L'arabe du futur
1. Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984)
Une BD de Riad Sattouf chez Allary Éditions - 2014
05/2014 (07 mai 2014) 146 pages 9782370730145 Autre format 215827
Né d'un père syrien et d'une mère bretonne, Riad Sattouf grandit d'abord à Tripoli, en Libye, où son père vient d'être nommé professeur. Issu d'un milieu pauvre, féru de politique et obsédé par le panarabisme, Abdel-Razak Sattouf élève son fils Riad dans le culte des grands dictateurs arabes, symboles de modernité et de puissance virile. En 1984, la famille déménage en Syrie et rejoint le berceau des Sattouf, un petit village près de Homs. Malmené par ses cousins (il est blond, cela n'aide pas...), le jeune Riad découvre la rudesse de la vie paysanne... Lire la suite
Pris par la main avant même d'ouvrir le livre...
j’ai été marqué par le rouge de cette couverture. Cette teinte, propre à énerver les taureaux... est relevée cependant par des drapeaux verts, couleur de l’Islam. Proche du centre, de sa maman, le petit Riad se tient sur les épaules de son père. Il ressort par sa couleur, un blanc immaculé, angélique. Ils rient, se gaussent de l’air grave et pompeux de Kadhafi, insouciants. Mais on sent déjà le poids de la crise, d'épaisses couches de noir atténuant la clarté de la scène. Si la famille est unie dans l'ombre, c’est bien l’enfant qui fait le pont entre la mère et le père, entre deux cultures diamétralement opposées... Une couverture d’une grande puissance, émouvante tout en s’imprimant dans le réel, avec une touche d'humour et une typographie digne d’un livre d’Histoire sur le Proche-Orient.
Dans cette BD tragi-comique, Riad Sattouf recolle les morceaux de sa mémoire, de sa famille, pour nous y transporter. Il évoque évidemment son enfance, assez atypique, puisqu'il est né d’une mère française et d’un père syrien.
Il y aurait tant à dire sur cette BD : une édition réussie et salvatrice (je parle à titre personnel), clé de lecture pour la guerre civile syrienne, commencée quelques années plus tôt, mais aussi pour ceux qui ont connu une séparation, un exil ; un récit accessible, extraordinairement lisible, mais sans verser complètement dans la vulgarisation ou les stéréotypes ; des souvenirs reconstitués, liés aux vécus des protagonistes, à leurs traumatismes, d'où une profondeur psychologique intense ; des aplats de couleurs monochromes, nous transportant d’un bout à l’autre de la Méditerranée, évoquant les émotions que traversent les personnages ; le character design simple, mais non dénué d’expressivité ou d’humour, avec des détails marquants et une vision aigüe des particularités, des tics des individus ; le trait unique de Riad Sattouf et sa formidable capacité à nous transporter dans son égo-histoire.
Un chef d’œuvre dument récompensé, je l'ai lu au moins 8-9 fois...
L’Arabe du futur, 5 tomes parus qui nous ont menés de la Libye du colonel Kadhafi à la Syrie d’Hafez Al-Assad en passant par la Bretagne. Fils d’un couple franco-syrien, Riad Sattouf raconte son histoire à hauteur d’enfant puis d’adolescent. C’est pertinent, drôle, tendre, émouvant… L’œuvre est pensée dans sa globalité ce qui donne à chaque album sa place dans la série. Au fil des tomes de cette autobiographie, Riad Sattouf se souvient et raconte avec précision les scènes du quotidien, ses sentiments, ses angoisses d’enfant et d’adolescent dans une famille partagée entre deux religions, deux cultures et deux pays aux sociétés si différentes. L’auteur revient sur le rapport entre le monde des enfants et celui des adultes, dont il se rapproche au fil des albums, sur le poids du père et son insistance à faire de Riad un musulman accompli fidèle aux traditions, sur ses questionnements sur la religion et la spiritualité en général, et sur une vie familiale qui finit par se déchirer, tiraillée entre l’Orient et l’Occident. Cette magnifique série est à la fois un témoignage et une analyse de deux sociétés qui ont du mal à dialoguer entre elles. Le dessin – on dirait du dessin de presse - est d’une sobriété très efficace. Pas besoin de décors, seuls les personnages captent l’attention et c’est le but de l’autobiographie. Un grand coup de cœur pour cette série !
