Black Squaw
2. Scarface
Une BD de Yann et Alain Henriet chez Dupuis - 2021
05/2021 (14 mai 2021) 46 pages 9791034754113 Grand format 422204
Née à l'aube du XXe siècle de mère noire et de père Cherokee, Bessie Coleman est déterminée et passionnée d'aviation. Mais l'Amérique des années folles est aussi celle du Ku Klux Klan et de la ségrégation raciale : les écoles de pilotage sont inaccessibles pour une femme métisse. Partie passer son brevet de pilote en France, Bessie met ses talents d'aviatrice au service du trafic d'alcool d'Al Capone... Les auteurs de
Même si certaines scènes sont plutôt bien dessinées, l'ensemble reste surprenant et le scénario bien irréaliste.
Après un premier tome intéressant, qui avait l'intérêt de mettre en scène un personnage singulier et méconnu, ce deuxième tome piétine. Les intrigues mêlées ne sont pas passionnantes (c'est peu de le dire), les rebondissements frisent le grotesque (en particulier la partie finale avec les membres du KKK) et les dialogues sont très, très faibles.
Les auteurs auraient gagnés à centrer l'histoire sur leur héroïne, dont la vie fut suffisamment remplie pour ne pas en rajouter.
La seule chose à sauver, c'est le dessin qui, à défaut d'être génial ou original, est de très bonne qualité.
Bref, un album typique de la surproduction actuelle.
Bon, je ne suis pas fan.
Déjà, les avions, ça ne m’intéresse pas, mais les deux ou trois histoires qui se mêlent, Black Squaw qui conduit Scarface, les gamins qui tentent de protéger l’avion et la femme, sa jeunesse… J’avoue, ça ne m’a pas palpité.
Ça manque de je ne sais quoi, de suspense, de profondeur…
J’ai lu l’ensemble en peinant un peu parce que je ne trouvais pas l’intérêt. Bien dessiné et réalisé mais pas mon kiff.
NDLR : Au moment de poster cet avis sur le tome 2 de « Black squaw » , je découvre l’avis d’Alice Cooper sur le tome 1 constitué finalement moins d’une critique de l’album lui - même que de ma chronique ! J’utilise donc mon droit de réponse ! Je n’ai nulle relation avec les auteurs ( et je suis donc flattée qu’on pense que ce soit l’un d’eux qui écrive !), je ne suis pas intéressée à la vente, j’avais seulement envie de partager un coup de cœur ! J’ai l’habitude d’ expliquer pourquoi j’aime ou n’aime pas telle œuvre par respect pour leurs créateurs justement. Ce n’est pas nouveau, Boileau le disait déjà au XVIIe « la critique est aisée mais l’art est difficile ! » Très facile de balancer un "une étoile", plus dur d’étayer ! Je conçois que l’on n’aime pas, concevez donc qu’on aime ! J’ai trouvé le scénario uchronique du tome 1 très fin et je ne suis pas la seule (voir l’avis de saigneur de guerre) mais peut-être fallait-il un minimum de culture générale pour l‘apprécier et comprendre par exemple les premières pages (une hypothèse sur le mystère de la disparition de Nungesser et Coli qui permet de dater l’histoire et de découvrir du même coup que ce qui va nous être raconté est partiellement inventé parce que la vraie Bessie Coleman est morte depuis un an déjà !). Après cette mise au point, place au tome 2 !
Après « Mezek » et « Double 7 » en compagnie de Julliard (2011 et 2018) , « Angel Wings » avec Romain Hugault (depuis 2014) et « Dent d’ours » (2013-2018) avec Alain Henriet , Yann a enchainé avec une nouvelle série « aéronautique » aux côtés de ses deux complices : Henriet et Usagi. Après un premier tome riche en péripéties, nous voici déjà au deuxième épisode de « Black Squaw » prévu en deux cycles de trois albums. Yann et Henriet en profitent pour revenir sur le passé de l’héroïne à travers des flashbacks et développer également des séquences sur les gamins de Waxahachie.
