Après le 13 novembre
Une BD de Sophie Parra et Gery chez Delcourt (Une case en moins) - 2022
10/2022 (12 octobre 2022) 128 pages 2413043527 Format normal 455891
Sophie est heureuse, même si elle est du genre à se poser trop de questions. Ce soir, elle met son cerveau de côté et va à un concert. Le 13 novembre 2015, la vie de Sophie a basculé. Elle a survécu, malgré les deux balles qu’elle a prises dans le corps. Que fait l'État français pour aider les survivants de l’horreur ? Comment retrouver le goût de vivre ? Sophie part en quête de son bonheur perdu.
J’ai toujours un petit peu d’appréhension quand je lis une BD qui traite de ces funestes attentats qui ont marqué notre pays sous la présidence de François Hollande. Celle-ci retrace le témoignage d’une victime du Bataclan à savoir Sophie. Sa vie a basculé le 13 novembre 2015 en prenant deux balles dans le corps.
Ce n’est pas la première fois que j’en lis une mais je dois bien affirmer que celle-ci est sans doute la meilleure que j’ai pu lire car non seulement la plus captivante mais la plus représentative de ce qu’on peut vivre les victimes survivantes. Il s’agit non seulement d’une reconstruction physique mais surtout psychique en luttant de toute ses forces.
On pourrait avoir de la haine contre ceux qui ont commis ces actes inqualifiables avec des éclats de rire. Quand on va à un concert, ce n’est pas pour mourir d’une balle dans la tête de la manière la plus affreuse possible comme cette scène insoutenable décrite et qu’il nous faut affronter pour bien comprendre ce qui s’est passé au juste ce soir-là dans cette salle.
La justification des terroristes est notre politique concernant l’Irak et la Syrie. J’avoue à titre personnel ne pas trop comprendre car la France s’est justement opposée à l’envoi de troupes en Irak durant le conflit. Quant à la Syrie, elle est sous le joug de la Russie et de son dictateur sanguinaire qu’elle soutient à savoir Bachar-el-Assad. Entre dictateur, on se comprend d’ailleurs très bien.
Bon, de toute façon, il ne sera guère question de contexte géopolitique mais d’une jeune femme qui tente de se reconstruire après avoir vécu l’horreur de la tuerie de masse. J’ai été sidéré par le nombre de psychologues qu’a consulté notre pauvre héroïne et qui se sont révélés d’une incompétence sans nom.
En effet, l’un s’est endormi pendant l’entretien alors que les faits évoqués étaient d’une importante gravité tragique. L’autre ne fait que de réclamer ses honoraires en ronchonnant sans cesse qu’il n’est pas remboursé tout de suite par la Sécurité Sociale. Quand elle trouve enfin une bonne professionnelle, celle-ci se retire à la retraite. Bref, cela a été un véritable parcours du combattant pour trouver un bon psychologue qui comprenne ce qu’elle a vécu pour l’aider à surmonter cela.
Cependant, ce n’est rien compare à la machine mise en place par l’Etat pour indemniser les victimes de ces attentats. Certes, il s’agit de lutter contre la fraude sociale mais pour les véritables victimes, c’est carrément humiliant. C’est surtout une BD qui se concentre sur l’après attentat, sur les démarches administratives par exemple suite au choc post-traumatique. C’est d’une tristesse sans pareille.
Ce témoignage n’est pas là pour nous demander de la compassion mais pour comprendre tout le processus. Je ne peux m’empêcher de ressentir beaucoup de peine et parfois de colère. Cependant, il ne faut surtout pas tomber dans le racisme le plus primaire ce que démontrera subtilement l'auteure.
En effet, l'auteure victime est la première à dire sur les réseaux sociaux qu’il ne doit pas y avoir d’amalgame avec les bons musulmans qui ne sont pas tous des terroristes. Or, ce discours a été fortement combattu par les positions politiques nationalistes dominantes dans notre pays. Sophie a dû fermer son compte sur les réseaux sociaux suite à un déferlement de paroles haineuses.
Je mets la note maximale non en raison de l’émotion immense que m’a procuré cet album mais parce que cette BD est très bien construite. Il y a toute les nuances nécessaires mais également une sincérité du propos chez cette jeune femme qui souhaite simplement retrouver le goût de vivre et de construire une famille avec son petit ami.
Oui, c’est puissant comme témoignage et cela risque de ne pas vous laisser indemne dans votre ressenti. Cependant, c’est salutaire au même titre que les BD sur les camps de concentration. Il ne faut jamais oublier ce qui s’est passé sur notre territoire et faire en sorte que cela ne recommence plus en adoptant par exemple la bonne politique.
Sinon, j’ai envie de souhaiter du fond du cœur à Sophie plein de courage et de bonheur pour la suite de sa vie !
Le 13 Novembre, date d'une tristesse infinie, date qui a changé la vie de So. En effet, la jeune femme a pris une balle lors de l'attaque du Bataclan. Cette BD nous narre donc sa vie d'après.
J'ai été particulièrement touchée par ce livre. Les attentats du Bataclan m'ont particulièrement marqué et me plonger dans cette BD m' a fait remonter une quantité d'émotions que j'avais enfoui.
So est donc une des personnes qui a survécu à l'attaque. Au fil des pages, on suit sa sortie de l'hôpital, ses angoisses etc. Comment se reconstruire après un tel évènement? Comment vivre avec ce traumatisme?
Le personnage de So est attachant. La BD nous montre ses petites victoires mais également ses gros moments de doutes et de désespoir.
Mais au-delà de l'histoire d'une survivante, cette BD nous montre également le manque de suivi des personnes ayant été victimes de cet attentat. La course au psychologue, la répétition incessante des évènements, le manque de considération, la froideur de l'administration face à la détresse des victimes, sont autant de cris de détresse et de désespoir.
So a éveillé en moi beaucoup de compassion mais le système en revanche a éveillé en moi de la colère.
Esthétiquement, les traits sont simples et les couleurs très tranchées. Certaines planches décrivant les grands moments de violence sont savamment construits permettant de traduire la peur mais aussi le désarroi des personnes. Il n'était pas simple de mettre en image de tels évènements et pourtant, j'ai trouvé que le choix esthétique permet de servir au mieux le récit de So.
Une BD à ne pas louper.