Après le printemps
Après le printemps - 2013, une jeunesse tunisienne
Une BD de Hélène Aldeguer chez Futuropolis - 2018
08/2018 (23 aout 2018) 9782754824347 Autre format 339699
2013. Deux ans après la « Révolution de Jasmin », la Tunisie est en proie à l'instabilité, incapable de se relever économiquement, avec un taux de chômage très élevé, particulièrement chez les jeunes, qui se sentent oubliés. Saif poursuit ses études à Tunis et s'inquiète pour Walid, son jeune frère qui est chez leurs parents, désoeuvré... Aziz travaille dans un centre d'appel pour pouvoir se présenter devant la famille de Meriem, sa fiancée qui poursuit, elle, de brillantes études en droit. Chayma, après avoir assisté à l'immolation d'un jeune... Lire la suite
Le choix de l'auteur est de nous montrer les espoirs déçus de la jeunesse tunisienne deux ans après le printemps arabe. La période choisie est 2013-2014. C'est une petite tranche d'une année où l'on va suivre différents jeunes au destin varié.
Visiblement, il n'y a aucun regret par rapport à la fin de la dictature de Ben Ali. L'amertume se situe plutôt dans le fait que le parti majoritaire Ennahdha (la renaissance) d'obédience islamo-conservateur a volé la révolution pour son propre compte entraînant le mécontentement d'une partie du peuple à savoir les moins bien lotis.
La corruption n'a jamais été aussi importante comme en témoigne une scène assez marquante mettant en scène Aziz et sa copine obligé de donner tout ce qu'ils ont sur eux afin qu'on les laisse tranquille. C'est également un désastre économique avec tous les touristes européens qui ont fuit cette destination plus à la mode. Que dire également de l'élimination des opposants politiques qui se succèdent un peu plus d'un an après la victoire d'un parti religieux aux élections législatives ?
Pour autant, la fin nous donne un espoir à savoir que ce pays poursuit sa démocratisation politique. C'est d'ailleurs le seul pays arabe après le printemps à aller dans cette direction. Néanmoins, le pouvoir économique reste encore dans les mains d'une élite et les habitants des zones périphériques se sentent exclus et abandonnés. Travail, dignité et liberté sont les slogans à mettre concrètement en oeuvre sans être empêché par des siècles de religion et de servitude.
Je n'ai pas trop aimé le graphisme avec ses traits noirs stylisés même s'il reste convenable pour la lecture. C'est une photographie intéressante dans une approche équilibrée des problèmes sociaux et politiques de ce pays.