A L’ORIGINE D’UNE VOCATION
L’œuvre commence par un flashback en apparence déconnecté de l‘histoire de Bessie : on se retrouve dans les tranchées d’Argonne où ses frères, engagés volontaires dans le 369e régiment d'infanterie – celui des Black Rattlers (les "serpents à sonnette noirs") – participent à la guerre de 1914-1918. Ils croisent dans le no man’s land un certain Eugene Bullard dont l’avion vient de se faire descendre par les Allemands et le sauvent. Ce personnage surnommé l' « Hirondelle noire de la mort », a réellement existé tout comme son petit singe mascotte d’ailleurs ! Lui aussi noir Américain, Bullard avait décidé de devenir pilote, à une époque où c'était impossible pour un noir aux Etats-Unis. Comme ce n'était pas le cas en France, il s'était engagé dans la Légion étrangère, afin d'obtenir la nationalité française. À force de courage, il avait ainsi obtenu son brevet ! Combattant hors pair, Bullard avait gagné le droit d'écrire une maxime sur le fuselage de son avion : « Tout sang coule rouge ». Malgré son héroïsme, les autorités américaines refusèrent de reconnaître ses victoires... mais il servira de modèle à la vraie Bessie et l’encouragera à croire en ses rêves.
On se rappellera alors la case de clôture du premier tome dans laquelle elle s’endormait, adulte, en serrant sur son cœur la photo dédicacée obtenue par ses frères dans le flash-back. On évoquera également la jaquette réalisée pour l’édition limitée du tome 2 dans laquelle Bessie adulte, apparait au milieu des tranchées, ladite photo à la main. Ainsi, la filiation symbolique est mise en évidence. Grâce à ce syncrétisme des époques on devine quel fut le parcours de Bessie qui partit passer également son brevet en France à l’image de son idole et l’on comprend mieux certains détails : les affiches du cabaret « Le Chat noir » et la pendule en forme de Tour Eiffel dans sa planque, sa maîtrise du français … Le flash-back du retour à la maison après la démobilisation dans lequel Walt et Johny font le panégyrique de la France comme terre d’accueil et de tolérance vient finalement expliciter en dialogues et dessin le cheminement qui nous était brièvement retracé dans le dossier documentaire à la fin du premier opus. L’ensemble souligne la détermination de Bessie qui, honorant son nom cherokee « Corneille obstinée », veut continuer sur sa terre natale le combat entamé par Bullard (qui ne revint jamais aux Etats-Unis), et ses frères pour la levée des stéréotypes racistes et l’appréciation des hommes - et des femmes - quelle que soit leur couleur de peau alors même – ceci nous est rappelé au détour d’une case- que l’un des principaux zélateurs du mouvement suprémaciste n‘est autre que le président Woodrow Wilson en personne…
BESSIE PORTE-ETENDARD DE REVENDICATIONS
L'héroïne est extrêmement séduisante. Henriet s'est inspiré de photos de la Bessie réelle mais aussi de Halle Berry et de Rihanna pour créer une belle métisse aux yeux verts. Il l'a rajeunie également : dans l'album en 1927, elle semble avoir une vingtaine d'années alors qu’elle en aurait eu 35. Comme l’explique le dessinateur, « Black Squaw c’est un peu un fantasme ultime. Il fallait que cette héroïne de papier soit dotée d’un charme indéniable ». Elle suscite l’admiration d’Al Capone et son charme opère également sur les gamins de Waxachie qui, de circonspects et moqueurs au tome 1, lui vouent désormais un véritable culte. Si certains visages rappelaient ceux du jeune trio de « Dent d’ours », le leader de la bande se nomme Tom et leurs traits plus affinés et individualisés dans cet album font songer à ceux des personnages de l’anime des années 1980 fondé sur l’œuvre de Twain. Comme dans « Tom Sawyer » et plus encore « Huck Finn », les enfants deviennent solidaires de la jeune paria et l’aident à se débarrasser des méchants lancés à sa poursuite. Leur attitude induit par ricochet celle des jeunes lecteurs tandis que leurs parents ne manqueront pas d’avoir un pincement au cœur lorsqu’ils liront les propos enflammés et dithyrambiques des frères aînés de Bessie sur la France, terre d’accueil pour les minorités dans les années 1920 …
UNE SERIE POPULAIRE
Ce second tome, grâce à ces petits personnages secondaires et aux trognes mémorables des hommes de main du Klan, grâce aussi à la présence en guest-star d’Al Capone lui -même (voire le titre du volume) pince sans rire et cruel constitue également un récit d’aventures rafraîchissant. Là encore le dessin d’Henriet fait merveille. Dans la bataille aérienne, toutes les cases sont en mouvement. Le découpage est clair et dynamique. Il porte toujours autant d’attention et de soin aux décors et au détail et livre des pages sur la Première guerre mondiale de toute beauté, aidé en cela par les couleurs fort bien choisies d’Usagi. Les séquences consacrées aux enfants apportent, quant à elles, une respiration dans l’album par rapport au sentiment de « trop plein » d’événements qu’on pouvait parfois ressentir au tome 1 ainsi qu’une dimension parfois comique.
