Le boiseleur
1. Les mains d'Illian
Une BD de Hubert et Gaëlle Hersent chez Soleil Productions (Métamorphose) - 2019
10/2019 (16 octobre 2019) 82 pages 9782302077782 Grand format 375010
En ces temps fort lointains habitait dans la ville de Solidor Illian, jeune apprenti sculpteur. Son habileté ravissait l'impitoyable Maître Koppel, délesté ainsi de la plupart des tâches de sculpture. Les habitants de Solidor avaient développé une passion pour les oiseaux exotiques, et chaque maison comportait au moins une cage en bois, avec au moins un oiseau. Les écouter enchantait Illian. Un soir, tandis qu'il fignolait un petit rossignol sculpté dans un rebut de bois, Maître Koppel surgit, furieux, avant d'être apaisé par sa fille, émerveillée... Lire la suite
Cet avis porte sur les 2tomes que j'ai lu "à la suite".
Il faut bien comprendre qu'il s'agit d'une fable poétique, avec ses codes, notamment où il faut tout détailler.
Par moments, j'ai d'ailleurs eu +l'impression de lire un "livre illustré" qu'une BD tellement il y a de "voix off" dans ces albums.
Le dessin est magnifique (surtout dans le Tome2) ; dont des à-plats à couper le souffle et un découpage particuilèrement captivant. Il restitue bien les atmosphères ou les émotions.
Ce qui coince un peu, de moi, c'est le scénario qui, comme souvent dans ce genre de fables, s'étire dans les détails et j'avoue m'être par moments un peu ennuyé.
L'ensemble, imposant (210pages au total!) est servi par de très belles couvertures, il faut le souligner,. Tout cela en fait un bon dyptique que j'ai eu plaisir à lire sans en faire un indispensable.
Cet avis porte sur les 2tomes que j'ai lu "à la suite".
Il faut bien comprendre qu'il s'agit d'une fable, avec ses codes, notamment la logique de tout détailler.
J'ai d'ailleurs, par moments, j'ai eu +l'impression de lire un "livre illustré" qu'une BD tellement il y a de "voix off" dans ces albums.
Le dessin est magnifique (surtout dans le Tome2) ; dont des à-plats à couper le souffle. Il restitue bien les atmosphères ou les émotions, même si quelques fois les visages semblent figés.
Ce qui coince un peu, de moi, c'est le scénario qui, comme souvent dans les fables, s'étire dans les détails et j'avoue m'être par moments un peu ennuyé.
L'ensemble en fait cependant un bon dyptique que j'ai eu plaisir à lire sans en faire un indispensable.
En lisant cette belle œuvre, on ne peut que regretter le récent départ d'Hubert vers d'autres cieux. C'est tout simplement magnifique, autant sur le fond que sur la forme. Beauté du trait et intelligence du scénario sont réunies pour notre plus grand plaisir de lecture. C'est assez rare pour le souligner.
On est en effet entraîné dans la ville de Solidor où un jeune apprenti, Illian, est exploité par son vieux patron qui lui a appris le métier de sculpteur. Il fait de magnifiques cages en bois avant de réaliser des oiseaux. Il faut dire que dans cette ville chaque habitant a succombé à la mode de ces volatiles.
C'est une belle fable sur le consumérisme qui ronge nos sociétés. La surexploitation a également des conséquences comme s'en rendra compte notre jeune héros qui aimait le chant des oiseaux. Rien n'est fait pour durer dans un monde éphémère.
A la fin du premier tome de ce diptyque, on ne peut que regretter que cette aventure ne se poursuivra sans doute pas, à moins d'une relève miraculeuse ou de travaux préparatoires déjà avancés. Le niveau restera t-il le même ? En tous les cas, une œuvre d'un charme et d'une profondeur sans doute inégalés. Merci Hubert !
Très bel album aux dessins soignés et à la mise en pages variée, de pleines pages succèdent à des cases plus traditionnelles. Village et monde onirique, histoire à la fois romantique et cruelle (ce désintérêt soudain pour les vrais oiseaux...). Un simple bémol sur la fin de l'histoire. En tant que fin d'histoire elle laisserait justement sur sa faim. A priori il ne s'agit que de la fin de l'épisode et j'ai hâte donc de connaître la suite pour me faire une idée définitive.
La phrase d’introduction « en des temps fort lointains » nous plonge d’emblée dans l’univers du conte et des légendes : nous sommes à une époque indéterminée (mais les costumes font penser à la Renaissance), dans la ville imaginaire de Solidor, en un pays d’Orient, ainsi que le soulignent les consonances arabisantes, l’architecture (la place du marché aux oiseaux et les minarets en arrière-plan) et les tons ocres et sables.