J’ai découvert cet auteur véritablement qu’assez récemment avec « Retour au collège » bien que j’avais lu auparavant Petit Verglas ou le fameux Pascal Brutal. En l’occurrence, il s’attaque à un récit autobiographique assez ambitieux. C’est un témoignage assez intéressant de ce qui se passait en Lybie et en Syrie à la fin des années 70 et au début des années 80. Cet ouvrage vient d’être primé du fauve d’or lors du festival d’Angoulême de 2015 non sans raison.
Sur le fond et la forme, je n’ai rien à dire de particulier. J’aime ce genre de roman graphique où l’auteur se dévoile sans complaisance et nous dresse le portrait de sa famille. C’est une démarche tout à fait honnête. L’itinéraire est en tout cas assez passionnant à suivre.
Je sais que nos sociétés occidentales ne sont pas exemptes de tous vices et sont souvent des donneurs de leçons. Cependant, j’aime y vivre car je me sens en liberté même si elle est relative par certains côtés (avoir de l’argent procure encore plus de libertés). Dans les pays où l’islam occupe une large part, les minorités que ce soit des chrétiens, des gays ou surtout des femmes sont persécutés. Les Etats sont souvent sur un mode autoritaire avec peine de mort ou châtiment corporel. Je ne partage pas du tout l’idéal ou la vision du père de notre auteur qui est mis en avant dans cet ouvrage. C’est pourtant un intellectuel au début laïc et qui va tomber progressivement dans le piège de la religion. Bon, j’emploie le mot intellectuel mais c’est déjà exagéré que de le dire surtout quand on voit ses réactions et son attitude. Con et antipathique en réalité doublé par un antisémitisme pourrait penser de nombreux lecteurs alimentant des pensées extrémistes.
Oui, il faut en vouloir pour justifier la vie sous un régime dictatorial de Kadhafi ou d’Hafez el-Assad. Ainsi, lorsque son épouse d’origine française s’émeut en voyant des pendus dans la rue, il justifie par le fait que c’est nécessaire pour gouverner les masses arabes. Il est vrai qu’à la révolution française, nous avons fait pareil. C’était il y a trois siècles. Bref, on éprouve un certain malaise car certains événements font froid dans le dos. Heureusement qu’il y a l’humour mais on n’a pas franchement envie de rire quand on découvre cette société.
On s’aperçoit également que les dictatures permettent de conférer une stabilité à un pouvoir politique. Les successions de coup d’état et la guerre civile ne sont pas propices à conférer la prospérité au peuple. Il faut parfois sortir de la vision occidentale pour comprendre les choses en profondeur. Cependant, cela reste condamnable sur la forme (culte de la personnalité, répression politique…).
Je ne sais pas où l’auteur veut en venir et s’il dénonce véritablement cette vision des choses. L’œil est pour l’instant candide et naïf : celui d’un enfant de deux ans qui se rappelle de tout. A voir dans les deux autres tomes qui suivront. Gageons que l’arabe du futur soit un homme éclairé vivant dans une société pacifique, démocratique et prospère. Oui, à condition de sortir de l’obscurantisme religieux.
Je ne connaissais pas cette série, ce premier tome m'a emballé. Certes la critique des pays arabes (Libye, Syrie) peut sembler féroce, mais la France n'est guère mieux dépeinte, avant tout il s'agit de la vision d'un enfant "différent" qui a du mal à s'adapter à ces cultures si opposées. Je trouve dans cet album de l'humour, de la tendresse (malgré l'ironie et la noirceur, il y a aussi de l'amour et je pense un peu de nostalgie quand même) l'histoire est prenante puisque, arrivé à la dernière page, on a envie de lire le tome 2 et les autres ! Un mot sur le dessin, qui déplaît à certains : il est simple voire naïf mais s'adapte parfaitement au sujet et au ton (il aurait été déplaisant d'avoir un dessin plus réaliste).
