Blueberry (Marshal)
Int. Intégrale
Une BD de
Jean Giraud
et
Vance, William
chez Dargaud
- 2017
Giraud, Jean
(Scénario)
Vance, William
(Dessin)
Rouge, Michel
(Dessin)
Petra
(Couleurs)
Smulkowski, Scarlett
(Couleurs)
12/2017 (01 décembre 2017) 138 pages 9782205077278 Grand format 316695
Le triptyque Marshal Blueberry est né de la rencontre entre deux légendes de la bande dessinée. Scénarisé par Jean Giraud, il permet à William Vance de montrer tout son amour du western lors de deux premiers tomes flamboyants. Michel Rouge, élève brillant du maître Moebius, achève avec bonheur une aventure épique, quintessence du western crépusculaire.
Dans la droite ligne de la série-mère, cette trilogie nous offre encore un peu de notre lieutenant préféré.
Chronologiquement situé dans les premières années de Blueberry à Fort Navajo, entre les 2 premiers cycles des guerres indiennes, ce récit entre en résonance avec le tome 6 de la série-mère, où Blueberry devait déjà devenir marshal par intérim dans une petite bourgade.
Mais la ressemblance s’arrête ici : la situation de Blueberry n’est pas dans cette trilogie d’être un simple shérif (comme dans l’homme à l’étoile d’argent) mais bien d’enquêter sur une sombre affaire de trafic d’armes entre les Etats-Unis et le Mexique, mettant en péril la région.
Le tome 1 de cette trilogie débute au fort où est cantonné Blueberry, lieutenant toujours aussi rebelle, et qui subit les foudres d’un assaut. A la fin du tome, Blueberry apprend qu’il va être chargé d’une mission par le général Sherman en personne, et qu’il devra être incognito pour cela : d’où la couverture de shérif.
Les tomes 2 et 3 relatent de l’enquête de Blueberry et de ses activités de shérif, avec les échecs et les réussites, les embûches et les traquenards. Tous les ingrédients d’un bon western bien sombre sont réunis, à la fois le lieu, le temps et les personnages secondaires, qui jouent tous leur partition.
Seul bémol néanmoins et pas des moindres : des erreurs scenaristiques grossières, des oublis et des confusions. Exemple frappant : dans le tome 2, Red Neck vient voir Blueberry pour l’informer que des documents ont été retrouvés dans l’arsenal de Newman (l’un des acteurs du trafic d’arme, présenté dès le tome 1). Mais dans le tome 3, lors d’un dialogue dès les premières pages, Red Neck demande à Blueberry ce qu’il s’est passé et quand ce dernier parle de Newman... Red ne sait pas qui il est !
Autre exemple : dans le tome 2, Blueberry ne connaît pas les demoiselles du ranch... alors qu’au début du tome 3 il parle de « l’ange blanc » en disant à Red qu’il l’a connaît depuis la guerre de sécession...
Cela m’a fait grincer des dents mais pour autant bloquer ma lecture.
Voilà pour le scénario. Du côté des dessins, les 2 premiers tomes de William Vance sont bien différents du style Giraud... mais cela fonctionne ! L’éditeur parle en présentation d’un « western crépusculaire ». Je valide totalement cette expression, tant les graphismes de Vance sont sombres et inquiétants, dans cet environnement de montagne enneigée, d’hiver froid et poisseux. Tout est remarquable à ce niveau-là et nous donne une nouvelle vision de Blueberry.
En revanche le tome 3, dessiné par Michel Rouge, revient sur des graphismes plus classiques, mais en moins bien que Giraud. Avec le scénario qui débute mal du fait des petites incohérences, cela m’a gêné. Mais passé les 5-10 premières pages on s’y fait et au final l’histoire se termine de manière cohérente.
Ce qui donne une trilogie très plaisante, qui mérite de faire partie de l’univers global de la meilleure série Western de l’histoire de la BD.