Ce monde imaginaire est peuplé de figures archétypales : le jeune et candide apprenti, son maître cruel et cupide et sa fille, belle et douce ingénue. Et comme dans les contes à nouveau, l’onomastique choisie permet de caractériser les personnages : Koppel signifie en allemand, « ceinturon » ou « enclos » et montre bien (y compris dans ses sonorités) la violence et la cruauté de cet homme qui emprisonne son apprenti, Flora au contraire est un prénom parfait pour une jeune fille en fleur tandis qu’Illian veut dire « descendant de haute origine »en hébreu ou « grandeur spirituelle » en arabe et met en valeur les qualités du héros. Et le graphisme est à l’avenant : Koppel ressemble à l’ogre des contes par sa stature massive et sa barbe menaçante, Flora emprunte ses traits et sa belle chevelure rousse aux peintures des Préraphaëlites (particulièrement à celles de Burne-Jones) et le héros a les traits et l’épi du personnage d’Arthur de « Merlin l’enchanteur » de Disney.
L’album est d’ailleurs un objet hybride entre livre de contes (grandes illustrations pleine pages voire double pages comportant de longs encarts de textes et séparation en chapitres indiqués par des pages noires) et album de bande dessinées avec cases et phylactères dialogués. On remarquera un hommage à Edmond Dulac à la page 29. Cet illustrateur célèbre de livres d’étrennes de la fin du XIXe siècle qui s’inspirait des estampes japonaises et des miniatures persanes fait partie des lectures de Flora ! On pourrait presqu’y voir d’ailleurs une mise en abyme car les couleurs un peu passées du « Boiseleur », les inspirations orientales, et la finesse du trait de Gaëlle Hersent rappellent la manière de Dulac tout en inspirant un sentiment de nostalgie au lecteur. Mais la tentation serait grande alors d’assimiler « le Boiseleur » à l’un de ces beaux livres pour enfants – ce qu’il est de facto par le soin tout particulier apporté à sa réalisation comme souvent dans la collection « Métamorphoses »-.
Il ne faudrait pourtant pas le réduire à cela. Comme dans « Beauté » et « Les Ogres-dieux », le conte est cruel et se mue en apologue et en dénonciation des travers de notre société. On y perçoit ainsi une critique du matérialisme et de la société de consommation. Hubert fustige délicatement notre tendance au panurgisme en montrant bien comment à la mode des oiseaux réels puis en bois succède en un laps de temps très court celle des sauriens (beurk !). Ce dernier engouement lui permettant de créer des cases délicieusement absurdes telles celle des gentes dames promenant nonchalamment leurs crocodiles en laisse et provoquant des accidents ! Il évoque également la condition de l’artiste et règle peut être ses comptes avec quelques éditeurs au passage en montrant comment un créateur peut être réduit de force à une répétition stakhanoviste des mêmes succès !
Enfin cet album célèbre vraiment l’importance de l’art et tout cela dans une langue aussi ciselée que les dessins. Cette poésie se trouvant présente dès le mot valise choisi pour titre : le « (b)oiseleur », c’est Illian le sculpteur qui tel un OISELEUR capture la beauté de l’oiseau dans sa statue de de BOIS mais c’est aussi Hubert qui par le choix et l’énumération de noms d’oiseaux aussi poétiques qu’authentiques semble nous en faire entendre le ramage tandis que Gaëlle Hersent en les reproduisant magnifiquement et scrupuleusement avec un trait haché à l’ effet quasi buriné donne l’éclat de leur plumage dans des pages et des médaillons aux couleurs vives et chatoyantes qui tranchent sur les tonalités douces et passées du reste de l’album !
Une œuvre polysémique et d’une grande beauté prévue en trois tomes qui pourront se lire indépendamment. Je vous invite vivement à découvrir d’ores et déjà le splendide « Mains d’Illian » !
Entre conte, poésie et fable, Le Boiseleur nous entraîne dans un univers totalement envoûtant.
La mise en scène est atypique avec un grand nombre de pages pleines qui nous permettent d'admirer la somptueuse ville de Solidor. On a vraiment envie de s'y balader et d'en découvrir davantage.
De plus, la narration autobiographique d'Illian, personnage principal, sous forme de larges textes placés dans certains espaces, donne un air de livre d'illustrations très plaisant.
La mise en couleur satinée mélangeant des nuances d'ocre, de marron et d'or reflète parfaitement une époque nostalgique et féerique d'antan.
Le détail de l’univers est poussé jusqu'au bout avec une magnifique couverture en relief qui comme un oiseau dans sa cage, permet de ranger cette ouvre dans son écrin.
Le Boiseleur, une excellente surprise qui m'a plus que séduit et dont j'ai hâte de découvrir la suite.