Blues 46
1. La chanson de septembre
Une BD de Laurent Moënard et Éric Stalner chez Dargaud (Long Courrier) - 2004
05/2004 46 pages 2205054295 Grand format 35299
Tout commence par une rencontre entre deux personnages qui n'auraient jamais dû se croiser, Guéric et Alain. Le premier sillonne la région à bord de sa vieille DS et se fait de l'argent en revendant des ouvrages anciens précieux à des collectionneurs fortunés. Le second est un adolescent au caractère bien trempé qui se balade avec pour seul compagnon un furet. Leurs destins vont se croiser au bord d'une route, un jour d'automne, transformant définitivement leur vie...
Je préviens d’avance en guise d’introduction que ma critique pourra apparaître assez féroce pour un 3 étoiles comme quoi cela n’est pas forcément le lot des bd avec une note inférieure.
Ce diptyque se présente comme une espèce de road-movie lotois à savoir que l’action se passe dans le département du Lot dans la région Midi-Pyrénées dont le chef-lieu est la ville de Cahors (20000 habitants). C’est un peu régionaliste comme bd mais avec un arrière goût totalement américain dans le concept ou dans l’âme. Il est question souvent de musique notamment de jazz pour donner une certaine ambiance au récit.
Le problème se situe dans le fonctionnement de cette histoire un peu abracadabrantesque. Le début commence d’ailleurs assez bien. On a envie de découvrir les deux personnages principaux tant ils semblent différer quant à leur caractère réciproque. Il y a toujours quelque chose qui me plaît quand il y a de l’antagonisme dans l’air. Pour autant, il faut que ça ait l’air naturel. Or c’est ce qui pêche réellement en l’espèce.
Un jeune garçon mal élevé va se transformer en belle jeune fille au vocabulaire châtié comme par enchantement d’un tome à l’autre. On n’y croit pas une seule seconde. Autre scène d’anthologie : faire l’amour tout en récitant du Shakespeare, il fallait le faire ! Cela peut paraître d’un ridicule ! On nous balance également des petites phrases à la Audiart dans le style du film Les tontons flingueurs. Cependant, cela ne prend pas dans ce magma un peu indigeste.
Pour autant, je ne serai point sévère dans ma notation de l’œuvre. On est charmé tout d’abord par l’excellent travail d’Eric Stalner sur le dessin. Néanmoins, pour la première fois, j’ai éprouvé un petit ras-le-bol concernant des personnages qui manifestement se ressemblent de trop d’une série à l’autre. On croirait à un condensé de «Fabien M.», de «La Croix de Cazenac» ou encore «Ange-Marie». Le reproche concerne directement une faculté à dessiner des personnages qui trancheraient définitivement avec une espèce de blond pré-pubère dont la figure semble chère à l’auteur.
Et puis, il est vrai que cela se lit agréablement ce qui est un facteur de plaisir non négligeable. On devra cependant admettre que la conclusion se révèle également tirée par les cheveux. On ne peut pas croire un seul instant ce qui se passe car l’évolution des personnages n’est pas crédible. Il aurait fallu s’en tenir à quelque chose de plus subtil. Il manque la patte d’un scénariste comme Marc Malès qui arrive à nous distiller la psychologie de ses personnages de telle façon à ce qu’on adhère à l’action que ceux-ci mènent au cours de leur histoire. Ce n’est manifestement pas le cas en l’espèce.
Je sais également que les comparaisons d’œuvres voire de manières de travailler ou de composer une histoire ne sont guères souhaitables. Mon intention est juste de souligner que ce qui marche dans une œuvre est le fruit d’un réel talent que ne possèdent pas forcément tous les auteurs. Mais encore une fois, j’ai lu bien pire ce qui fait que cette œuvre se situe dans la juste moyenne des productions dont on nous abreuve en masse. Il faut ne pas être exigeant et se laisser séduire par des petites touches d’apparence qui ne tromperont pas les lecteurs les plus avisés. Je désespère de trouver une œuvre réellement révolutionnaire…
j'ai acquis "tardivement" ce diptyque, mais Stalner ne me laissant jamais insensible, je n'ai pas hésité et bien m'en a pris. Les couleurs directes sont remarquables sur l'automne lotois, les dialogues savoureux, les personnages (gentils, méchants, jeunots (ettes) et séniors...) attachants et atypiques, le scénario bien ficelé...S'ajoute pour chaque album un carnet de croquis de très belle facture...Ce diptyque de belle allure et tenue est absolument à lire...
Un dessin de tout premier ordre, de superbe couleur et un scenario à la hauteur. On est dans un tres bon road movie : des mechants dans la pure tradition polar, le seul probleme c'est d'accepter que Alain soit aider aussi facilement, le debut est pas terrible mais des que les gros bras entrent en action l'histoire s'etoffe.
Dans un premier temps le dessin :
J'ai trouvé ça de très bonne qualité. Les personnages et les décors sont bien léchés
Deuxièmement la couleur :
Les couleurs sont justes on est dans la demi mesure pas de couleurs trop vives l'ensemble est d'une cohérence parfaite et sert admirablement le dessin.
Troisièmement le scénario :
Ca commence mal au début de l'histoire (les 3 premières pages en fait) c'est mou !
Puis l'intrigue commence à se dévellopper. Chaque personnage s'étoffe et se confronte aux autres ainsi qu'à ses propres démons.
Comme le travail d'un maçon les fondations se posent petit à petit, et en milieu d'album je me suis trouvé pris au piège de la lecture. Avec le premier tome de ce dyptique force est de constater que je me suis fait embarquer sur la route de ce road movie teinté d'enquête et que maintenant je fais l'auto stop sur le bord de la route attendant impatiemment le prochain N°.
En conclusion, pour moi, une très bonne BD qui mérite le détour. Seul regret, l'univers Blues (comme le titre l'annonce) n'est pas rendu du tout dans le tome 1. C'est un acte manqué des auteurs car il semble évident à la lecture du volume et du cahier graphique que s'était leur intention.