Canardo (Une enquête de l'inspecteur)
20. Une bavure bien baveuse
Une BD de
Benoît Sokal
et
Pascal Regnauld
chez Casterman
- 2011
Sokal, Benoît
(Scénario)
Regnauld, Pascal
(Dessin)
Sokal, Benoît
(Dessin)
Regnauld, Pascal
(Couleurs)
08/2011 (19 octobre 2011) 46 pages 9782203038851 Format normal 142275
Un policier à l’avenir prometteur, l’inspecteur Molart, est gravement blessé lors d’un braquage de banque. Or d’après la balistique, la balle qui l’a atteint vient de l’arme du commissaire Garenni, arrivé sur les lieux de ce flagrant délit en état d’ébriété avancé. Ami de longue date du commissaire, Canardo est engagé par la femme de celui-ci pour tenter de le sortir de ce très mauvais pas. Au fil de ses investigations, qui lui permettent de découvrir que Garenni s’adonnait aussi au jeu, Canardo croise à plusieurs reprises le lieutenant Manta,... Lire la suite
Gare au Garenne ! En effet, plus habitué à se faire tirer au fusil qu’à tirer lui même, il commet une boulette aux conséquences fâcheuses. Quand il s’agit d’une boulette policière on a pris l’habitude de parler de bavure, particulièrement quand le bavuré finit au cimetière, ce qui est le cas ici.
Au bout du vingtième volume des aventures de Canardo, on se demande ce qui rend le plus désabusé des palmipèdes de la bande dessinée si attachant. Comment pouvons nous être enchantés par cet univers si désenchanté ? Est ce le bestiaire qui l’entoure ? Il en est de plus éclatants tels que Blacksad, ou bien celui de Walt disney tout simplement. Alors qu’est ce qui fait le charme de cette série ? Il est bien possible que la réussite de cette œuvre réside finalement dans le regard de Canardo : lourd, fatigué et chargé d’un bon quintal d’humanité rehaussé d’un frisottement malicieux qui envoûte les femmes les plus belles malgré l’âge avancé de notre détective, une petite taille que lui impose son état de canard et une condition physique qu’on suppose bien au delà du déplorable, au vu de tout l’alcool ingurgité et de la multitude de cigarettes fumées depuis trente ans. Les yeux de Canardo possèdent le bleu du ciel qui manque aux villes du nord dans lesquelles se déroulent ses enquêtes permettant à l’auteur de décliner toutes les nuances du gris de la palette. Notre détective, béatifié par des hectolitres de bourbon, pourtant conscient des turpitudes du monde, pardonne presque toujours. Débonnaire comme personne, ce canard est bon.
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