Blast
INT. Intégrale
Une BD de Larcenet, Manu chez Dargaud - 2017
10/2017 (27 octobre 2017) 803 pages 9782205076813 Autre format 314235
Le chef-d'oeuvre de Manu Larcenet dans une intégrale sublime sous fourreau. Un objet magnifique pour une bande dessinée hors norme multiprimée, et pour un auteur dont le talent inouï explose à chaque page.
"Blast", un état second, une sortie de corps, une drogue et son personnage qui donnerait son âme pour retrouver ces quelques instants de folie. "Blast" de Manu Larcenet est une œuvre très dense tant il parle de nombreux thèmes de société sur ses 4 tomes d'environ 200 planches. la série est aussi très nuancée, à la manière de l'être humain et du personnage de Polza Mancini sur lequel le lecteur appose différents sentiments : empathie, dégout, poétique, curieux, aidant. Le dessin, tout comme son scénario sont noirs, mais superbe dans l'expressivité, la justesse des propos, l'humanité des personnages. C'est très lisible, parfois une image nous reviens en pleine face sur une case, à la manière d'un flashback, on comprend tout de suite de quoi il s'agit, c'est très bien construit.
J'ai tendance à penser à deux films en lisant cet œuvre : "The Whale" de Darren Aronofsky ; Polza, imposant personnage principal de la BD a des choses à raconter mais se laisse mourir de torpeur à petit feu, tout comme Charlie (Brendan Fraser) dans "The Whale". Mais aussi "Memento" de Christopher Nolan, pour la manière dont Polza s'invente une vie, se crée son monde, ayant du sens pour lui, mais pas nécessairement d'un point de vue extérieur.
Manu Larcenet a créé quelque chose de fort, il a compris les codes de la BD et joue à 100% avec ce tableau. C'est un régal à lire, on prend du plaisir, même si quelques longueurs se font sentir T1 et le T3 car l'histoire s'éloigne parfois de l'arc narratif principal. Un T4 avec une haute intensité réunissant tout les éléments et images construites dans les tomes précédents, c'est intense et c'est un régal.
A lire, même si l’œuvre est très sombre, il y a de beaux moments contemplatifs de lumière et de vie.
Beaucoup de pages pour pas grand chose. Après chacun des deux premiers tomes, j'ai failli abandonner mais j'ai finalement achevé la lecture de l'œuvre entière. Au tome 3, ça démarre enfin et l'ennui s'atténue un peu laissant place à la curiosité de connaître le fin mot de l'histoire qui vient comme une sorte de récompense aux pages qu'on s'est farcies. Je dois dire que le graphisme ne m'a pas particulièrement accroché. Beaucoup de cases m'ont paru superflues. Il y a un gros défaut de crédibilité sur le personnage principal auquel je n'ai jamais pu souscrire : il vit en marge de la société en grande partie dans la nature, bouge beaucoup et bouffe peu, et mystérieusement reste obèse. Plus court (un tome sur quatre) et avec moins d'artifices (plus d'ellipses et de non dits), le récit aurait grandement gagné en efficacité. Finalement le titre du tome 1 colle bien à l'ensemble : grasse carcasse, longue logorrhée qu'il aurait fallu dégraissée.
Du grand art.
Chaque vignette est une œuvre d'art à elle toute seule. Larcenet nous déconcerte avec ce road movie d'un psychopathe attachant et effrayant, glaçant. L'auteur hilarant à ses début a fait sa mue comme on dit, pour nous livrer un chef d'œuvre terrifiant, bouleversant par son décalage entre ce que l'anti héros (l'anté Larcenet ?) perçoit et la réalité qui le et nous rattrape. Un polar magnifique et surprenant qui fait de Larcenet un des auteurs les plus génial de la bande dessinée.
J'ai bien aimé ce dernier Larcenet qui sait se renouveler à chaque fois. C'est en effet un peu différent de ce qu'il fait d'habitude. L'humour est généralement son genre de prédilection. Là, nous avons droit à une enquête policière sur un mystérieux gros personnage qui a sans doute commis l'irréparable. Les deux policiers veulent connaître les causes profondes d'un tel acte. Le suspect raconte alors l'histoire de sa vie sur un mode éminemment subjectif et c'est bien triste...
La maîtrise narrative est parfaite. Les dialogues ainsi que les réflexions formulées sont du haut de gamme. Nous avons encore une oeuvre supérieure à la moyenne. Pas étonnant vu son auteur assez talentueux. Il excelle véritablement. En ce qui me concerne, il est devenu le maître incontesté de la BD en France. Le talent n'est même plus à démontrer. C'est vrai qu'il agace par son arrogance. Cependant, il n'y a qu'à juger sur pièce pour voir ce dont il est capable. Les plus grands ont souvent été critiqués.
Il est clair que la laideur est ici revendiquée. Il n'y a qu'à voir la couverture. Bref, les détracteurs ne manqueront pas pour descendre en flèche cette œuvre et qui nous expliqueront qu'ils se sont ennuyés. Mais comment peut-on s'ennuyer devant cela alors qu'on peut s'extasier devant des productions insipides ? Oui, il faut avoir un certain niveau pour juger et tout le monde ne l'a pas, c'est ainsi. Mais respect également pour la médiocrité qui fait également partie de ce monde et qu'il faut bien accepter. Ne vous laissez pas abuser car nous avons là l'ébauche d'un chef-d'œuvre.
J'ai été touché par cette œuvre qui parle de différence et de solitude, du mécanisme implacable qui explique le passage à l'acte. Il y a de la profondeur qui fait défaut à tant d'autres réalisations. Plus qu'une explosion, Blast est un véritable cri qui vient de l'intérieur !
A noter l'existence d'une intégrale qui est parfaite sur la forme malgré ses 800 pages. On a l'impression de lire un très gros roman. Inutile de préciser que j'ai acquis cet objet magnifique. J'en ai profité pour relire cette œuvre. Au sortir de cette lecture, il n'y a pas photo: c'est véritablement culte. Je rehausse par conséquent ma note.
Note dessin : 4.5/5 – Note Scénario : 4.5/5 – Note Globale : 4.5/5
Du Manu Larcenet... Son chef d'oeuvre parmi ses chefs d'œuvre. A ranger à côté du Rapport de Brodeck. Ça ne se commente pas. Car il n'y a pas de mots...
Un véritable chef d'oeuvre, il n'y a pas d'autre mot. Au centre duquel on retrouve la fameuse notion de "l'abolition du discernement", ce moment de basculement qui fait toute la différence entre un criminel de sang-froid et un malade ayant perdu contact avec la réalité. Larcenet aborde ce thème sensible avec une maîtrise totale, et son récit est hallucinant de vérité. On plonge dans son histoire pour en ressortir, essoré, sonné... Un ouvrage rude, éprouvant, mais aussi magnifique.
J'ai relu avec un plaisir énorme cette histoire que j'avais découverte à dose filée sur 5 ans (délais de parution des 4 albums).
Quelle claque !
Puissance narrative et graphique exceptionnelle.
Et je reste sur une question lancinante liée aux toutes dernières pages : le journaliste ne serait-il pas le fils de Polza Mancini ???
Une enquête au royaume de la dégénérescence psychiatrique et un voyage dans les limbes de la folie et de la misère, soutenu par une maitrise narrative époustouflante, nous donne une histoire glaçante et terrifiante qui vous saisi de bout en bout.
Un dessin, à part, qui peut repousser le lecteur non averti, mais qui est en symbiose avec ce scénario effroyable.
Pas surprenant que cette série soit classée "hors normes" et qu'elle suscite autant de controverses.
A lire, mais par un public averti !