Je me suis arrêté au milieu, incapable d'aller plus loin. Je précise que c'est rarissime, d'autant que je suis d'ordinaire friand de ce genre de récit vécu racontant la vie dans d'autres pays / civilisations.
J'ai trouvé le ton présomptueux, le propos complètement creux et sans objet, et le dessin peu expressif. Vacuité colorée et autocentrée...
Bref, je suis passé complètement au travers, et l'ai reposé sans regret.
1/5
Vraiment pas de quoi en faire le phénomène parigo-littéraire que c'est devenu. L'histoire est intéressante, on apprend des choses, mais la narration devient agaçante, voire infantilisante, avec un traitement graphique vraiment poussif et fainéant.
Une BD qui se laisse lire sans vraiment réellement m'accrocher. J'ai aussi un ressenti plutôt négatif sur l’ambiguïté du père de Riad et autant pour l'effacement de la mère réduite a pas grand chose ( elle donne le sein et elle aime paris match...SUPER !). Tout ce mélange culturo, politico religieux est surement très enrichissant pour Riad, malheureusement pas pour moi, le message (s'il y a ) ne passe pas et je ne vois pas bien ce qui fait le si grand succès de cette BD.
Une BD dans la même veine que Persopolis ou que les diverses chroniques de Guy Delisle (Shenzhen, Pyong Yang, chroniques birmanes). Très bon, et qui ne donne pas du tout envie d'aller "visiter" les pays décrits.
"Ce livre raconte l'histoire vraie d'un enfant blond et de sa famille dans la Lybie de Khadafi et la Syrie d'Al-Assad" peut-on lire en quatrième de couverture de cet album. Riad Sattouf y revient sur son enfance passée en Libye et en Syrie de 1978 à 1984. Né d'une mère française et d'un père d'origine syrienne, l'enfant jouit d'une double culture quelque peu déstabilisante surtout lorsque ses parents s'installent avec lui au Moyen-Orient et qu'il découvre sa famille paternelle. L'éducation du père calquée sur des modèles orientaux se heurte parfois à l'incrédulité de la mère qui s'étonne parfois de découvrir des facettes inconnues de son compagnon. D'anecdotes en souvenirs d'enfance, c'est avec une naïveté déguisée que le petit garçon aux bouclettes blondes évolue parmi ses cousins syriens dont il ne connait pas la langue et qui lui renvoient l'image d'une certaine vision du monde...
L'Arabe du futur, un succès retentissant qui fait honneur à un style de BD dédié aux néophytes
Primé Fauve d'or au Festival d'Angoulême 2015, ce premier tome de L'arabe du futur de Riad Sattouf a créé l'événement à sa sortie en octobre 2014. Peut-être parce qu'il proposait une œuvre sur un créneau dans lequel on ne l'attendait pas, Riad Sattouf qui aborde ici ses souvenirs d'enfance passés en Libye et en Syrie, surprend par son projet. On le connaissait surtout pour ses travaux auto-dérisoires traitant de l'âge ingrat. On le retrouve ici mu par l'envie de raconter une enfance passée dans ces pays qui font la triste une des actualités politiques du Moyen-Orient. Pari difficile donc pour cet auteur de faire la bascule entre les deux genres mais le coup de crayon reste bien reconnaissable et le ton est proprement ajusté. Peut-être que Riad Sattouf a t-il voulu ainsi donner de sa voix dans ce créneau largement déjà exploité par d'autres dessinateurs comme Marjane Satrapi et son Persepolis ? Toujours est-il que le résultat mérite une lecture qui certes, ne marquera pas durablement les esprits mais qui propose un angle de vision intéressant : celui du souvenir à travers les yeux d'un enfant... Une sorte de témoignage du passé qui devait construire l'Arabe du futur... et dont l'objectif est de mettre fin à la mauvaise presse de la BD souvent considérée comme une lecture légère destinée aux lecteurs "débiles" (cf. cet article du Monde).
... Mais qui a déjà été bien mieux exploité au travers de multiples romans graphiques...
