Apostat
1. La malédiction pourpre
Une BD de Ken Broeders chez BD Must - 2012
10/2012 (24 octobre 2012) 46 pages 9782875351036 Grand format 177138
L’an 355. Un nouveau César, des femmes jalouses et des Germains sanguinaires. Première série de BD dont l’action se situe dans l’empire romain au IVème siècle, APOSTAT relate le parcours turbulent qui mène le jeune Julien à revêtir la pourpre impériale. Il rentrera dans l’histoire sous le nom de Julien l’Apostat. Action, aventure et intrigues forment la trame de cette grande fresque épique et historique.
Julien est un personnage décalé. Intellectuel, philosophe, il va découvrir les réalités de la guerre en Gaule après avoir été nommé César d’Occident par l’empereur Constance II. La période historique (355 après JC) est mal connue mais est très intéressante, en particulier parce que c’est une période de transition où les croyances païennes qui persistent n’ont pas encore laissé la place au Christianisme. Julien l’Apostat n’est pas un militaire. N’ayant jamais appris à manier les armes, il va se révéler courageux et fin stratège. Il se révélera aussi visionnaire quant à l’évolution des religions dans un empire romain en pleine déliquescence.
Dans le premier tome, j’ai vraiment eu du mal avec le dessin, en particulier avec certains personnages mal dessinés, mal proportionnés. Heureusement, le dessin s’améliore d’album en album. A l’inverse, les ambiances de nuit et d’aube sont très réussies. Autre agacement, le vocabulaire parfois anachronique (« On croit rêver » ou « ça craint ») J’ai failli abandonner après le tome 1 mais les bonnes critiques sur cette série m’ont donné envie de continuer. Sans regret ! mais sans enthousiasme débordant, non plus.
Afin de se débarrasser de Julien son neveu, l’empereur Romain le nomme César d’occident avec pour devoir de refouler les « barbares » derrière la frontière naturelle du Rhin.
Vêtu de la fameuse toge pourpre Julien quitte Rome avec une petite armée après avoir épousé Hélène la sœur de l’empereur.
Sur le chemin, le menant vers son poste frontalier, il fera la rencontre de deux personnages clés des albums « Apostat » Primigénia, dont il va tomber éperdument amoureux et Milius qui l’aidera et le formera pour devenir un guerrier.
Lors d’une embuscade des germains, Julien montrera, malgré ses faiblesses de soldat, un courage qui fera l’admiration des gaulois (francs ?) et de son armée. L’espoir renaît alors que les provinces septentrionales semblaient perdues et vouées à la domination de Chnodomar et des alamans.
Cette histoire est passionnante de bout en bout malgré un dessin qui, parfois dans ce premier album, se cherche un peu. Les couleurs sont magnifiques et l’ensemble nous offre une série d’un beau calibre.
Nous sommes dans une période charnière (an 355 après JC) où le Christianisme se cherche encore. Les anciennes religions païennes ont encore la peau dure. Julien l’Apostat, visionnaire, promulguera dès la mort de l’empereur un édit d’acceptation de toutes les religions.
Voici donc l’histoire d’un intellectuel, combattant et visionnaire injustement décrié mis en valeur par Ken Broeders dont les sept albums vont aller crescendo vers la qualité (je n’ai pas pu m’empêcher de jeter un œil sur les suivants avant de les lire).
Très belle série. Mise en scène et dessins superbes. Les reconstitutions de bataille sont sublimes. L'histoire se passe à la toute fin de l'empire romain mais se lit comme un péplum. Curieusement, la série est très difficile à trouver en France et seul BD Must en propose une version de luxe. Pourquoi aucun éditeur français ne fait le pari du succès de cette série qui surferait sur ceux des ''Aigles de Rome'' ou ''Murena'' car elle n'a pas à rougir de la comparaison ? Cela est un vrai mystère pour moi.