Bons baisers de Limón
Une BD de Edo Brenes chez Casterman - 2021
09/2021 (08 septembre 2021) 280 pages 9782203231603 Autre format 432882
Un premier roman graphique à la fois mémoriel et universel ! De retour chez sa mère, au Costa Rica, un jeune étudiant s'empare d'une boîte de photos anciennes. En fouillant dans les clichés des années 1940, 1950 et 1960, et en interrogeant les témoins de ce passé, il retrace une histoire familiale secrète, nouée autour d'un triangle amoureux entre une jeune fille et deux frères. Les zones d'ombre se combinent avec les lumières de la ville portuaire de Limón sur la côte caraïbe, la nostalgie avec la violence. Dans ce premier roman graphique inspiré... Lire la suite
Un jeune étudiant de retour au Costa Rica va interroger sa famille pour en savoir plus sur leur passé (des années 40 à 60). On pénètre dans les secrets de famille avec leur zone d'ombre et de lumière.
Il y a également tout un parfum de nostalgie sur un mode assez authentique notamment dans les dialogues.
Les vignettes sont assez petites ce qui rend la lecture pas vraiment aisée surtout qu'on va naviguer sans cesse entre présent et passé. Le graphisme reste toutefois très simplet sans doute trop sommaire en ce qui me concerne.
Du même auteur, j'avais grandement apprécié « In waves » mais je suis moins fan de ce long roman graphique qui ne m'a pas vraiment emballé. Certes, il y a la révélation finale qui donne un peu d'attrait à cette lecture.
Une vie peut être bâtie sur un mensonge qu'il vaut mieux garder au risque de détruire des vies ainsi que l'image de l'amour. J'ai tout de même bien aimé la fin qui se termine par une grande note d'émotion.
Bref, c'est un voyage assez immersif dans le cœur d'une famille au Costa Rica.
Les secrets de famille, cela vous parle ? Peut-être y en a-t-il chez vous ?
Edo Brenes, dessinateur, graphiste, rentre au Costa Rica, son pays natal, depuis l’Europe. Il n’a que quelques jours devant lui pour exploiter les photos de famille. Il s’est mis en tête de retracer le parcours de son grand-père maternel auquel il ressemble beaucoup physiquement et de sa grand-mère.
Au départ, il compte filmer les interviews, mais autant les gens parlent avec aisance en découvrant les photos qui leur rappellent les souvenirs de leur jeunesse, autant ils considèrent qu’ils n’ont rien à dire quand on les filme. Edo comprend qu’il doit renoncer à filmer et se contenter de prendre des notes pour que ses témoins s’expriment librement. En discutant via Internet avec son épouse restée en Europe, il découvre la nécessité de dresser deux arbres généalogiques : un pour la famille de maman et un pour la famille de papa. Au fur et à mesure qu’il rencontre des cousins, des cousines, des oncles, des tantes, il se concentre sur trois personnages inséparables : la belle Rosario (sa grand-mère maternelle) et les deux frères : Virgilio, le plus jeune de six ans, et Osvaldo l’aîné qui a la lourde charge de devoir aider sa mère, son père étant décédé.
Rosario et Osvaldo ont le même âge. Ils semblent très proches même si la timidité et le sérieux d’Osvaldo sont de lourds handicaps. Virgilio est tout le contraire de son frère ! C’est un casse-cou, très doué, mais qui ne va jamais au bout des choses. Il a un talent fou pour le football… mais il se met à picoler…
A la surprise générale, la belle Rosario, très courtisée, que tout le monde s’attend à voir épouser Osvaldo, se marie avec Virgilio, six ans plus jeune qu’elle et quelque peu (beaucoup même) alcoolique et infidèle…
Critique :
Edo Brenes a plongé dans son histoire familiale pour raconter au travers de ce roman graphique un secret de famille dont le lecteur est loin de se douter. Derrière des tas de témoignages anodins, il commence à découvrir qui était réellement son grand-père maternel, Virgilio, mort depuis longtemps, mais surtout les curieuses relations entre sa grand-mère Rosario, son grand-père et Osvaldo, son grand-oncle. Le récit se construit à la fois grâce aux photos du passé mais aussi aux témoignages de ceux qui ont connu les trois protagonistes.
C’est aussi l’occasion de découvrir une certaine vie, durant plusieurs décennies, au Costa Rica, seul pays d’Amérique centrale qui n’a pas d’armée, supprimée en 1949 ! Il fut même le premier pays à se passer d’armée. En contrepartie, cet état a considérablement investi dans les soins de santé et l’éducation. Un exemple trop peu suivi, hélas, particulièrement en Amérique latine.
Mais revenons à Edi Brenes que j’ai eu l’occasion de rencontrer à Bruxelles le samedi 11 septembre 2021. Son dessin, très ligne claire, est assez figé… Et pour cause… Il reproduit les fameuses photos de famille. Tout l’art et l’intérêt de cette bande dessinée repose sur le côté innocent et anodin de cette recherche effectuée par l’auteur pour en savoir davantage sur sa famille et en particulier son grand-père et sa grand-mère du côté maternel. Vu comme cela, on pourrait se dire « Bof ! Bof ! Et rebof ! » et certains ne manqueraient pas d’ajouter « Rien à cirer de ces histoires de zoulous guatémaltèques ! » … Heu… Il n’y a pas de zoulous au Costa Rica qui n’est pas le Guatemala… Et ils auraient tort car cette histoire est bien plus proche d’un roman que d’une bande dessinée classique. Tout l’intérêt repose sur la fin de l’histoire…
Quant au graphisme, très sobre, il est dans la veine des romans graphiques actuels. En temps ordinaire, je ne suis pas particulièrement fan de ce type de couleurs et de dessins « trop minimalistes » mais j’avoue qu’après lecture, ils me semblent parfaitement adapté au style du récit, permettant au lecteur de se concentrer sur l’essentiel.