Canardo (Une enquête de l'inspecteur)
0. Canardo
Une BD de Benoît Sokal chez Pepperland - 1979
01/1979 46 pages Format normal 15 à 20 euros 26657
11 histoires courtes: - La mort d'Hortense - Frankardo - Du persil dans les oreilles - Le flic qui m'aimait - La vengeance de Canardo - Columbia - Histoire pour pleurer - Le tribunal du blanc - La nuit du n°065724 - La secte des poubelles - On achève bien les héros
Bon dieu il y a de l' "idées noires" à la Franquin dans ce 1er opus! Le dessin de Sokal est noir, sublime, d'une précision folle. Le crayon de Sokal est violent, acéré. Chaque coup, chaque ligne est d'une violence extrême, d'une nervosité rare et tout prend corps. Oui j'ose le dire, Franquin aurait adoré le trait primitif de Sokal qui s'inspire du maître et se dévergonde dans l'humour potache, ironique, désabusé des multiples histoires qui se succèdent.
Car l'histoire du père de Canardo , jusqu'au bout de sa vie, est empreint d'une violence désabusé, incroyable. Sous un côté rigolard, il y a tout la profonde horreur de l'être humain. Il suffit alors de potache, d'iconoclaste pour faire passer crème. Sauf que non, la violence est là, toujours...la violence humaine.
Puis vient le fils du père. Notre Canardo. Le dessin, la trame, tout revient. Et c'est moins bien.
Bon dieu que j'aime les œuvres de jeunesse de mes auteurs de BD préférés. Il y a le pire comme le meilleur. Et là c'est le meilleur.
Sacré inspecteur Canardo. Des histoires courtes (11) du très bon (la première) et du moins bon (mais jamais "sans intérêt") . D'où la note de 3/5. Le dessin est riche et expressif et colle bien avec le propos de polar loufoque.
Canardo est une très honnête série policière qui mêle un peu de fantaisie (les personnages ont des têtes d'animaux) à des sujets plus sombres jusqu'aux bassesses de l'âme humaine. C'est ce mélange étonnant qui forme une série unique en son genre. J'ai beaucoup apprécié cette lecture mais je me suis rendu compte que d'un épisode à l'autre, il y avait parfois de grosses différences de qualité.
Canardo est un style d'inspecteur Colombo mais très porté sur la bouteille. Bref, le anti-héros pessimiste et désabusé par excellence !
C'est curieux mais l'un de mes préférés est justement le tout dernier à savoir "La fille sans visage" où l'on a droit à une véritable critique des dernières familles princières d'Europe en l'occurrence le duché du Luxembourg.
C'est vrai que le côté cynique et dramatique prend souvent le pas sur le reste. Cependant, je trouve que le message envoyé par l'auteur prend un sens particulier. Il y a tout une ambiance qui m'a bien plu. L'humour n'est pas oublié. Bref, un excellent cocktail !