Black Magick
1. Réveil
Une BD de
Greg Rucka
et
Nicola Scott
chez Glénat
(Glénat comics)
- 2018
Rucka, Greg
(Scénario)
Scott, Nicola
(Dessin)
Scott, Nicola
(Couleurs)
Arena, Chiara
(Couleurs)
Chailleux, Maximilien
(Lettrage)
Scott, Nicola
(Couverture)
Trautmann, Eric
(Couverture)
Nikolavitch, Alex
(Traduction)
01/2018 (10 janvier 2018) 119 pages 9782344020166 Format comics 315796
Rowan Black travaille à la criminelle de Portsmouth. En bonne flic, elle a pas mal de choses à cacher. Dont une en particulier : c’est aussi une sorcière. La nuit, elle participe à des rituels secrets – quand ils ne sont pas interrompus par le boulot. Le jour où elle est appelée en urgence pour régler une prise d’otage, Rowan découvre que le criminel connait sa véritable identité. Et qu’il n’est sans doute pas le seul. Alors que la lumière se fait sur son passé, l’avenir de Rowan devient soudain beaucoup plus obscur…
Nous avons une inspectrice de police qui enquête sur des meurtres assez sordides. La particularité est qu’elle mène une double vie. En effet, c’est une jeune sorcière qui pratique la nuit tombée des rites étranges avec ses pairs dans les bois. Après tout, on a tous droit à une vie privée après le travail, alors pourquoi pas ?
Cependant, dans le cas qui nous occupe, elle semble être démasquée par un preneur d’otage qui va connaître une fin violente. C’est là que cela va se corser. Après tout, depuis Harry Potter, nous savons qu’il y a de gentils sorciers qui oeuvrent pour le bien de la planète. D’autres le sont moins…
La bd se veut sérieuse dans son aspect. Ce n’est pas sur le mode de la plaisanterie ou de l’humour. Je dois même dire que c’est plutôt sous l’angle du thriller horrifique une fois qu’on aura admis l’idée de base. Le graphisme est par exemple assez saisissant de réalisme.
L’équilibre de cette bd fonctionne assez bien malgré les prises de risques. J’ai bien aimé le développement de cette intrigue pour cette première partie. C’est assez bien partie pour découvrir la suite même si la trame demeure finalement assez classique.
Cela fait quelques comics indé Glénat que je lis et je dois dire que l’éditeur soigne ses ouvrages. La couverture est non pelliculée, maquette extérieure harmonisée entre les volumes, couvertures originales des épisodes, couvertures alternatives assez dispensables en fin de volume ainsi qu’un très long texte pseudo-historique détaillant la chasse aux sorcières au Moyen-Age et faisant office de prologue (et que je conseille vivement de lire pour poser le contexte historique de cet univers). Je ne trouve pas la couverture ni parlante pour ce volume ni particulièrement réussie, dommage pour une illustratrice du talent de Nicola Scott. Globalement du bon boulot d’édition.
Rowan Black est une sorcière. Elle est aussi flic à Baltimore (vous savez, la ville de The Wire…). Lorsque ses deux vies se retrouvent emmêlées elle devra comprendre la menace qui plane sur elle, une menace qui vient du fond des âges et transgresse les règles en utilisant le Magick…
Lorsque ce volume est sorti j’ai été accroché par les aperçus des planches intérieures, plus que par la couverture ou le sujet qui ne semblait pas très original (les histoires de sorcières on en a vu pas mal…). Je ne l’avais pas alors remarqué mais l’illustratrice, Nicola Scott (quoi, une illustratrice dans l’univers des comics de super-héros? Çà existe? Yessss!) est à l’origine des magnifiques couvertures de Wonder Woman Rebirth. Côté scénariste, je n’avais rien lu de Greg Rucka et je viens tout juste de me forcer à lire le premier Lazarus, série encensée mais horriblement dessinée… Avec de très bons échos et une histoire policière assez classique, j’ai décidé de me lancer sur Black Magick.
