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Voici presque dix ans que José Roosevelt a fait le choix de s'occuper lui-même de l’édition de ses travaux. S’il l’a d'abord fait en parallèle avec ses publications à La Boîte à bulle (souvent en co-édition avec son label), il est maintenant seul pour éditer ses albums. Sans doute peut-on voir là le choix d'un auteur à l'univers marqué, qui souhaitait pouvoir publier ses livres comme il les imaginait. Le résultat ? De magnifiques albums souples dans un grand format, au plus proche du travail du dessinateur.
En effet, ici c'est le dessin qui frappe en premier. Mis en valeur par la reproduction majestueuse et la simple taille de l'objet, il happe aussitôt, et plonge le lecteur dans le monde de Roosevelt, emprunt de surréalisme et d'amour du beau trait. Roosevelt est un auteur intéressant en ce qu'il prouve que l'on peut faire une bande dessinée alternative avec un univers fantastique et un dessin répondant aux critères académiques, tant que l'on utilise ce talent pour faire des choses qui, elles, n'ont rien d'académiques. Car si le dessin est magnifique, ce sont avant tout les scénarios complexes et admirablement construits, ainsi que la cohérence globale de l'univers créé qui retiennent l'attention.
CE est le grand œuvre de José Roosevelt, ce cinquième volume sera suivi de huit autres, au rythme d'un par an. Autant dire qu'il est encore impossible de juger l'ensemble, mais on en a assez pour se forger une idée de ce qui est en train de se construire. Difficile à résumer, disons que l'on suit un personnage identique mais semblant avoir deux passés et espaces différents (selon les volumes). L'une de ces incarnation a réussi à s'enfuir d'un univers hyper-médicalisé accompagné d'une sorte de prototype de femme, qui a oubliée son existence biologique jusqu'à ne plus savoir comment se nourrir ou utiliser ses organes, à qui il va petit à petit réapprendre l'humanité. L'autre incarnation est un immortel, sorte de « grand technicien » d'une administration futuriste, qui a la particularité d'être le seul d'entre tous à rêver. Perturbé par cette chose étrange qui le poursuit, il s'enfoncera dans les bas-fonds de la ville-mère qu'il servait jusqu'alors, accédant ainsi dans une Cité secrète ouverte à l'art, au subconscient et à l'altérité.
Le tome 5 suit la seconde incarnation dans sa découverte de la Cité souterraine et de sa reine, Victoria, avec laquelle il ressent tant d'affinités. Si l'on regrette la typographie qui casse un peu le dessin, mais à le mérite d'être sobre, et les envolées littéraires parfois laborieuses ou trop pleines de références, on ne peut cependant qu'admirer l'intégrité et la qualité de ce travail, qui se digère finalement assez bien. Un monde se créé sous nos yeux et tient la distance, sans être la copie d'un énième blockbuster. Au contraire, c'est quelque chose de totalement neuf qui pousse là, sous le regard bienveillant du dessinateur-scénariste-éditeur démiurge. Un tout-puissant de génie existe bien dans le monde de Ce, il s'appelle José Roosevelt et ses créatures ont bien de la chance.
Voici presque dix ans que José Roosevelt a fait le choix de s'occuper lui-même de l’édition de ses travaux. S’il l’a d'abord fait en parallèle avec ses publications à La Boîte à bulle (souvent en co-édition avec son label), il est maintenant seul pour éditer ses albums. Sans doute peut-on voir là le choix d'un auteur à l'univers marqué, qui souhaitait pouvoir publier ses livres comme il les imaginait. Le résultat ? De magnifiques albums souples dans un grand format, au plus proche du travail du dessinateur.
En effet, ici c'est le dessin qui frappe en premier. Mis en valeur par la reproduction majestueuse et la simple taille de l'objet, il happe aussitôt, et plonge le lecteur dans le monde de Roosevelt, emprunt de surréalisme et d'amour du beau trait. Roosevelt est un auteur intéressant en ce qu'il prouve que l'on peut faire une bande dessinée alternative avec un univers fantastique et un dessin répondant aux critères académiques, tant que l'on utilise ce talent pour faire des choses qui, elles, n'ont rien d'académiques. Car si le dessin est magnifique, ce sont avant tout les scénarios complexes et admirablement construits, ainsi que la cohérence globale de l'univers créé qui retiennent l'attention.
CE est le grand œuvre de José Roosevelt, ce cinquième volume sera suivi de huit autres, au rythme d'un par an. Autant dire qu'il est encore impossible de juger l'ensemble, mais on en a assez pour se forger une idée de ce qui est en train de se construire. Difficile à résumer, disons que l'on suit un personnage identique mais semblant avoir deux passés et espaces différents (selon les volumes). L'une de ces incarnation a réussi à s'enfuir d'un univers hyper-médicalisé accompagné d'une sorte de prototype de femme, qui a oubliée son existence biologique jusqu'à ne plus savoir comment se nourrir ou utiliser ses organes, à qui il va petit à petit réapprendre l'humanité. L'autre incarnation est un immortel, sorte de « grand technicien » d'une administration futuriste, qui a la particularité d'être le seul d'entre tous à rêver. Perturbé par cette chose étrange qui le poursuit, il s'enfoncera dans les bas-fonds de la ville-mère qu'il servait jusqu'alors, accédant ainsi dans une Cité secrète ouverte à l'art, au subconscient et à l'altérité.
Le tome 5 suit la seconde incarnation dans sa découverte de la Cité souterraine et de sa reine, Victoria, avec laquelle il ressent tant d'affinités. Si l'on regrette la typographie qui casse un peu le dessin, mais à le mérite d'être sobre, et les envolées littéraires parfois laborieuses ou trop pleines de références, on ne peut cependant qu'admirer l'intégrité et la qualité de ce travail, qui se digère finalement assez bien. Un monde se créé sous nos yeux et tient la distance, sans être la copie d'un énième blockbuster. Au contraire, c'est quelque chose de totalement neuf qui pousse là, sous le regard bienveillant du dessinateur-scénariste-éditeur démiurge. Un tout-puissant de génie existe bien dans le monde de Ce, il s'appelle José Roosevelt et ses créatures ont bien de la chance.