Le chat du Rabbin
7. La Tour de Bab-El-Oued
Une BD de Joann Sfar chez Dargaud (Poisson Pilote) - 2017
11/2017 (17 novembre 2017) 80 pages 9782205075885 Format normal 313461
Ce nouvel épisode nous ramène à Alger. Le rabbin Sfar et son cousin l'imam Sfar devisent sur leurs différences qu'ils pensent inconciliables. Pourtant, lorsque la mosquée est inondée, le rabbin et l'imam s'entendent pour que les musulmans puissent, le temps des travaux, prier à la synagogue. Pendant ce temps, le chat du rabbin traverse des moments difficiles : non seulement Zlabya a mis au monde un adorable bébé, ce qui le plonge dans une profonde jalousie, mais, pour ne rien arranger, des chatons se sont réfugiés dans la synagogue... Comment de... Lire la suite
Un album qui traite du "vivre ensemble", du racisme, de tolérance, de fanatisme religieux ou plus largement de la bêtise humaine. Bref, rien de très nouveau sous le soleil. L'album regorge bien sûr de quelques bonnes idées, mais s'égare un peu dans de multiples directions et la lecture est un peu bordélique. Au même titre d'ailleurs que le dessin, toujours aussi inégal. Pour moi, seules les couleurs de Brigitte Findalky sont irréprochables. Un épisode quand même intelligent et cocasse à la fois.
Bon album, Sfar repart sur le bon pied pour cette suite du chat...
Ce tome est une réflexion sur les différentes religions : ce qui les rapproche, ce qui les éloigne...
Sfar, tout comme son chat, se moque des hommes et de leurs conceptions religieuses.
"Le Chat du Rabbin" fut à sa sortie vite considéré comme l'une des plus belles réussites de la BD contemporaine et contribua largement à placer Sfar dans le peloton de tête des artistes qui comptent : son mélange audacieux et jouissif de théologie triviale, de philosophie humaniste et de sensualité farceuse fonctionnait parfaitement, au premier comme au second degré. Et a continué à fonctionner au fil d'albums certes un peu irréguliers. Et voilà que dans ce septième volume, la mécanique se grippe et que Sfar s'égare. "La Tour de Babel" ne nous fait plus rire, et ses réflexions pesantes sur le chaos des religions, sur la bêtise humaine et sur le rôle et la nécessité des mythes paraissent à la fois forcées et superficielles. Sfar a été, on le sait, marqué par les terribles attentats de 2015, et il fut - c'est son honneur - l'un des artistes qui s'exprima de la manière la plus pertinente (et sage) sur l'Islam et sur la haine dans notre société. Avec son allégorie sur la synagogue et la mosquée inondées dans un Alger où juifs et musulmans savent encore vivre ensemble, Sfar poursuit sa réflexion sur la tolérance religieuse et la relativité de la foi, même si c'est en se réfugiant dans un passé qu'on peut le soupçonner d'idéaliser quelque peu : le problème est que la parabole manque pour la première fois de subtilité, et que le lecteur aura parfois l'impression d'une démonstration forcée (l'enlèvement du bébé, par exemple, malgré la tentative de faire du second degré...). Pour la première fois de la saga, le Chat du Rabbin lui-même nous irrite légèrement - comme il irrite les autres personnages de "la Tour de Bab-el-Oued" -, avec son obstination à chercher un sens dans la religion, mais ce n'est pas sûr que cela soit volontaire de la part de Sfar ! Le livre, trop long, cherchant sans grande cohérence et dans de multiples directions des réponses à des questions importantes (trop ?), se conclut d'une manière abracadabrante qui ne nous rassure pas sur la suite. Bref, on le referme avec un sentiment mitigé : si l'on admire la pugnacité (et l'ambition) de Sfar, on lui souhaite de retrouver une inspiration plus "mesurée" pour pouvoir poursuivre la saga d'un personnage que nous avons tant aimé et qui s'est cette fois un peu égaré.