Et très bien m’en a pris tant cet album à l’esprit résolument européen est réussi et inspiré! C’est la première réflexion que je me suis faite en fermant ce tome sur un cliffhanger très réussi: une sensibilité, une atmosphère étonnante pour une histoire de guerre occulte sur fonds de magie noire. Ce tome a des similarités avec une autre série, franco-belge (ou italo-belge…): Rapaces. Le dessin d’abord, très proche de la technique de Marini, faite de beaux visages, de couleurs au lavis dans un cadre très dessiné. Scott comme Marini ont une parfaite maîtrise anatomique qui leur permet de dessiner les contours des personnages et quelques traits intérieurs mais c’est le pinceau qui donne de la. Cela donne un habillage vraiment superbe. Malgré la présence d' »assistants » indiqués en crédit, cette méthode est toute européenne et très éloignée des habitudes industrielles séparant dessin/encrage/couleur. Idem pour la planche d’homme nu, aussi naturelle que dans un Marini ou toute autre album européen et qui renvoie la récente affaire de la bite de Batman au rayon de vaste rigolade infantile…
Le scénario également démarre sur les mêmes bases: une enquêtrice et son super collègue se retrouve confrontée au fantastique. On part sur de l’enquête policière dans ce qu’il y a de plus traditionnel (preuves, légiste, témoignages,…) mais la principale différence ici est que contrairement à Rapaces dès les premières pages nous savons que Rowan est une sorcière. La question qui se pose sera de savoir qui lui en veut et la mise en place d’une conspiration entre factions occultes. A ce titre, l’irruption d’un « agent allemand » donne lieu à deux pages… en allemand non traduit! Le soucis c’est que les dialogues sont très importants pour comprendre à qui nous avons affaire et je n’explique pas que l’éditeur se soit dispensé d’une traduction…
Généralement c’est sur les scénarii que l’on remarque avec la plus grande évidence la différence entre les auteurs hommes et femmes. Sur Black Magick, sans connaître le scénariste j’aurais parié sur un duo féminin, en raison d’un rythme, d’une attention donnée à des détails d’ambiance et de relations entre les personnages. Sur ce plan le duo formé par Rowan et Morgan, son équipier, dans une relation toute en regards (magnifiquement et très subtilement rendus par Nicola Scott) est vraiment intéressant, nous laissant deviner un amour platonique, à moins que l’héroïne ne se fasse des idées, son confrère attendant tout juste un enfant et semblant par ailleurs très heureux en couple… Les auteurs posent très discrètement des jalons vers une montée en tension, reposant sur la protection par la sorcière de ce cadre familial idéal que l’on imagine devoir être bientôt menacé…
Ce que j’ai aimé dans cet album, c’est vraiment la délicatesse des dessins et des ambiances (pourtant il y a bien des cadavres, un esprit démoniaque et des tensions). Les visages mélancoliques de Scott y font beaucoup et la perfection des traits et des planches globalement ajoutent à ce bien être du lecteur pour un album vraiment agréable à découvrir. On part donc sur des bases très qualitatives, qui peuvent aboutir à une très grande série si le tout reste aussi maîtrisé dans les prochains tomes. Un des tout meilleurs comics de l’année!
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2018/10/08/black-magick-1/
Attention, ceci est une petite pépite !
D’abord pour le sujet de l’histoire : de la magie, à notre époque, aux États-Unis... c’est Charmed me direz-vous. Et bien oui, mais non ! C’est bien plus que ça.
On se retrouve plongé dans le récit immédiatement, avec une héroïne à laquelle on s’attache très vite. On retrouve une foule de détails sur les rites magiques mais le cœur de l’intrigue demeure mystérieux. La narration est bonne alternant entre les scènes d’enquête avec la Police et la vie personnelle de Rowan.
Le dessin de Nicola Scott est magnifique et très expressif. Elle dessine une foule de détails depuis la moto de Rowan jusqu’aux maisons et immeubles plus jolis les un.e.s que les autres. Le noir et blanc est un parti-pris qui fonctionne plutôt bien.
Bref, c’est du très bon comics pour qui aime la magie, la bande dessinée ou qui veut simplement se changer les idées après du DC ou du Marvel archi-formaté.
Encore une future grande série de Greg Rucka. Ce premier tome met en place l'intrigue, les protagonistes et les enjeux. Néanmoins, l'histoire avance vite et on s'attache rapidement à l'héroïne.
Le dessin est quant à lui très riche et nous emmène tout de suite vers l'essentiel.
Le gros point fort vient de la mise en couleur. En effet, tous les dessins sont en noir et blanc avec une multitude de nuances de gris. Les seules pointes de couleurs sont apportées quand il y a de la magie, que ce soit des objets, des sorts, des ambiances.
De cette façon on sait tout de suite quand la magie est présente ou non.
J'espère juste que la série gardera la tête sur les épaules et une certaine cohérence, et qu'au contraire elle ne déviera pas vers l'exagération et la surenchère.