Le caravage
1. Première partie - La palette et l'épée
Une BD de
Manara, Milo
chez Glénat
- 2015
Manara, Milo
(Scénario)
Manara, Milo
(Dessin)
Manara, Milo
(Couleurs)
Manara, Simona
(Couleurs)
Schmid, Aurore
(Lettrage)
Schmid, Aurore
(Traduction)
Strinati, Claudio
(Préface)
04/2015 (22 avril 2015) 56 pages 9782723489874 Grand format 241292
La vie sulfureuse du célèbre peintre italien par le maestro Manara Automne 1592. Michelangelo da Caravaggio dit « Le Caravage » débarque à Rome, toiles et pinceaux sous le bras. Il puise son inspiration dans lâme de la cité éternelle, entre grandeur et décadence, et auprès des personnages hauts en couleur quil y rencontre. Rapidement admiré pour son talent, il sera toutefois souvent critiqué pour ses partis pris artistiques, notamment sur ses sujets religieux il prendra ainsi pour modèle de sa Mort de la Vierge une prostituée. Une réputation... Lire la suite
On va dire que je suis du courant des suivistes mais ce n'est pas vraiment le cas. Certes, 4 étoiles également pour cette série qui débute et qui est consacré au peintre italien le Caravage.
A mon crédit, j'ai toujours aimé le dessin de Milo Manara qui est à la fois sensuelle et sensationnelle. On dirait même qu'avec cette série, Manara tient son chef d'oeuvre tant il excèlle dans une perfection du trait et de l'utilisation des couleurs. Les femmes sont belles et les tableaux sont à croquer (ou plutôt le contraire). Il y a une véritable quête dans la recherche de la beauté.
Cela ressemble un peu au travail qu'il a effectué sur la série Borgia scénarisé par Jodorowsky qui avait déjà pour cadre la ville éternelle de Rome. Pour le reste, c'est un plaisir que de découvrir la vie de ce peintre de génie exalté qui n'hésitait pas à défendre la veuve et l'orphelin. Il mourra jeune à 38 ans. Je ne peux m'empêcher de faire un parallèle avec ce héros du Thalys Spencer Stone qui a bien failli terminer ses jours en défendant une jeune femme deux mois après son acte de bravoure. La comparaison s'arrête là.
Le Caravage est une oeuvre qui séduit incontestablement ce qui explique le flot de bonnes critiques.
Quelle vie que celle du Caravage ! Avant de lire cette bande dessinée qui est une biographie aussi fidèle que possible de la vie du Caravage, je ne me doutais pas à quel point elle avait été mouvementée !
La BD commence au moment de son arrivée à Rome. Arrivée très mouvementée, probablement fort différente de la réalité. Il est possible que Milo Manara se soit octroyé quelques libertés vu qu'à l'époque ils ne disposaient ni de Facebook, ni d'Instagram ou autres réseaux sociaux pour les suivre dans leurs moindres faits et gestes. Oui, je sais, cela peut paraître incroyable à certains que l'humanité ait pu vivre sans Internet !
Manara nous fait découvrir les difficiles conditions de vie à cette époque. Il s'attarde en particulier sur le sort très peu enviable des prostituées (mais sont-elles mieux traitées aujourd'hui) … Pour l'anecdote, sachez que le très Saint Père Pie V, le pape quoi, ordonna en 1569 que ces pauvres femmes soient parquées dans une sorte de ghetto, l'Ortaccio, muré et fermé par deux portes la nuit. Gare à elles si elles se faisaient prendre dehors, la nuit, sans arborer un châle rouge. Un terrible sévisse les attendait à la prison. Et tiens, comme c'est surprenant, il y avait déjà des souteneurs pour s'approprier les gains de ces dames… Et pour les passer à tabac, parfois juste pour le plaisir.
Mais que mes propos ne vous induisent pas en erreur ! Ce livre nous fait avant tout découvrir l'oeuvre du Caravage avec des toiles fort bien rendues dans la bande dessinée. D'ailleurs le dessin est au top ! Tout comme le scénario ! Evidemment, il y en a qui regretteront la mise en couleurs qui use beaucoup des ocres, des gris bleutés et de toutes les variétés de bruns, alors qu'ils auraient aimé sans doute voir des couleurs plus variées, plus vives et plus guillerettes. Moi, j'apprécie le choix de l'artiste car beaucoup de scènes se déroulent le soir ou la nuit, et comme les lampes LED n'étaient pas très répandues à l'époque, les couleurs sont plutôt sombres. En plus, elles contribuent à cette atmosphère lourde, pesante car on étripait facilement les gens que ce soit pour des motifs religieux (on était vite hérétique) ou pour des raisons liées à la criminalité ou supposée telle.
