Au revoir là-haut
Une BD de Pierre Lemaitre et Christian De Metter chez Rue de Sèvres - 2015
10/2015 (07 octobre 2015) 159 pages 9782369811992 Format normal 255481
1919. Au sortir de la guerre, la société française peine à ménager une place aux anciens poilus devenus encombrants, et les trafics les moins glorieux vont bon train. Albert Maillard, modeste comptable qui a sauvé la vie d'Édouard Péricourt, jeune fils de bonne famille, juste avant la fin des combats, tente de les faire vivre de retour à Paris. Édouard, défiguré, refuse de reprendre contact avec les siens et imagine une gigantesque arnaque à la nation pour tenter de se projeter dans une vie nouvelle, ailleurs.
Avec au revoir la haut, j'ai tout fait à l'envers et en retard...
J'ai commencé par le film, avec certaines réticences, car Dupontel est parfois très agaçant avec ses exagérations. De plus, la bande annonce ne m'a pas du tout accroché. Mais j'ai vu et .....j'ai pleuré.
J'ai du coup acheté la bd, puis j'ai lu le roman.
Le roman est juste extraordinaire et je comprends mieux le choix de Dupontel à la réalisation du film. Tant de poésie, d'humanité, de drôlerie, de rage, d'absurdité, de folie et d' horreur ne pouvaient être adaptés que par un déjanté anar.
Du coup, la bd paraît bien sage en comparaison . Si elle est très fidèle au roman, en faisant seulement quelques changements à la marge ( repris judicieusement dans le film, d’ailleurs ) elle a du mal à retranscrire la totalité de ce qui fait le roman, notamment l'humour. Seule la représentation de Merlin, caricaturale, donne une idée de la folle joie de l’œuvre.
A la question : la bd se suffit elle à elle même ? la réponse est non. Restent le très bon travail de De Metter et le respect du roman original, sans la démesure de Lemaître et /ou Dupontel.
Encore un aspect méconnu de la guerre de 14-18 qui est traité cette fois-ci par Christian de Metter dans l'adaptation d'un roman de Pierre Lemaitre (détenteur d'un prix Goncourt). On sait que cet auteur de BD est passé maître en la matière (Shutter Island, Piège nuptial, Rouge comme la neige...)
On va s'intéresser au commerce assez juteux des dépouilles et autres monuments funéraires. La guerre est un commerce qui peut rendre très riche. Le commerce de la mort est fort juteux. Bref, on va plutôt se pencher sur les rescapés de cette guerre encore que l'Etat préfère ériger des monuments que de prendre en charge les vivants.
Le style graphique sera un crayonné assez vif dans le trait. Les couleurs sont également bien choisies. Cependant, la réussite tient plutôt à des personnages parfaitement restitués à commencer par le duo Maillard et Péricourt malheureusement défiguré par cette horrible guerre.
C'est une oeuvre plutôt triste et d'une cruauté retenue dans un cynisme profond.
Dessin magnifique et qui retranscrit parfaitement les évocations de l'époque et de ses tourments comme c'est perceptible dans le roman. Mais des raccourcis, voire des détournements de l'histoire originale qui m'ont vraiment déplu.
Les non lecteurs du roman devraient adorer mais ceux qui en ont goûté tous les détails devraient être très déçus.
Adapter en BD, ce ne devrait pas nécessairement abréger ou rapetisser.
J'espère qu'il n'en ira pas de même avec le film à venir.
Je n'ai pas lu le livre. Une certaine méfiance face au mot Goncourt sans doute. Mais là je crois que je vais m'y mettre. L'histoire vue à travers la BD est captivante, émouvante, complexe et bien rythmée à souhait. Le bien le mal, la complication de l'âme humaine, tout est palpable, concret. Petit bémol sur la fin, qui se prêtait sans doute plus à la narration écrite que dessinée.
Quant au dessin justement, superbe, que du plaisir...
Je n'ai pas lu le livre et serai probablement amené à le faire prochainement. La BD est excellente et il est dommage qu'elle recueille si peu de suffrages parmi les abonnés de BDGest' (6 "votes" à ce jour). Le dessin est remarquable, ainsi que les couleurs qui sont parfaitement adaptées aux situations.
La description des personnages est parfaite, les principaux certes, mais également les "seconds" rôles, tels la femme et le beau-père de Pradelle.
Quelques interrogations pour ceux qui n'ont pas lu le livre : pourquoi Marcel s'éloigne-t-il de Louise et va-t-il au Lutétia sans elle ? son absence est-il la cause de son suicide ? Le père reconnait-il son fils sur le capot de sa voiture ? Il est bien sûr impossible de restituer toutes les situations et les sentiments des personnages mais cela ne peut qu'inciter à découvrir le livre qui a servi de base à la BD.
Édouard Péricourt : très dur d’être un homosexuel rejeté par son père, membre éminent de la haute bourgeoisie, d’avoir le bas de la mâchoire arraché lors des derniers jours de la guerre en sauvant un camarade et de dépendre de lui pour survivre.
Marcel Péricourt : difficile pour un père d’avoir rejeté son fils unique et d’apprendre sa mort. Tout aussi difficile de se remettre en question et d’essayer de lui rendre justice en finançant un monument aux morts.
Lieutenant Henri d'Aulnay-Pradelle : compliqué pour un fils de bonne famille ruiné de retrouver la gloire d’antan en se lançant dans une escroquerie aux exhumations de soldats tués sur le champ de bataille.
Madeleine Péricourt : humiliant d’épouser un ex-lieutenant arriviste, cruel et coureur.
Albert Maillard : effrayant d’être le témoin d'un crime du lieutenant Henri d'Aulnay-Pradelle qui envoie deux soldats à la mort. Celui-ci poussera Albert dans un trou d’obus où un éboulement l’enterrera vivant. Il ne devra la vie qu’à Édouard Péricourt.
Voici les protagonistes de ce fabuleux roman, prix Goncourt 2013. Qui sont les plus ignobles ? Henri d'Aulnay-Pradelle avec une escroquerie aux exhumations de soldats ou Édouard et Albert avec une escroquerie aux monuments aux morts ? Henri est un être abject alors que les deux amis sont poussés à une extrémité par les circonstances de la vie. Cela ne les absout pas pour autant, mais l’ après-guerre est compliquée, car tout le monde veut revivre et oublier les sacrifices. On se voile la face pour ne pas voir le désespoir de tous ces hommes qui ont affronté les privations, la peur et l’angoisse.
Le roman est vraiment fabuleux. La BD a su rendre l’atmosphère du livre et les faits principaux sont tous présents. J’ai adoré la mère d’Albert Maillard, petit personnage qui arrive, avec ses réflexions, en surimpression de certaines cases. Elle est tel un fantôme et cette idée rend bien celle du livre où Albert est poursuivi par le souvenir de sa mère. Par contre, ayant lu le roman je ne saurais dire si une personne ne l’ayant pas lu aimerait la BD et/ou comprendrait la trame de l’histoire. Moi, j’adore.