Bourbon Street
1. Les fantômes de Cornelius
Une BD de Philippe Charlot et Alexis Chabert chez Bamboo Édition (Grand Angle) - 2011
06/2011 (08 juin 2011) 46 pages 9782818905951 Grand format 126034
La Nouvelle Orléans, années 1990. Il est difficile, pour certains hommes, de tirer un trait sur leurs rêves de jeunesse. Alvin, guitariste et chanteur de jazz de second rang, est de ceux là. À lheure où d'autres n'aspirent qu'à une retraite paisible, il a encore foi en sa bonne étoile. Affublé de deux vieux compagnons de route, il part à la recherche de Cornelius, trompettiste légendaire disparu mystérieusement cinquante ans plus tôt, grâce auquel il pourrait connaître enfin le haut de l'affiche
Voilà une bd qui respire la Nouvelle-Orléans et ses clubs de jazz avec toute l'ambiance qui va avec. Alvin est un vieux bonhomme qui a arrêté la trompette suite à un traumatisme. Le poids de l'âge lui pèse. Il va retrouver de vieux amis afin de reformer un groupe. Il aura besoin de l'aide de Cornélius, un fantôme venu du passé et qui tente de lui redonner le gout de vivre. L'ombre fantomatique de Louis Armstrong n'est pas trop loin non plus.
Bourbon Street est en fait la célèbre rue qui longe le vieux carré de la Nouvelle-Orléans. Il y a de la nostalgie d'une époque disparue. Cependant, il y a également l'espoir avec ce thème de la rédemption. Voici une oeuvre qui rend hommage au jazz. Une colorisation ainsi qu'un dessin parfaitement réussi qui restitue à merveille les moindres détails notamment du décors. Bref, cela sonne juste.
Je reviens d'un beau voyage à la Nouvelle-Orléans et l'histoire qui m'y a été contée est simple et belle.
Simple car il s'agit juste de personnes passionnées (par le jazz) qui s'ennuient et décident de reprendre le cours de leur aventure, interrompue des dizaines d'année auparavant, tant qu'ils en sont encore capables.
Belle parce que elle nous est magnifiquement narrée, avec beaucoup de pudeur et de tendresse, en alternant les flash-back vers l'époque avant "l'accident" qui a provoqué la disparition du plus doué d'entre eux. Belle car il s'agit d'une histoire d'amitié, de respect, d'honneur mais aussi de déchirures et de rédemption et bien sûr de passion et de folie avec des papys de 75 ans qui veulent repartir sur les routes. Une petite note de poésie s'y ajoute grâce à la narration effectuée par le fantôme de Louis Amstrong.
Le dessin donne parfaitement vie à ce petit monde, avec des décors réussis, des personnages aux expressions et attitudes précises et réalistes, des couleurs chaudes et un découpage harmonieux.
Une très belle surprise que ce "Bourbon Street" et il va sans dire que j'attendrais la suite avec beaucoup d'impatience.
Ma « vraie cote » = 7,8/10, sous réserve des T2. Voir T3…
Enfin une série qui sort de l’ordinaire !! Marre des spin off dont la plupart ne valent pas un clou et même s’ils sont quasi (je dis bien quasi) incontournables (je pense à XIII), je signe et persiste à dire que c’est quand même que du réchauffé !!
Dès lors, l’arrivée d’une nouvelle série qui semble au vu de ce tome 1 être du costaud, je ne peux qu’applaudir à 10 mains.
Et ce mois ci, il y a aussi « Svoboda ! » de Pendanx, petit nouveau, quel bonheur !
DESSIN : enfin un dessin qui ne semble pas numérisé à outrance ! Couleurs et dessin semblent enfin être « à l’ancienne » et qui plus est, Chabouté nous gâte vraiment dans l’évolution dantesque de son dessin et de ses découpages : je n’appréciais guère ses séries précédentes, mais ici…Pffft, un Maître est né !! Et les couleurs ! Chapeau bas au coloriste, ils sont rarement mis en évidence et pourtant ils peuvent faire toute la différence, regardez certains tomes du « Chant des Stryges » où c’était vraiment lamentable et ne donnait aucune envie de lire la série…Bref, là aussi du très bel ouvrage.
SCENARIO : enfin de l’originalité ! Comme pour la série « Svoboda ! », mais dans un genre évidemment complètement différent. Tout ce que j’espère, c’est que le scénario nous mènera aux sources du Blues et du Jazz de la Nouvelle Orléans sans être trop didactique afin de pas faire fuir les lecteurs n’appréciant pas spécialement le Blues et le Jazz…Alors… : une suite aussi forte afin qu’enfin je puisse ajouter une série dans mes « favoris » ?…Espoir, espoir…
Alvin a un rêve ! Pouvoir enfin jouer à Carnegie Hall … Mais pour cela, Alvin a besoin de son ami Cornelius, trompettiste prodige disparu mystérieusement en 1948.
En jouant subtilement des flashbacks pour rythmer et couper la linéarité de son récit, en allant même jusqu’à faire venir - en guest star - le fantôme bienveillant de Louis Armstrong, Philippe Charlot réussit là un superbe (premier) scénario. Dans le même temps et sur le même tempo, le graphisme réaliste et intimiste d’Alexis Chabert transpire le swing à chacune de ses planches, sans pour autant dessiner une seule note de musique !
Dès la première page, "Bourbon Street" vous emmène avec lui : histoire d’amour et d’amitié, de femmes disparues ou d’amis partis... cet album (se)joue des thèmes qui firent les plus beaux standards du Jazz !
Hey, Alvin ! What Are You Doing the Rest of Your Life ?