Si l'intention est noble, elle ne séduit malheureusement qu'à moitié : le style Sattouf tant marqué par la légèreté des problématiques d'ados, peine à convaincre les lecteurs d'une sérieuse démarche de popularisation du roman graphique (bien que ce soit en l'occurrence le cas). Cela a déjà été brillamment réalisé par d'autres dessinateurs comme Marjane Satrapi ou Zeina Abirached dans des styles graphiques bien plus singuliers et dignes d'attention. Au regard de son histoire, c'est vrai que l'auteur a matière à exploiter ce filon mais on retrouve si peu l'ado complexé de ses précédents livres qu'on a l'impression qu'il ne s'agit pas du même auteur. Et puis le ton adopté à travers les mots d'enfants sonne mal : des souvenirs évoqués, il y a beaucoup de reconstitutions qui sortent trop à mon sens du cadre des souvenirs car Sattouf prête à une voix d'enfant des considérations d'adultes (comment peut-on en effet s'étonner des différences culturelles ou rapporter de telles anecdotes lorsque l'on a que 6 ans et que l'on vit la chose ?)... Même si cette BD offre un moment de lecture agréable, ce qui gêne finalement le plus, c'est qu'outre le prétexte de "fermer le clapet une bonne fois pour toutes à ceux qui pensent que la BD est destinée aux débiles légers", on comprend difficilement la pirouette du dessinateur... Cette chronique est certes un peu dure mais heureusement que tout le monde n'est pas toujours d'accord... Cela dit, c'est avec une grande curiosité que je lirai le second volet de la trilogie...
Je m'y suis reprise à plusieurs fois avant d'acheter ce livre : on me l'avait vivement conseillé et j'étais tentée mais en retenue. Je me suis plongée dedans avec facilement mais j'avoue être mitigée quant à mon ressenti final.
Cette histoire est prenante et émouvante tant elle relate des vécus qui ne sont ni anodins ni simples voire traumatisants. J'ai été émue d'être immergée dans cette vie, et parfois mal à l'aise également, je dois l'avouer (et c'est sans doute une bonne chose).
Je trouve que c'est un livre fort pour ce qu'il transmet mais je n'ai pas été transportée pour autant (sans doute n'était-ce pas le but de l'auteur d'ailleurs). Par ailleurs, la simplicité des dessins m'a plue.
Pour être complètement honnête, je crois qu'il mérite une seconde lecture / seconde chance mais ce ne sera pas pour tout de suite.
5 étoiles sans même réfléchir. Pas besoin d'un long commentaire, ce récit est juste et bourré de détails. Un premier volume qui laisse sur sa faim, évidemment.
Je suis triste de lire des commentaires qui s'aventurent à dire que ce livre pourrait être une oeuvre du FN. Leurs auteurs dévoilent sans le vouloir le fond de leur pensée. Là où ils voient la description d'un monde horrible et d'une expérience traumatisante, leurs propres peurs en somme, vous y trouverez sûrement une histoire pleine de sincérité, une réflexion sur l'autre.
Sattouf sait conserver, aujourd'hui, le regard de l'enfant qu'il était, pour narrer cette histoire.
Cela faisait un moment que je tournais autour de ce livre.
Sans doute à cause de sa parenté graphique avec les albums de Guy Delisle (que j'adore) ou encore ceux de Marjane Satrapi, que j'avais découvert il y a quelques années.
Ce n'est pourtant pas son récent prix à Angoulême qui m'a fait penché vers l'achat de cet album. En effet, son précédent prix pour "Pascal Brutal" m'avait laissé de marbre à l'époque. Et, je l'avoue, c'est la première fois que je lis un album de cet auteur.
Avec, ce premier album retraçant son enfance, j'ai adoré ce que je retrouve chez Delisle: dépaysement, décalage, et surtout ici (pour ceux qui comme moi ont le même âge que Riad Sattouf) une autre idée des années 80 , très loin du mode de vie occidental que l'on connaissait.
Avec ce premier opus, Riad Sattouf nous offre une vision assez pessimiste d'un monde arabe tourné vers le despotisme de Kadhafi, en Lybie, ou d'Hafez Al-Assad en Syrie, despotisme appelé à être renversé d'après son père, visionnaire des printemps arabes , avant l'heure.
