Bella ciao
2. (Due)
Une BD de Baru chez Futuropolis - 2021
11/2021 (03 novembre 2021) 114 pages 9782754831420 Autre format 433417
Bella ciao, c'est un chant de révolte, devenu un hymne à la résistance dans le monde entier...En s'appropriant le titre de ce chant pour en faire celui de son récit, en mêlant saga familiale et fiction, réalité factuelle et historique, tragédie et comédie, Baru nous raconte une histoire populaire de l'immigration italienne.Bella ciao, c'est pour lui une tentative de répondre à la question brûlante de notre temps:celle du prix que doit payer un étranger pour cesser de l'être, et devenir transparent dans la société française. L'étranger, ici, est... Lire la suite
On retrouve notre famille italienne réunie pour le repas de communion de Teo au début des années 60. Avec d’abord un nouvel épisode méconnu de l’histoire, révélé à travers celle de la chemise rouge portée a demeure par le grand-père de Teo, c’est l’engagement de la légion Garibaldi aux côtés des troupes française dès le début de la grande guerre en août 1914 sur le front de l’Argonne. Très peu de volontaires survivront. Nous voilà ensuite de retour au présent : la communion (presque du Mino – réminiscence d’un album culte de BARU avec son histoire du grand-père et de la taupe), la musique et l’avènement du « roquennerolle » qui bouscule la chanson italienne. Suit le morceau de bravoure de la série et l’histoire de Mortadelle, on rit, on pleure, c’est magnifique, ça dit tant de chose sur l’âme humaine, et chacun de se poser la question : de quel côté aurais-je été pendant la guerre, collabo ou résistant. C’est si facile de choisir après … Et la fête continue, on en oubliera d’aller travailler le lendemain pour fêter Saint Lundi. Et évoquer aussi le mythe du retour, cher à tant d’immigrés, qui bien sûr ne sont venus que le temps d’avoir suffisamment d’économies pour retourner au pays … mais est-ce encore le sien ? Ca parlera beaucoup à tous ceux qui ont eu des parents ou des grands parents venus pour repartir, sans jamais vraiment apprendre la langue, sans vraiment s’intégrer et devenus au fil du temps étrangers dans leurs deux pays. A nouveau l’auteur s’invite, pour nous parler des valeurs paysannes de beaucoup d’immigrés et du tiramisu.
On retrouve toute la force narrative du premier opus, avec ses allers et retours entre le présent et les souvenirs, des dessins et une couleur qui claquent, c’est Maitre BARU au sommet de son art.
Merci Hervé (deux fois) pour cette page de mémoire collective, qui parlera à tous les Ritals, mais pas que.
Voici un avis qui ferait sûrement plaisir à Baru s’il le lisait.
En effet, après avoir acheté le tome 1, j’avais posté il y a deux ans un commentaire plutôt amer en expliquant que ça ne m’avait pas donné envie de lire la suite. Je n’avais pas compris l’intention de l’auteur, ni la forme peu fluide qu’il avait donné à son récit.
Malgré tout, je savais Baru absolument sincère dans sa démarche.
Beaucoup trop d’auteurs n’ont rien à dire… alors quand il y en a un, parmi les bons, qui se donne les moyens de développer sa généalogie familiale dans son contexte historique en trois tomes, c’est qu’il le fait par nécessité et ça ne peut que valoir le coup.
Mon instinct me disait donc de persévérer malgré ma déception, et j’ai bien fait de m’écouter !
Ce deuxième épisode est un bijou de truculence et de tendresse. Ce qui n’en n’atténue pas la gravité. La longue et douloureuse histoire de l’émigration italienne est pleine de fantômes et de sacrifices. Baru n’en cache rien mais il le fait avec du cœur, sans jamais s’apitoyer. Il en extirpe la force et la chaleur humaine. Les joies sont simples, la bonne humeur, communicative.
Un excellent album, éclairant et réconfortant. Bravo, et pardon d'avoir douté !