Le cahier à fleurs
INT. Intégrale
Une BD de Laurent Galandon et Viviane Nicaise chez Bamboo Édition (Grand Angle) - 2012
03/2012 (02 avril 2012) 96 pages 9782818905692 Grand format 159161
Paris 1983, un jeune violoniste est sous les feux de la rampe. Il s'appelle Hasmet Erden, il est Turc, fils de berger. En public il exécute une partition inconnue "Hommage à mon Grand-père". Celle-ci est consignée sur un antique Cahier à Fleurs. En entendant la mélodie, un vieillard est pris de malaise. Le lendemain, dans sa chambre d'hôpital, l'homme explique au musicien l'histoire de ce cahier : il avait appartenu à sa soeur, avant avril 1915, avant que sa famille et toutes les familles arméniennes de sa ville aient été déportées vers le néant.... Lire la suite
Une bonne BD qui enchaine les malheurs, pour illustrer la tragédie du génocide arménien. Une BD pour nous rappeler les malheurs de ce monde et notre devoir de mémoire...
Le Cahier à fleur traite du génocide arménien qui a été reconnu par la France. Ce n'est pas ma première lecture sur le sujet car il y a eu le fameux « Medz Yeghern : le grand mal » et encore plus récemment « Le fantôme arménien ». Je dois reconnaître que cette série se situe un peu en-dessous du niveau des 2 titres cités plus haut.
Le premier débat est de savoir si un génocide peut être le sujet d'une BD. Ma réponse personnelle sera positive. Viols, mâchoires arrachées, tueries atroces de femmes et d'enfants, abandon dans le désert, compromission au nom de la survie, rien ne sera épargné au lecteur ! Les dessins sont clairs et percutant même s'il manque une certaine force et expressivité. Il faut dire que cette BD se penche sur des événements d'une exceptionnelle violence.
L'autre débat agite toujours la société turque où des personnes de bonne foi ignorent tout de ce drame épouvantable puisque les manuels scolaires n'en font pas état. Ainsi, dans le récit, il s'agit d'un jeune violoniste turc virtuose qui ignore qu'un million de personnes ont été décimées par l'Empire Ottoman puisqu'il n'en n'a jamais entendu parler à l'école. Un vieil homme d'origine arménienne va lui raconter son histoire à travers le cahier à fleurs qui contenait des partitions de musique.
Encore une fois, on évite les pièges du manichéisme qui consiste à pousser un peuple contre un autre en forgeant un mensonge pour attiser la haine et justifier un complot. La démarche est de simplement raconter l'histoire sans fioriture. C'est écrit avec sobriété et une volonté de vérité. On ne peut qu'approuver la démarche de ces auteurs.
Il est dommage cependant que cela soit un peu scolaire dans l'horreur racontée. Il manque une réelle mise en scène que ne parvient pas à faire oublier la rencontre entre ce vieil homme qui a beaucoup souffert dans le passé et ce jeune violoniste virtuose plein d'avenir. En tout cas, il est toujours bon d'avoir des BD qui renouvellent le rapport à l'histoire.