Outre, cet aspect, Riad Sattouf nous enseigne , avec une facilité déconcertante, les différences entre sunnites et chiites, qui encore de nos jours, bouleverse l'équilibre du monde arabe.
Choc des cultures, entre orient et occident, choc des civilisations entre Bretagne et Lybie (et Syrie), cet ouvrage est vraiment remarquable, et je serai au rendez-vous, sans hésitation, pour le second volume.
Un prix amplement mérité à Angoulême pour cette année 2015.
Que penser de L'ARABE DU FUTUR, un livre aussi étrange que déplaisant ? Effectivement la lecture de cet ouvrage met mal à l'aise : honnêtement je n'ai pas ri (ni souri) une seule fois, par contre je n'ai pu m'empêcher d'éprouver un certain malaise à la lecture des évènements subis par le jeune Sattouf, en Libye comme en Syrie. Des évènements assez dramatiques et qui font plutôt froid dans le dos, et que la narration de l'auteur ne parvient pas à rendre drôle. Un humour peu présent, des personnages antipathiques (en particulier le père, d'une connerie absolue), et un dessin très très basique (certains aimeront et parleront de style; pour ma part je n'accroche pas du tout). Bref, un ouvrage auquel je n'ai que peu adhéré.
Gros malaise à la fin de la lecture de "l'Arabe du Futur", le pavé de Riad Sattouf dévoré pourtant en deux heures : écrit par un autre (en particulier un "Gaulois"), on serait prêt à parier que ce livre passerait pour un pamphlet du FN ! La description de la société libyenne est déjà sévère, même si ce sont les travers d'une dictature socialiste qui y sont pointés avant tout... Par contre les chapitres sur la vie en Syrie, décrivant un mode de vie primitif jusqu'au dysfonctionnement, où nul sentiment "humain" ne vient jamais illuminer les rapports familiaux qui ne traduisent que haine, jalousie, racisme primaire et bigotisme, s'avèrent d'une lecture quasi désagréable, à peine temporisée par l'humour - comme toujours - efficace de Sattouf. On comprend que le très jeune Sattouf ait vécu un véritable enfer de tristesse au cours de ces années, et on souffre avec lui et pour lui, mais il est finalement difficile d'accepter la noirceur absolue de ces souvenirs, d'autant que, à la différence de "Persepolis" - l'évident modèle du genre - la perspective politique est ici assez sommaire. On me rétorquera sans doute que la vision d'une Bretagne arriérée et superstitieuse prouve que Sattouf a la dent aussi dure avec les Français qu'avec les Arabes, sauf que le déséquilibre est flagrant, et qu'on ne sent aucune tendresse envers cette société syrienne littéralement inhumaine, et que "l'Arabe du Futur" s'apparente du coup plus à un pamphlet politique anti-arabe et anti-musulman qu'à la chronique d'une enfance difficile. Pour illustrer ou concrétiser ce rejet absolu, il suffit de voir combien la figure du père est omniprésente ici, un père lâche, infantile, irresponsable et incohérent dans ses choix politiques comme ses décisions familiales, assez rapidement haïssable, figure un peu caricaturale du pseudo intellectuel arabe qui n'a pas réussit à évoluer aussi loin qu'il le pense de ses origines. On comprend mal face à lui l'inexistence complète de la mère, qui semble éternellement subir sans un mot de protestation ou de reproche le mode de vie humiliant que son mari lui impose. Tout cela fait que, malgré les grands sourires que nous arrache ça et là Sattouf, "l'Arabe du Futur" est un livre aussi déplaisant qu'indiscutablement efficace dans sa narration et ses dessins.
Excellent premier tome. Si on aime Riad Sattouf, on ne peut que sauter sur cette nouvelle série. C'est drôle, sensible, pédagogique.
De même, le livre et ses couleurs sont magnifiques. Bravo à l'éditeur pour ces impressions.
Vivement la suite.
Riad Sattouf a le chic pour instiller de l'humour dans des situations sérieuses, voire même dramatiques - son enfance en Libye et en Syrie n'en manque pas. Il immerge le lecteur dans le récit, le met à la hauteur du personnage (lui-même enfant) pour lui faire partager à la fois sa candeur et ses inquiétudes. Un grand livre