe sous les traits encrés.
Outre l'édition très agréable (format, papier), cette BD au découpage classique ne peut pas laisser indifférent. On ne manquera pas de faire des rapprochements avec Pachyderme pour l'aspect "fantastique" du scénario, mais il y a ici une recherche sur la psychologie des personnages qui est bien propre à cette histoire et qui n'a pas beaucoup d'équivalent en bandes dessinées.
Quelqu'un dans les critiques a parlé de Sartre et j'ai trouvé que la comparaison était excellente. Un nouveau huis-clos remanié. Et s'il ne nous restait qu'une seule journée à vivre, que ferions-nous? Que ferions-nous si ne nous n'avions aucun autre choix que de le vivre avec une poignée de personnes et que la futie devenait impossible?
Au-delà de donner des réponses aux questionnements soulevés, l'auteur promène son regard sur la différence fondamentale entre la jeunesse et la vieillesse. Alors que les uns en profitent, les autres suffoquent.
Et lorsque ça se met à sentir, on réalise qu'il ne reste plus beaucoup de temps pour en profiter.
Faut aimer le genre de Peeters pour le dessin mais au final, on tourne les pages les unes après les autres et voilà!
Cette oeuvre fait beaucoup réfléchir su son concept, sa mise en oeuvre. Beaucoup de questions ressortent pendant et à la fin de l'histoire et c'est tout ce qui fait son charme. Une journée pour toute une existence et à la fin, pour moi, un perpétuel recommencement : le cycle de la vie....
Chef d'oeuvre ?
Peeters au dessin, déjà je suis conquis d'avance. Levy à l'écriture, je ne connaissais pas, donc pas d''idées reçues à ce niveau là...
Du N&B dans une jolie édition de la collection Bile Blanche ça ne se refuse pas surtout quand on a adoré Lupus (Peeters seul au manette dans ce cas là) comme moi ! Et au final aucune déception, loin de là. Côté dessin, j'adore et Peeters se tire admirablement bien de la difficulté inhérente au récit [attention spoiling] faire vieillir ses personnages d'une page à l'autre sans que l'on s'y perde au bout de 20 pages[attention spoiling] . Le huit clos est parfaitement maîtrisé et on retrouve les éléments du théâtre classique : unité de temps, de lieu et d'action ce qui appelle forcément à une fin tragique a laquelle on n’échappe pas. Ajoutez à ça que le dénouement ne répond en aucun cas aux nombreuses questions que soulèvent l'histoire et vous avez un BD d'une profondeur rare qui est loin d'être fini après la lecture de la dernière planche (terrifiante cette dernière planche d'ailleurs !). Cette histoire qui n’aurait pas dépareillé avec un épisode de la 4ème dimension, trouve bien des résonances avec notre manière de vivre en société et notre rapport à la mort. La tragédie que vit la petite troupe présente sur la plage est tout de même empreinte d'optimisme et contrairement à ce que disait un certain Sartre dans "Huit-clos" l'enfer ce n'est pas forcément les autres (ou peut-être que si !!!). Passionnant donc :)
Peeters est de plus en plus incroyable : il ne choisit pas la facilité avec le scénario proposé par Oscar Levy sur le thème du temps qui passe. J'ai eu l'impression de retrouver Sartre dans ce contexte étouffant de la vieillesse accélérée. Inéluctable au cours des pages que j'avoue, avoir tournées un peu trop rapidement.
Par moment, le graphisme me fait penser à Pellos (qui fut aussi un très bon illustrateur de livres pour enfants), in fine, Peeters mérite de figurer parmi les plus grands de sa génération. Les noirs de chez Atrabiles sont toujours aussi profonds et la qualité d'exécution est à la hauteur (je parle de la qualité de fabrication de l'ouvrage). Rigolo : soit les folios ont été oubliés, soit c'est le choix de l'éditeur d'avoir laissé les numéros de planches...
En conclusion, un album à lire et relire, une bonne surprise.
Après un album plus que déroutant mais au demeurant superbe "Pachydermes", Peeters se lance de nouveau dans le monde de l'étrange, bien qu'il soit seulement responsable du dessin, Pierre Oscar Levy assurant le scénario.
L'ambiance opressante régnant sur ces familles prisonnières sur cette plage est très bien rendue par le dessin en noir et blanc de Fréderic Peeters.
J'ai tourné les pages avec une grande rapidité pour connaitre les tenants et aboutissants de cette intrigue, voulant à tout prix connaitre une explication rationnelle à ces mystères de vieillissement prématuré.
Si je n'ai pas eu toutes les réponses à mes questions, (d'ailleurs était-ce vraiment la volonté de l'auteur?), j'ai été assez mal à l'aise voire dérangé ou encore touché par l'attitude des enfants vis à vis de leurs parents déclinants et inversement.
Cette bande dessinée nous renvoit vers notre peur de la mort, et de l'inconnu et fait dans un certain sens, l'apologie du carpe diem.
L'auteur se livre à une véritable étude du comportement humain en mettant en scène ses personnages dans un vase clos. Ce n'est pas big-brother mais presque: tout y passe, sexualité, racisme,la mort, la vieilesse.
La conclusion de l'histoire me laisse encore dubitatif mais une seconde lecture m'éclairera sans doute.
Un album original, fort bien construit et qui fait réfléchir.