L'art de voler
Une BD de Antonio Altarriba et Kim chez Denoël (Denoël Graphic) - 2011
04/2011 (10 mars 2011) 195 pages 9782207109724 Autre format 125132
Ce livre est né d'un fait réel : le suicide d'un homme de 90 ans qui s'élance du quatrième étage de sa maison de retraite pour voler enfin librement. Dernier fils d'une famille rurale, le père d'Antonio Altarriba naît en Aragon à l'orée du XXe siècle. Son idée fixe est de quitter son village pour les lumières de la ville. Il rallie les cohortes d'Espagnols sans pain ni toit, exploités, exposés à toutes les rigueurs du temps : chute de la monarchie, Seconde République, guerre civile, dictature de Franco, exode, Deuxième Guerre mondiale, retour et... Lire la suite
J'ai mis pas moins d'une semaine avant de venir à bout de cet ouvrage qui commence joyeusement par le suicide d'un vieil homme de 90 ans qui se jette du 4ème étage de sa maison de retraite. Il faut dire qu'il n'était pas réellement libre dans cette institution qui le privait de toutes ses petites joies.
On va dès lors remonter le temps et vivre dans l'Espagne de l'avant-guerre. La vie de cet homme qui naquit dans le milieu paysan ne fut pas très facile de bout en bout. C'est un peu comme une histoire d'homme ordinaire qui en a vu passer. Certes, il y a eu la guerre d'Espagne, puis les camps en France, la désillusion à la fin du conflit.
Sur la forme, je n'ai pas aimé le format trop petit et les cases surchargées de textes et de dialogues ce qui ralentit fortement le rythme de la lecture. Sur le fond, c'est un témoignage plutôt poignant d'un homme qui a eu une vie bousculé par les sombres périodes du siècle dernier notamment pour l'Espagne sous Franco. Dense et intense à la fois.
Époustouflé par la lecture de "Moi, Assassin", j'avais très hâte de découvrir le roman graphique le plus célèbre d'Antonio Altarriba, cet "Art de Voler" qui a reçu les plus hauts honneurs en Espagne. Et j'y ai en effet retrouvé "l'art de conter" magistral de l'auteur, mis ici au service d'un récit beaucoup moins "intellectuel", puisqu'il s'agit pour lui de rendre hommage à la vie de souffrances de son père, une vie qui s'est terminée après 15 ans de dépression sévère, par un envol depuis la fenêtre la plus haute de la maison de retraite où il était confiné. Avant de se plonger dans ce livre touffu, le lecteur devrait recevoir un avertissement du genre : "Toi qui pénètre ici, abandonne tout espoir !", car hormis quelques jolis (et rares) moments de plaisir sexuel, fugaces et semble-t-il toujours entachés de malaise, la vie d'Antonio ne sera qu'une succession de drames, de tortures, de crises... Depuis son enfance misérable dans une Espagne campagnarde, primitive et âpre au gain, jusqu'à l'enfermement dans cette maison de retraite où il sera la victime d'un personnel sadique, en passant par la débâcle des républicains face à Franco, par un passage par des camps de concentration dans une France bien peu accueillante, par un retour asphyxiant dans l'Espagne de la dictature, Antonio (père) ne semble connaître - en tous cas, du point de son fils qui a reconstruit la vie de son père à partir d'éléments disparates - aucun moment de réel bonheur, voire même de simple tranquillité. Et c'est là sans doute la première limite de "l'Art de Voler", puisque même ce fameux "vol" libérateur ne s'exprime guère, si ce n'est dans la chute final, n'offrant aucun répit au lecteur vite assommé par cette accumulation de malheurs. L'autre problème du livre, qui l'empêche à mon avis d'atteindre au statut de "chef d’œuvre" de la BD que beaucoup lui attribuent, c'est la difficulté de la lecture : cases trop petites pour la complexité des dessins de Kim, déséquilibre en faveur d'un texte par trop envahissant, manque de "pauses" visuelles dans le récit, qui permettraient de prendre du recul par rapport à un récit aussi riche, le "media BD" n'est malheureusement pas utilisé ici - et contrairement à ce que l'auteur prétend dans la postface - au mieux. Reste que la lecture de "l'Art de Voler" est un must absolu pour qui aime l'Espagne, et veut la comprendre mieux, au delà des clichés touristiques et culturels qui dissimulent souvent sa véritable nature, peinte ici sans aucune complaisance.
Excellent ouvrage. On ne lâche pas l'ouvrage jusqu'à la fin. Les textes, emmenés par la poésie du narrateur, proposent une réflexion intéressante sur la condition humaine et celle de tous ses tortionnaires: le communisme, le fascisme, le capitalisme, la bureaucratie, et la mort.
Intéressant. Mais je n'ai pas été happée. Je suis plutôt friande du genre pourtant.
Et en effet format et écriture beaucoup trop petits selon moi.
A lire tout de même pour vivre de l'intérieur la grande Histoire. Ça reste très instructif.
J'aimais bien la couverture de ce livre. J'aimais bien son titre. Mais je ne savais pas de quoi il parlait !
Après lecture, à part le suicide du papi qui intervient dès le début, je ne comprends pas le titre...
N'empêche... ce bouquin est l'occasion de faire un résumé de l'histoire espagnole du XXème siècle à travers la vie d'un homme "normal" de cette époque, c'est-à-dire un paysan.
On traverse l'avénement du socialisme, la guerre civile, le franquisme et l'exode, le retour au pays.
Je trouve le début (après le suicide) très poussif et difficile à suivre (personnages, logique de narration...) mais, ensuite, ça devient prenant et je me suis bien accroché aux personnages.
Pourtant, je n'ai pas ressenti les émotions qui auraient pu être véhiculées par ce récit. Pourquoi ? Peut-être trop de distance, ou le format trop petit et cloisonné qui laisse plus de part au réalisme qu'aux sentiments...
Malgré tout, c'est un livre à découvrir, surtout quand on est Français, c'est-à-dire voisin des Espagnols, et qu'on se rend compte qu'on connaît si mal leur histoire !
Grande réussite pour cette BD dans laquelle le scénariste déroule le véritable parcours de son père suicidé. A travers les mésaventures du personnage, c’est l’histoire tumultueuse de l’Espagne au siècle dernier que j’ai découverte.
Le récit passionnant d’un homme libre qui a vécu une période importante de l’histoire de l’Europe.
Très sympa, à lire tout de suite !
la suite :
http://bdsulli.wordpress.com/2011/11/14/lart-de-voler/