César et Ernestine
INT. L'intégrale
Une BD de
Maurice Tillieux
chez Dupuis
- 2011
Tillieux, Maurice
(Scénario)
Tillieux, Maurice
(Dessin)
<Quadrichromie>
(Couleurs)
<N&B>
(Couleurs)
Bocquet, José-Louis
(Autres)
11/2011 (04 novembre 2011) 368 pages 9782800151038 Format normal 50 à 75 euros 141755
Avec les planches hebdomadaires de César, Tillieux se frotte au family strip avec maestria en manipulant le quotidien de son double imaginaire. Ernestine, l'agent Petitcarné et Eglantine chahutent l'univers policé de César avec une telle jubilation qu'on les croirait dédiés à cette unique tâche... Bienvenue à l'école du gag ! Familier du Journal de Spirou et surtout du Moustique à partir de 1960, César a tout de l'anti-héros, comparé à son "frère" Gil Jourdan : dessinateur de son état, il accumule les catastrophes domestiques sous l'oeil moqueur... Lire la suite
Nostalgique de la BD "à l'ancienne", c'est avec plaisir que je me suis plongé dans les aventures de César (et Ernestine). Je connaissais cette série de nom et je fus agréablement surpris de cette touche d'humour.
Aux commandes, Maurice Tillieux garde le trait, reconnaissable de "Gil Jourdan". Les personnages, quant à eux, représentent un agréable cliché.
César, le voisin aimable et bonne poire.
Églantine, femme de ménage paresseuse.
Petitcarné, voisin de César, agent de police et père d'Ernestine.
Et, enfin, Ernestine, un mélange d'innocence et de perversité.
Toute cette troupe permet à cette BD de passer de bons moments, pour se détendre.
Depuis quelques années, Maurice Tillieux revient en force dans les librairies. Après des intégrales Gil Jourdan de grande qualité, les éditions Dupuis ont décidé de reprendre les mêmes recettes pour une série mineure : César et Ernestine. On y retrouve le même principe de maquette très élégante choisi pour les séries patrimoniales, une préface de José-Louis Bocquet qui confirme ici sa connaissance de l’œuvre de Tillieux, et une publication chronologique et exhaustive de la série. L'éditeur a fait le choix d'un seul gros volume réunissant tous les gags, une idée sans doute mue par le potentiel commercial relativement limité mais qui est loin d'être un mauvais choix. Le pavé se savoure de toute manière en grappillant, comme tout recueil de gags, et ce côté mastodonte lui donne un aspect sympathique et appétissant.
César et Ernestine est une série de gags familiaux, et à ce titre l’œuvre la plus grand public de son auteur. Pourtant elle est dévolue à rester dans l'ombre de Gil Jourdan. C'est normal puisque, malgré le nombre de planches qu'elle représente, la série n'a pas la force des longs récits de Tillieux. En outre, s'il fait ici preuve d'un vrai talent de professionnel du gag, il n'y innove pas comme il le fera dans le champ de l'aventure humoristique.
Et pourtant, César n'est pas n'importe quelle série familiale. À la différence d'un Boule et Bill, il n'y a pas ici de belle petite famille. Si César élève bien deux enfants, ce sont ceux de ses voisins, qu'il surveille à longueur de temps, va chercher à l'école, garde, etc. Mettre en scène un homme mûr célibataire n'était pas fréquent, et des parents aussi négligents que les parents d'Ernest et Ernestine – le père est pourtant policier et à ce titre garant d'une certaine morale – non plus. Ajoutez à cela que César est dessinateur de Bandes Dessinées et c'en est fini de la bienséance ! N’exagérons rien, et même avec cette lecture et quelques gags plus aiguisés que la plupart de ceux de ses collègues, César et Ernestine n'a rien d'une série subversive. Mais elle fait montre du talent multiple d'un dessinateur se considérant comme un artisan, capable d'aligner chaque semaine un grand nombre de gags sans jamais les rater. Comme il le disait lui même, parfois le métier supplée aux idées, et quand cela arrive on constate qu'il s'agit de quelqu'un qui en maîtrise toutes les ficelles.
Tout César est une lecture bienvenue, toujours agréable, et pour tout public. Malheureusement la méconnaissance de la série – due plus à son inscription dans un style classique, sans chercher à le rénover, qu'à une qualité défaillante – risque d'en réserver la lecture à quelques connaisseurs. L'objet est là, il manquait, tâchons désormais de le faire découvrir et de l'empêcher de s'enfermer dans un destin le privant de son public naturel : monsieur tout le monde et ses enfants.