Si cette série ne révolutionne pas le 9e art, elle est rafraichissante et familiale et l’on aurait tort de bouder son plaisir !
Je ne souhaitais pas lire cette suite, après un tome 1 qui m'avait laissé de marbre. A côté de "dent d'ours", ce projet est mauvais, très mauvais.
Mais comme j'achète le "journal de Spirou", pour mon fils, je l'ai lu "à mon corps défendant", semaine après semaine, lors de sa prépublication dans ce magazine.
Même le dessin est devenu banal et sans intérêt.
Y'a rien à sauver, ni le scenario, ni les personnages, ni les dessins. Ce n'est pas parce que c'est basé sur un personnage ayant réellement existé que c'est intéressant. Encore faut-il une histoire passionnante et des personnages charismatiques.
Passez votre chemin ; au prix où sont les BD, mieux vaut s'attarder sur ce qui en vaut la peine.
Bessie n’est encore qu’une enfant lorsque son frère rentre de la guerre en France où il a été très surpris de constater que les Noirs n’y étaient pas traités de la même façon qu’aux Etats-Unis. Il ramène à sa sœur un cadeau inestimable : une photo dédicacée par le grand aviateur noir, Eugène Bullard, le héros préféré de Bessie, celui qu’elle rêve d’imiter.
Quelques années plus tard, elle vole à bord de son propre avion pour le compte … d’Al Capone, soi-même ! La voilà chargée d’une mission qui doit la mener, elle et son boss, à Saint-Pierre et Miquelon. Al Capone doit expliquer l’une ou l’autre petite règle de savoir-vivre à un Français qui lui fournit des bouteilles de bon alcool pour éteindre les gosiers en feu des Américains, asséchés par la prohibition.
Pendant ce temps, le Ku Klux Klan n’a pas oublié qu’il a un petit différend à régler avec cette petite métisse…
Critique :
Une fois de plus Henriet s’est dépassé au dessin. Mais peut-on encore se dépasser quand on atteint une telle maîtrise ? Les couleurs d’Usagi sont splendides. Ok ! Et le scénario ? Je ne suis pas sûr d’avoir bien tout digéré. Trop de lieux et d’époques se mélangent même s’il y a une justification à cela : les deux soldats noirs américains qui sauvent un pilote noir, la fin de la guerre où l’un d’entre eux devient cuisinier pour Al Capone, des petits gosses, copains de notre Black Squaw, qui jouent un rôle important, la rencontre entre Al Capone et Bessie, le Ku Klux Klan qui n’oublie pas sa vengeance… J’ai l’impression que les raccords entre toutes ces histoires sont quelque peu boiteux, et même si j’ai beaucoup apprécié cette bande dessinée, je n’en ai pas profité pleinement.
L’édition spéciale, tirée à 999 exemplaires, un tirage de tête, bénéficie d’un dessin inédit signé par le dessinateur. Il y a aussi une « sur-couverture » avec un dessin inédit.
Eugène Bullard a bel et bien existé et a accompli suffisamment d’exploits que pour être apprécié comme un authentique héros. Le racisme empêchera cet homme d’être reconnu pour ses nombreux mérites.