BFF
Une BD de
Thomas Cadène
et
Clément C. Fabre
chez Delcourt
- 2022
Cadène, Thomas
(Scénario)
Safieddine, Joseph
(Scénario)
Fabre, Clément C.
(Dessin)
Fabre, Clément C.
(Couleurs)
06/2022 (08 juin 2022) 256 pages 9782413045908 Format normal 449991
Gro est un artiste, du genre qui galère et vit dans un studio miteux. C'est ce que croient ses potes... En réalité, il est un pianiste classique à succès. Dans son groupe d'amis, c'est le raté sympa dont l'échec rassure, ils l'aiment comme ça et il ne veut pas que ça change. Mais tous ont des secrets... Et la préparation du mariage d'Oscar et Claire va faire vaciller cet édifice de mensonges.
« BFF » (Best friends forever) gros roman graphique de 255 pages de Thomas Cadène et Joseph Safieddine paru aux éditions Delcourt est consacré à une bande d’amis qui se connaît depuis l’adolescence et entame plus ou moins facilement le virage vers l’âge adulte et les responsabilités. Il s’agit donc d’un roman « choral » : on suit les protagonistes dont les histoires se recoupent et s’entrelacent ; histoire d’amour, histoires de cul, d’amitiés et de trahisons et une bonne dose de nostalgie pour la jeunesse qui s’éloigne. On a souvent l’impression d’être dans un film, la structure est très sérielle ou cinématographique d’autant que « BFF » a d’abord été diffusé sous forme d’épisodes en ligne sur la plateforme Webtoon Factory.
Cet album ressemble cependant moins aux films de bandes de copains à la Sautet aux personnages complexes, veules parfois mais toujours attachants et humains qu’à un catalogue de stéréotypes à la « Petits mouchoirs » de Canet. Les personnages sont tous des « types ». Il y a d’abord Olivier, le « héros » gentil voire gentillet, autrefois l’amoureux de Claire, jeune femme qui s’apprête à convoler avec Oscar le beau gosse de la bande. Ce dernier aime surtout sa petite personne ; il ne pense pas réellement avec sa tête -et même pas tout court - puisqu’il trompe sa fiancée régulièrement avec la meilleure amie de cette dernière, Camille, pourtant heureusement en couple avec Clément. On trouve aussi Céline, la moche du groupe, pas vraiment intégrée tout juste acceptée car elle fait ainsi briller les deux étoiles féminines du groupe et puis Baptiste, l’éternel célibataire, amateur invétéré de comique de répétition …
Rien de nouveau sous le soleil donc … Pourtant, les auteurs essayent de mettre en place des ressorts dramatiques : Olivier est devenu un pianiste de renommée internationale connu sous le nom de scène d’Olivier Gro (en mémoire du surnom dont l’affublaient ses bienveillants camarades durant son adolescence pour se moquer de ses rondeurs) mais il a caché sa réussite à ses amis afin de ne pas susciter leur jalousie et détruire leur amitié. Il a donc comme un super héros une « couverture » : il est intermittent du spectacle et vit dans un studio défraichi et il possède un « repaire » : un somptueux appartement haussmannien de 150m2 avec piano à queue. Mais ce point de départ invraisemblable enlève toute crédibilité au propos et le personnage reste bien trop fade pour qu’on s’identifie à lui de quelconque façon. Le secret de Baptiste est lui bien plus crédible et l’on aurait aimé qu’il soit davantage développé car lorsqu’on le découvre, le personnage prend une aura de clown triste. De même les personnages les plus aboutis sont finalement les deux personnages secondaires de Céline et Clément. Les séances chez le psy de celle-ci permettent de varier la narration et exposent un point de vue très lucide sur ce groupe d’individualités égocentriques tout comme la pièce rapportée qu’est Clément et qui voit les membres de la bande tels qu’ils sont et non tels qu’ils se voient avec complaisance. Il permet aussi de montrer le côté autodestructeur de Camille qui acquiert ainsi de la profondeur et sort du cliché.
Le graphisme est assez plat. Les personnages féminins se ressemblent beaucoup et le côté « cartoonesque » renforce l’aspect stéréotypé. Le choix des couleurs n’est pas toujours harmonieux ni bienvenu tout en restant assez sage (une palette plus crue aurait davantage mis en évidence la violence larvée des rapports et la dichotomie entre l’apparence et la réalité). Et il y a bien sûr la police de caractère difficilement lisible qui rend la lecture assez désagréable.
Ce n’est donc pas un coup de cœur et, même si je l’oublierai rapidement, je suis contente néanmoins de l’avoir lu. C'est une lecture d'été parfaite ... Je remercie Netgalley et les éditions Delcourt de m’avoir permis de découvrir ce titre.
#BFF # Netgalley France
Le thème de BFF est celui de l'amitié, de l'amour et des petits secrets qui peuvent gâcher des vies et des relations. Il est clair qu'il vaut mieux être parfois assez honnête avant de laisser éclater la vérité qui explose en pleine face.
Nous avons une sympathique bande de trentenaire dont un couple Oscar et Claire qui vont bientôt se marier ce qui n'empêche pas le bonhomme d'aller voir ailleurs au niveau sexe et de préférence chez la meilleure amie de sa future épouse. On se focalise sur notre héros Olivier Gro qui cache son train de vie à ses amis en se baladant d'un minable appartement à une luxueuse suite en plein coeur de Paris. Et puis, un autre à savoir Baptiste qui cache ses difficultés d'argent en ayant perdu son emploi il y a plus d'un an.
Je suis assez mitigé avec cette lecture qui m'a paru assez longue pour pas grand chose au final. J'ai eu du mal à m'attacher à ces personnages qui se trompent et qui sont assez hypocrites envers leurs amis sous prétexte de protéger leur amitié. Ce ne sont pas trop mes valeurs mais je peux me détacher de mon sentiment personnel pour essayer de les comprendre un peu. Il n'y aura rien de révolutionnaire dans le concept.
Pour autant, on passe un agréable moment de lecture malgré tout sur la base des amitiés urbaines. Ce thème de l'amitié me touche personnellement pour avoir un jour il y a très longtemps perdu un meilleur ami qui est désormais un parfait inconnu par la triste force des choses. Il faut bien choisir ses amis mais parfois, on choisi les mauvais. Aristote le philosophe disait : « celui qui n'est plus ton ami ne l'a jamais été ».