La bête Humaine (Dobbs/Giorgiani)
La Bête Humaine
Une BD de Dobbs et Germano Giorgiani chez Hachette (RobinSon) - 2018
09/2018 (05 septembre 2018) 94 pages 9782012905313 Format normal 343980
Jacques Lantier est employé sur une ligne ferroviaire. Passionné par son travail et notamment sa locomotive qu'il aime comme une femme, il s'y consacre totalement afin de lutter contre les pulsions meurtrières qui l'agitent depuis toujours. Témoin d'un homicide dont il pense reconnaître le coupable, cet évènement va bouleverser sa vie jusqu'à le pousser lui-même à commettre l'impardonnable...
Autant j’aime bien le français comme matière, autant je ne suis guère réceptif aux ouvrages de littérature classique du genre Emile Zola ou Victor Hugo qu’on se tapait durant nos études avant de décrocher le bac. Cependant, je suis beaucoup plus réceptif au cinéma et surtout à la bande dessinée. Cela tombe bien car il s’agit ici d’une adaptation d’une œuvre majeure d’Emile Zola.
On est à la fin du Second Empire et il est question d’un meurtre dans le milieu des cheminots, ce qui est pour le lecteur, l’occasion de voir ces premières locomotives et ces gares d’antan. C’est surtout l’histoire d’un couple dont la femme est quelque peu infidèle.
Le coupable sera démasqué à la fin avec une identité quelque peu surprenante. Cependant, la moralité ne sera pas sauve.
C’est une bd sur un traitement à l’ancienne qui manque un peu de modernité et notamment dans les dialogues. Cela reste très classique. Pour autant, c’est conforme à l’œuvre littéraire. Je n’étais pas très emballé mais bon, c’est correct.
Sacré défi que de mettre cette œuvre en images ! J’ai lu le roman de Zola il y a un peu plus de trente ans et j’avais été estomaqué. Le film avec Jean Gabin était aussi une vraie réussite. J’avoue avoir un souvenir flou de l’intrigue mais l’histoire me semble bien résumée par Dobbs.
C’est l’histoire des passions et des pulsions qui vous détruisent l’esprit et le corps. Lantier est prisonnier de cet instinct qui le pousse à tuer les femmes dont il est l’amant. Il cherche à fuir les douleurs qui lui brûlent l’esprit et alimentent un foyer meurtrier.
Toute cette partie qui se joue entre les différents protagonistes me semble bien retranscrite. Mais dans mes souvenirs, la passion qui unissait Jacques et la locomotive Lison avait quelque chose de charnel. Il me semble que cette passion a été un peu mise de côté sans être, néanmoins, totalement absente.
Le graphisme est bon mais il ne vous prend pas aux tripes comme il devrait le faire. Les détails auraient dû, je pense, montrer beaucoup plus l’état hallucinatoire de Jacques Lantier. On ne le voit vraiment qu'en page 54 et dans les deux dernières cases de la page 73.
L’ensemble offre, tout de même, un excellent moyen de plonger dans cette œuvre qui est, pour moi, l’une des meilleures d’Émile Zola. 80 pages c’est à la fois beaucoup et pas assez. Mais bravo aux auteurs pour cette vision de l’histoire.
3.5/5