Il va falloir que je me procure le second volume…
Si je suis honnête avec moi-même, je me dois de reconnaître que, mis à part quelques BD érotiques, aucun livre de Manara pour lequel il a écrit lui-même le scénario ne m'a jamais complètement convaincu. Et ce n'est pas ce "Caravage" qui va changer cette évaluation : si l'on ne jugeait ici "que le dessin", alors ce livre serait une merveille des merveilles, tant le trait de Manara, aussi bien pour les personnages que les décors atteint un niveau de perfection inouï. De plus, la volonté - pertinente - de faire écho aux œuvres du Caravage dans la composition des plans, des mouvements, des expressions, a poussé Manara à se transcender, et chaque page tournée offre de nouveaux délices au lecteur. Mais un bon livre, c'est aussi soit un thème fort, soit un scénario palpitant, en tout cas un vecteur soit de divertissement, soit de culture, d'éducation. Et là, "le Caravage", c'est zéro pointé : sous couvert de vérité historique (je pense à la pontifiante et pitoyable introduction sensée conférer de la crédibilité au livre), Manara se laisse aller à romancer la vie de son "héros" à la manière du plus bas "biopic" hollywoodien, offrant une relecture moderne excessivement superficielle d'un personnage a priori bien plus complexe que cela ; mais là où ce livre a vraiment tout faux, c'est dans le rythme effréné qu'il impose aux personnages, aux situations, à l'Histoire : tout passe très vite, rien n'a d'importance, tout est superficiel et vain. Pire, la réalisation d'un tableau se réduit au choix des protagonistes et à la mise en scène de la situation à peindre, sans que rien du travail du peintre ne soit jamais même évoqué par Manara : ce serait acceptable si le propos de Manara était de parler de l'homme derrière le peintre (comme c'est par exemple le cas du génial "Van Gogh" de Pialat), mais c'est en contradiction totale avec les ambitions que Manara manifeste ça et là de parler de lumière et d'obscurité, de la représentation soit disant révolutionnaire du peuple dans les tableaux du Caravage, etc. Bref, ce premier tome du "Caravage" est un échec complet sur le fond, que l'excellence absolue de la forme ne saurait complètement racheter.
PS : sinon, comme d'habitude (bâillement...) chez Manara, le héros ressemble à Delon (... et à Manara ?), et les postérieurs féminins sont bien joliment croqués.
Un dessin magnifique (ah ce dessin du pont dans les premieres pages!) mais une aventure plutôt brouillonne avec quelques ellipses dans l'histoire qui m'ont fait tiquer... Beau mais pour le reste...
L'histoire est classique (le jeune génie qui casse tout) et sûrement fantasmée, mais qu'est-ce que c'est bien dessinée !
On ne se lasse pas de replonger dans ces cases magnifiques qui donnent vraiment envie de découvrir la peinture italienne.
Un maître au service d'un maître !
J'ai enfin réussi à lire cette BD et je dois dire que je ne suis pas déçu. Les dessins sont magnifiques et l'histoire réussit pour l'instant le pari d'être une formidable aventure de cape et d'épée tout en permettant de découvrir le Caravage. Du tout bon.
J'ai vraiment aimé cet album. Je m'attendais à pire et ai été très agréablement surpris.
A déguster.
Un petit bémol sur les couleurs qui sont certainement volontaires mais qui m'ont surpris par l'accent porté sur les ombres.
Du très bon Manara avec ses dessins envoûtants et souvent très détaillé, comme par exemple le décor de l'auberge qui donne envie d'aller boire un verre !
ne connaissant pas la vie du Caravage, si cet album était surtout l'occasion de raconter l'histoire d'un peintre qui a eu une vie aventureuse, teintée d'érotisme, c'est pour moi très réussi.
Bien servi par un dessin et une couleur de très bonnes factures, "La palette et l'épée" a le mérite de faire revisiter aux amateurs d'histoire de l'art un bon nombres des célèbres toiles du Caravage. L'angle abordé, celui de la réalisation des œuvres et des séances de pose, est intéressement traité. Et sans aller jusqu'à la comparaison que propose la préface entre un auteur de bande dessinée et un grand maître dont le travail a survécu à quatre siècles d'histoire, il va sans dire que le talent de Milo Manara est indéniable. Le crépuscule de la scène d'amorce est magnifique, le décor de la prison très fort, et les femmes sont d'une grande beauté.
Dommage en revanche qu'on n'aille pas vraiment plus loin dans le développement de la psychologie des personnages. Manara accorde une grande place à l'aspect "brutal" de son scénario, notamment avec cette idée du châtiment corporel subit par la femme qui revient avec récurrence, peut-être au détriment du reste. Cette obsession de l'auteur n'est pas inintéressante à mon goût mais peut-être amenée ici avec trop d'insistance. Je découvre en fin d'album que Milo Manara est également le dessinateur de "L'art de la fessée". Mais cet art a-t-il vraiment besoin d'être à ce point associé à celui du Caravage ?
Cela me rappelle les oeuvres d'art du Caravage dans la villa Borghese à Rome, à faire et à lire...Manara fait revivre le peintre à travers cette bande dessinée unique...
Le gros mérite de ce Manara est de donner envie de découvrir l’œuvre d'un peintre d'exception en remettant la création de ses peintures dans leur contexte. Comme souvent dans les tentatives de reconstitutions historique, ça va parfois très vite, on survole, mais enfin on retient l'esprit général d'une époque et l'aspect révolutionnaire du Caravage. P.. de peintre et Manara toujours au top graphiquement.
Je ne comprends pas qu'on puisse faire une BD sur un peintre dont l'homo-érotisme est non seulement évident, mais de surcroît faisait partie intégrante de son mode de vie et de sa violence, au point d'ailleurs de lui avoir procuré bon nombre d'ennuis. C'était le Pasolini de l'époque sur ce plan-là. Monsieur Manara lui se borne à déshabiller les prostituées, à les situer dans les toiles avec ce qu'elles apportent de vrai et de scandaleux et de régler les nombreux duels qui ont aussi jalonné la vie tumultueuse du peintre. Manara répète sans fin ses obsessions plastiques et fait preuve ici de trahison et de malhonnêteté intellectuelle.