Augustin
La croisée des chemins
Une BD de Arno chez Casterman (Contre Champ) - 1993
09/1993 58 pages 2203364033 Format normal 24915
Tout commence dans un pensionnat quelque part en province. Ce matin-là, Augustin, un jeune adolescent, se lève avec la poisse. D'abord, les petites brimades quotidiennes aux lavabos et au réfectoire, puis un problème de trigono insoluble à résoudre au tableau et, enfin, une prof de math revêche et acariâtre. C'en est trop. Dans un geste de révolte passagère, il bouscule l'enseignante, la blessant à la tête. Mesurant la portée de son geste, il prend la fuite, persuadé d'ailleurs qu'il l'a tuée sur le coup. A partir de là, tout ce qu'il entreprend... Lire la suite
Augustin ou l'art de l'ellipse.
L'œuvre est étonnante, rare, déconcertante. Elle nous permet d'être déstabilisé, de réfléchir.
Car tout n'est qu'ellipse, faux semblant, inaction et même ennuie.
Car tout l'intérêt de l'intrigue est hors champ. Le plus alléchant de l'histoire est entre la dernière page de l'histoire et l'épilogue. Et cela n'est pas raconté.
Le héros, pas sympathique du tout est d'une lâcheté viscérale et d'une imagination débridée qui l'impose à fuir toujours un peu plus ses responsabilités. Il n'existe que dans l'inertie et la faiblesse. Il court de couardise toujours un peu plus loin dans une campagne froide et déserte. Parfois il rencontre des personnages tel que Noëlle ,sensuelle et charnelle, mais le rendez vous est manqué. Pire, il est rêvé.
De cette œuvre déshumanisée par le comportement de couard d'Augustin, les dessins sont sublimes de vides, d'automne, de villages désincarnés et d'horizon toujours gris. Arno harmonise son propos par des dessins gris et superbes. Son trait est celui d'un auteur parti trop tôt au panthéon des grands du 9ème art.
Et d'ailleurs…
L'épilogue raconte enfin le bonheur du personnage principal qui assume enfin de ne faire que fuir, de n'être qu'une ombre, de vivre dans le vide. D'ailleurs les dernières cases sont bleus de ciel et d'océan: le destin sera beau puisqu'il assume d'être cela.
On pourrait croire à une œuvre de jeunesse peut être mal maitrisée dans la narration. Je crois, moi, tout le contraire. L'histoire raconte le hors champ dans une campagne inerte avec un personnage invisible. Il y a des œuvres ou il faut prendre le temps de comprendre le parti pris. Et alors, tout fait sens….
Perso, j'ai adoré quand cela a fait tilt dans mon esprit.
La couverture de ce roman graphique nous donne un léger aperçu de la scène. Nous avons un écolier qui frappe sa prof de math devant les yeux ébahis de ses camarades dans une classe. Pathétique sera la lecture de ce récit. Il est vrai que je souhaitais en savoir un peu plus après une telle couverture accrocheuse.
Augustin est un lycée mal dans sa peau qui n'aura de cesse de fuir et de s'inventer des choses. Le scénario est presque inexistant. On suit un bout de chemin dans les moindres détails de cet Augustin qui n'a visiblement aucun respect pour son professeur.
Bref, il est à l'antipode de ce que je souhaiterais inculquer à mon enfant: faire face aux difficultés et se responsabiliser. Je ne donne aucune leçon à quiconque. Je dis simplement que je ne peux apprécier une telle vision des choses d'autant que l'auteur semble être compatissant avec son héros.
A noter également que ce récit semble tout à fait inachevé. On a tout de même droit à un épilogue sur lequel on reste totalement dubitatif.
Se croyant être un assassin par accident, Augustin fuit son collège. On le suit dans son évasion et sa recherche d’un asile sûr. Sorte de nouveau Candide dans la France des années 70, il va rencontrer différents personnages sans jamais pouvoir se fixer à cause d’un destin malicieux.
Auteur précoce au dessin délicat, Arno a connu une enfance difficile. Certains passages du livre, la lettre à la mère protectrice qui ne parvient pas par exemple, découlent de cette adolescence tout comme cette quête vers un ailleurs qui ponctue le livre. On retrouve ce thème de l’enfance/l’adolescence dans plusieurs de ses BD, témoignage d’une meurtrissure jamais vraiment refermée.
Arno était un artiste rare, trop tôt disparu, qu’il serait temps de remettre au niveau qui aurait toujours dû être le sien.
Augustin, lycéen rêveur mal dans sa peau, croit avoir tué accidentellement sa prof de maths et s'enfuit.
On le suit dans son errance et ses rencontres, mais la fin est curieuse et plutôt improbable.
Cependant les dessins très claires d'Arno sont agréables, les personnages sont beaux et même si le scénario est un peu léger, on ressent bien les sentiments d'Augustin et il se dégage du charme de ce récit malgré tout inachevé.
A lire donc.