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Centré sur les années de séquestration d'Ayako par sa famille, ce deuxième volume de l'un des chefs d'oeuvre de Tezuka abandonne progressivement la peinture de l'histoire du Japon post-Seconde Guerre Mondiale (non sans avoir clos le "thriller" des assassinats liés à la guerre politique autour des chemins de fer) pour se concentrer sur les turpitudes de la famille Tengé. Jiro disparu, Ayako devient le personnage central de la fiction, ou plutôt sa transformation progressive, au cours d'une vingtaine d'années d'un enfermement inhumain, en une superbe jeune femme (physiquement) logiquement incapable d'appréhender un monde extérieur dont la cupidité de sa famille l'a privée. Mais, comme dans le premier volume, Tezuka s'attache plutôt à décrire le comportement abject des hommes, frappant les femmes, les humiliant, les violant, avant de les faire disparaître d'une manière ou d'une autre lorsqu'elles deviennent encombrantes. L'évolution du personnage originellement positif de Shiro est à ce titre édifiant : sa révolte enfantine contre l'abjection familiale se teinte vite de résignation, puis de compromission, puis enfin de jouissance de la supériorité que sa position de mâle lui confère. Ambigu, son amour incestueux pour sa soeur démontre mieux que tout le reste de "Ayako" le pessimisme de Tezuka qui ne croit pas que la société traditionnelle japonaise puisse évoluer sans le choc de la modernité. Et ce sera en effet le grand chambardement de la propriété familiale provoqué par la construction d'une autoroute qui aura raison de l'enfermement de Ayako, certainement pas une quelconque prise de conscience de ces hommes dépassés luttant aveuglement pour la survie de leurs privilèges. Maintenant, cette "révolution" signifiera-t-elle une amélioration du sort des victimes, on le découvrira dans le troisième volume de ce conte social littéralement infernal...
On notera aussi comment le dessin stylisé et "enfantin" de Tezuka (en particulier lorsqu'il s'agit de décrire les nombreuses scènes sexuelles ou de violence du récit... peut-être pour échapper à la censure...?) s'enrichit et se complexifie pour peindre - parfois de manière plus contemplative, comme en une rupture dans le rythme emballé de la fiction - les cérémonies traditionnelles ou la froide splendeur de la nature.
Centré sur les années de séquestration d'Ayako par sa famille, ce deuxième volume de l'un des chefs d'oeuvre de Tezuka abandonne progressivement la peinture de l'histoire du Japon post-Seconde Guerre Mondiale (non sans avoir clos le "thriller" des assassinats liés à la guerre politique autour des chemins de fer) pour se concentrer sur les turpitudes de la famille Tengé. Jiro disparu, Ayako devient le personnage central de la fiction, ou plutôt sa transformation progressive, au cours d'une vingtaine d'années d'un enfermement inhumain, en une superbe jeune femme (physiquement) logiquement incapable d'appréhender un monde extérieur dont la cupidité de sa famille l'a privée. Mais, comme dans le premier volume, Tezuka s'attache plutôt à décrire le comportement abject des hommes, frappant les femmes, les humiliant, les violant, avant de les faire disparaître d'une manière ou d'une autre lorsqu'elles deviennent encombrantes. L'évolution du personnage originellement positif de Shiro est à ce titre édifiant : sa révolte enfantine contre l'abjection familiale se teinte vite de résignation, puis de compromission, puis enfin de jouissance de la supériorité que sa position de mâle lui confère. Ambigu, son amour incestueux pour sa soeur démontre mieux que tout le reste de "Ayako" le pessimisme de Tezuka qui ne croit pas que la société traditionnelle japonaise puisse évoluer sans le choc de la modernité. Et ce sera en effet le grand chambardement de la propriété familiale provoqué par la construction d'une autoroute qui aura raison de l'enfermement de Ayako, certainement pas une quelconque prise de conscience de ces hommes dépassés luttant aveuglement pour la survie de leurs privilèges. Maintenant, cette "révolution" signifiera-t-elle une amélioration du sort des victimes, on le découvrira dans le troisième volume de ce conte social littéralement infernal...
On notera aussi comment le dessin stylisé et "enfantin" de Tezuka (en particulier lorsqu'il s'agit de décrire les nombreuses scènes sexuelles ou de violence du récit... peut-être pour échapper à la censure...?) s'enrichit et se complexifie pour peindre - parfois de manière plus contemplative, comme en une rupture dans le rythme emballé de la fiction - les cérémonies traditionnelles ou la froide splendeur de la nature.